dimanche 30 novembre 2014

Je suis arrivée aux Etats-Unis le premier jour des vacances de la Toussaint. Pas de temps à perdre. Le besoin de se sentir en vacances dans un ailleurs matériel était fort. L'avion sert toujours de première soupape pour cela. Cette routine internationale n'est pas sans me déplaire même si elle a de gros inconvénients, à commencer par le budget.

Je craignais que l'épidémie Ebola me fasse perdre beaucoup de temps dans les deux aéroports de départ et d'arrivée, mais ce ne fut absolument pas le cas, ni en Europe, ni aux Etats-Unis. Je n'ai donc pas perçu la psychose américaine dont les journalistes abreuvaient les infos. Il n'empêche que Joseph, de par sa poisse légendaire, souhaitait éviter tout contact avec des inconnus d'aéroport. Réflexion faite, il est vrai que nous ne savons pas vraiment de quelle destination vient notre voisin de siège d'avion, qui sont les gens qu'il ou elle a contactés ni dans quel milieu. La dernière fois que Joseph est venu en Europe, son voisin dans l'avion était un Nigerian qui se rendait en Afrique avec un vol de transit par Francfort.

C'est donc sans encombres bactériologiques que mon arrivée s'est faite aux USA. J'ai été accueillie par un temps automnal et un vent un tantinet frisquet. La promesse que les arbres avaient revêtu leurs belles couleurs d'automne que j'aime tant de ce côté-ci du monde. Il avait été question que nous allions en Floride pour mes vacances, mais Joseph a changé d'avis et au final cela n'a pas été pour me déplaire. J'aime quand nous sommes en Floride pour tout un tas de raisons, mais j'apprécie aussi la côte du New Jersey et la vie tranquille du comté de Monmouth, où nous avons nos petites habitudes.

Halloween is coming

Nous avons utilisé notre première journée à visiter une ferme voisine, devant laquelle nous sommes passés et repassés incessamment depuis trois ans. Nous y avions repéré des animaux et nous savons qu'ils vendent leurs légumes et aussi quelquefois leurs volailles, notamment pour Thanksgiving. La surprise fut de taille car vue de la route, la ferme ne laisse pas supposer l'étendue réelle de la propriété ni de ses habitants.

Etant donné qu'Halloween approche, les familles sont nombreuses pour les week-ends spéciaux d'accueil du public. Nous payons 5 dollars et recevons un sac de carottes coupées à donner aux bêtes. Nous y voyons de belles biquettes, des ânes, des chevaux, des poneys, des vaches et même des zébus.


C'est reposant pour la vue et l'esprit. Surprise également: la ferme est si vaste qu'elle propose un pumpkin patch, un champ de citrouilles où les gens viennent choisir la leur pour Halloween. Les citrouilles sont énormes! Pour les nouveaux venus sur mon blog, un petit rappel: les citrouilles américaines ne sont utilisées que pour la déco ou les tartes à la citrouille. Les soupes, purées ou autres utilisations en légume de la citrouille ne sont absolument pas connues ou du moins fameuses. Joseph était surpris que je lui aie fait part l'an dernier des bonnes soupes de potiron que je préparais. Il m'avait regardé avec des yeux gros comme des citrouilles. =) (les rares citrouilles comestibles sont en fait appelées squash, et non pumpkins, et sont des équivalents de nos courges doubeurre).


Je me suis contentée d'une photo au milieu du champ car il était encore trop tôt dans le séjour pour se procurer une citrouille et la creuser pour la soirée d'Halloween (date de mon départ pour la France en fait):


J'aime beaucoup la photo de ce poney qui nous regarde de travers, l'air de dire: "J'fais genre je l'ai pas vue avec son appareil photo celle-là".


Le domaine comportait également un labyrinthe végétal. Le champ de maïs était immense, vous voyez d'ailleurs sur cette photo la hauteur des plantations.


Nous nous y sommes aventurés pour s'amuser, mais la progression s'annonçant longue par ce froid vif, nous sommes revenus sur nos pas pour retrouver rapidement la chaleur du domicile.

Ce séjour a aussi donné l'opportunité à Joseph de revoir son professeur de guitare del'époque, Skip Azzalina. Skip fait partie d'un groupe, les Decoy Clones, tendance folk rock. Ce musicien de talent est en plus une personne adorable et souriante qui a pris le temps de venir discuter avec Joseph pendant sa pause. Cela faisait une bonne dizaine d'années qu'ils ne s'étaient plus vus.


Joseph est très admiratif de son professeur qui lui a non seulement appris à découvrir des techniques de guitare, mais qui est surtout très talentueux avec une gestuelle et une appréhension des morceaux presque intuitive. Difficile à décrire, mais peut-être que le mot "magique" est celui qui convient le mieux quand on l'entend et le voit jouer.  Les Decoy Clones jouaient ce soir là dans un pub du comté où a grandi Joseph, dans le nord-ouest du New Jersey, à la frontière de la Pennsylvanie.

Non seulement l'ambiance était extra, avec de la musique de qualité, essentiellement des reprises de Jimi Hendrix, Bob Dylan, Deep Purple et j'en passe, mais les plats étaient également succulents. Je me suis régalée d'une assiette de lobster ravioli, plat que j'ai découvert aux USA et qui est assez courant dans les restaurants italiens ou de fruits de mer. Comme son nom l'indique, ce mets est composé de raviolis farcis au homard, et servi avec une sauce mélangeant beurre, tomate, un peu de crème, et quelquefois de la vodka. [La vodka est souvent utilisée dans les préparations de pâtes aux Etats-Unis. Les penne vodka y sont d'ailleurs un plat courant sur les cartes de restaurants, sur la côte est en tout cas.]

Une soirée bien agréable donc, qui nous a de plus permis de passer la nuit dans un hôtel du coin qui avait décoré son entrée à la sauce Halloween:



Les bottes de paille et les citrouilles sont un décor traditionnel dans les magasins et en particulier les jardineries à l'approche d'Halloween.

Pour rester dans la thématique de cette festivité, Joseph a tenu à m'emmener dans un parc d'attractions célèbre aux Etats-Unis, Six Flags. Ce parc d'attractions (comme d'autres du nom), utilise la franchise de la Warner Bros et les personnages des Looney Tunes. Six Flags proposait en octobre des soirées spéciales "peur" pour Halloween. C'est donc sur les coups de 20h que nous nous sommes rendus au Six Flags Great Adventure, à l'assaut des fantômes, zombies et autres créatures des ténèbres. J'ai beaucoup aimé l'ambiance spéciale. Le parc a embauché nombres d'acteurs pour faire vivre le parc et impressionner les touristes, en plus de diffuser des effets visuels et sonores dans tout  le parc qui donnaient la chair de poule.

Ainsi, certains zombies se cachaient derrière des poteaux et surgissaient de l'obscurité au passage de certaines personnes, leur attrapant les pieds, ou se mettant discrètement derrière eux en poussant un cri. Un effet sonore très efficace était le frottement d'un objet métallique contre le sol au moment où l'on passait dans des endroits non éclairés.

Alors qu'un couple nous prenait en photo devant un kiosque à squelette, cet indien a surgi de nulle part sur Joseph. Ce qui explique ma posture un peu bizarre, la photo a été prise en pleine action!


J'ai quelque peu déçu Joseph qui souhaitait à tout prix faire un manège à sensation. Mon courage m'a lâché une fois devant l'attraction... il faut dire que l'attraction en question, c'était ça:



Le Kingda Ka. Ce sont les montagnes russes les plus hautes du monde, et c'est un système de propulsion qui vous fait monter à la verticale avant d'entamer un virage de 90 degrés vers la gauche, pour vous faire redescendre à la verticale, en effectuant une rotation sur la droite de 270 degrés.
La hauteur (139 m) et la verticalité de l'attraction m'ont fait paniquer. Je tâcherai d'être plus vaillante une prochaine fois. (Rien que de décrire l'attraction et de revoir la photo, j'ai des palpitations!).

Catskill Mountains

Notre séjour dans les Blue Ridge Mountains de l'été nous ayant vraiment plu, j'ai proposé à Joseph de découvrir un autre endroit montagneux réputé: les Catskills. Situés au nord-ouest de New-York, dans l'état du même nom, au nord de la vallée de l'Hudson, ces montagnes font la joie des skieurs l'hiver.

Bien que très reposants, j'ai trouvé les paysages moins impressionnants qu'en Virginie de l'Ouest, même s'il est vrai que nous n'avons pas à proprement parler vu ou visité les sommets les plus hauts de cette chaîne, plus au nord.

Par contre, les collines et les forêts m'ont vraiment fait penser à l'Ecosse, mon Ecosse adorée qui me manque et où j'aimerais beaucoup retourner. J'y songe de plus en plus.

La première étape de notre court séjour dans les Catskills était les chutes de Kaaterskill. Décrites dans beaucoup de sites comme le Niagara du sud, la déception a été grande en arrivant sur place. Certes, les cascades sont belles, mais elles n'ont rien de commun avec les chutes du Niagara. Ni en hauteur, ni en majesté, ni d'ailleurs en accessibilité.


Elles sont nichées dans le virage d'une route de montagne où il est impossible de se garer. Un petit parking a été aménagé quelques centaines de mètres plus haut, obligeant les randonneurs ou piétons de passage à descendre la route à pied, sans protection et dans une montée dangereuse pour les véhicules. Joseph a passé son tour pour cette vue, se contentant des microsecondes aperçues lors de la montée en voiture, puis des photos que je lui ai rapporteés. Les cascades sont le point de départ d'une randonnée en forêt, chemin très escarpé réservé à des randonneurs chevronnés et équipés.

Le point de stationnement des véhicules se situe par contre à un emplacement qui offre un panorama très beau sur la vallée du Kaaterskill, que voici sous ses belles couleurs d'automne:



Cette vue a d'ailleurs été peinte par les artistes de la Hudson River School au XIXè siècle. Ce mouvement artistique est né aux Etats-Unis au XIXè siècle, créé par des peintres influencés par le romantisme. Claude le Lorrain, Turner ou Constable ont fait partie des artistes qui ont inspiré les peintres de l'école d'Hudson. Leur fil directeur est la majesté des paysages et grands espaces américains, qu'ils associent au paradis originel, et signe pour eux de la bonté de Dieu.

Cette partie, que nous pensions point d'orgue visuel de notre séjour, n'était en fait qu'un avant-goût picturesque de ce qui nous attendait.

Le séjour se voulait court car Joseph tenait à limiter les déplacements sur les seuls 13 jours réels de nos retrouvailles, aller-retours à l'aéoroport compris. J'ai donc fait en sorte que cela tienne sur 3 jours maximum. Nous avons, après la vallée du Kaaterskill, pris la route vers le sud.

Il me tenait à coeur de passer dans deux endroits dont les noms me semblaient incontournables: Big Indian Wilderness et Woodstock. Yeah, baby!

Direction l'Ashokan Reservoir, lac enclavé dans des collines, qui a été pour moi un moment d'émerveillement. Ce lac est en fait la réserve d'eau de la ville de New York. L'accès n'y est plus possible en voiture sur l'un de ses tronçons. Nous avons donc emprunté un contournement pour garer la voiture plus loin et le longer à pied, sur la route fermée à la circulation et d'ailleurs surveillée par des gardes, installation stratégique oblige.

Les vues étaient imprenables, les couleurs et les reflets incroyables de nuances, et m'ont permis, en plus de la balade très agréable, d'exercer mon oeil aux prises de vues car notre déplacement plus le changement de lumière et de direction m'ont donné la possibilité de faire de très belles photos.

En voici quelques unes:


La route fermée à la circulation. Idéal pour les balades tranquilles, à vélo, en fauteuil, à pied, en roller...  

Les couleurs et les reflets.

Paysage d'automne vu de la route.


Détails des reflets dans l'eau. J'ai trouvé cette vue très impressionniste. Ça me donne envie de me remettre à la peinture.  

Le ciel et ses sillages de nuages qui se reflètent dans l'eau.

 Sérénité.

La quiétude du lieu, de plus très peu fréquenté vu la saison et le jour de la semaine choisi (un lundi hors vacances scolaires américaines), a été appréciée.

Nous avons poursuivi notre route jusqu'à un hôtel qui, bien que réservé avec soin, nous a beaucoup déçus, notamment pour une déconvenue en rapport à l'accessibilité. Lors du choix de la chambre quelques jours avant, deux options étaient possibles: chambre accessible avec douche roll-in, ou chambre accessible avec baignoire. Joseph avait eu la confirmation de l'hôtel avant notre arrivée que la chambre comportait une baignoire accessible.

Joseph déteste les douches roll-in pour quatre raisons. La première: il trouve les douches roll-in dangereuses pour des questions d'équilibre. Il est déjà tombé plusieurs fois d'un banc de douche "adapté" car ils ne sont pas adaptés aux problèmes d'équilibre dus à son handicap. La deuxième: certains hôteliers s'imaginent que toutes les personnes en fauteuil se baladent  avec un fauteuil spécial pour la douche ou leur chaise de douche dans leurs bagages; conclusion: la douche est roll-in, mais impossible de l'utiliser car elle n'est des fois pas équipée (c'était le cas dans cet hôtel). La troisième: ses habitudes de transfert sont facilitées dans une baignoire plutôt que vers une chaise de douche. La quatrième, tout simplement: il adore prendre des bains; ça le détend et il s'y sent à l'aise.

A l'arrivée à l'hôtel, nous nous rendons donc dans ladite chambre. Déjà, surprise: l'hôtel est construit en pente. Rejoindre la chambre de l'intérieur signifie donc marcher le long d'une pente car les chambres sont en hauteur par rapport au lobby.  Sinon, il fait ressortir, remonter dans la voiture, faire le tour de l'hôtel et gagner la chambre de l'extérieur par une entrée latérale. C'est faisable, mais... autant éviter un énième transfert fauteuil-voiture (ils sont nombreux quand on voyage et visite des sites et c'est fatiguant). C'est parti pour la longue marche avec bagages. On arrive devant la chambre, la chambre 7. C'est une douche roll-in dans la salle de bains... GRRRRRRR. Retour à l'accueil par la pente descendante cette fois-ci. C'est plus aisé, mais le sol est recouvert de moquette toujours épaisse dans les hôtels et ça aussi, c'est une galère pour progresser en fauteuil.

Il explique le problème. La dame est très aimable. Elle appelle son collègue avec son talkie-walkie et lui explique que la chambre ne convient pas. Réponse du collègue: "Handicapé? Chambre 7". Ben... comment te dire... on en vient. Elle insiste: il faut une chambre accessible avec une baignoire. Peine perdue. Gênée par la situation, et afin de ne pas nous décevoir, elle veut nous proposer une suite en échange, car elles sont plus grandes et plus confortables. Re-talkie-walkie. Re-réponse cinglante: "Impossible. Marches pour y accéder".

Bon.

Joseph a insité pour avoir une chambre "normale". Voeu exaucé. Elle nous donne une dernière information: l'hôtel est pet-friendly, c'est-à-dire qu'il accueille les animaux domestiques des clients qui le souhaitent. "Ne soyez donc pas étonnés de croiser des chiens ou d'entendre aboyer".

OK.

Ah ouais. Ce qu'elle a peut-être voulu dire, aussi, c'est que l'odeur dans les chambres était une conséquence de cette politique d'établissement. Odeur très désagréable déjà présente dans la chambre "Handicapé-7". Crévindiou. Je veux bien que je sois très sensible aux odeurs, mais là...

Nous avons tenté de faire abstraction de cet inconvénient en laissant la fenêtre ouverte la nuit.

Le lendemain, c'est avec une grande excitation que nous sommes partis à la conquête de Woodstock.

Si vous regardez une carte de l'état de New York, vous constaterez que le village de Woodstock proprement dit se situe au nord de l'Ashokan Reservoir. Mais c'est au sud du lac que se situe le lieu du festival, à Bethel, plus précisément.

Petite explication. Le festival devait originellement avoir lieu dans un champ de Woodstock même, mais les habitants des alentours craignaient l'arrivée en masse des festivaliers. Les organisateurs ont donc dû aller chercher plus loin, et c'est à Bethel, village au sud de l'Ashokan Reservoir, à environ une heure et demie de route de Woodstock, qu'ils ont trouvé un fermier qui leur louera son terrain. Ils ont par contre décidé de garder le nom du festival car toute la logistique et publicité avaient été faites en rapport au lieu d'origine, Woodstock. Le reste, vous connaissez: 500 000 spectateurs au lieu des 50 000 prévus, et le succès mondial qu'on connaît.

Si vous vous demandez à quoi ressemble Woodstock 45 ans après, hé bien: c'est de la cambrousse et des forêts. Rien d'artificiel ni de surfait. Des routes de campagne, aucune publicité, des fermes et maisonnettes de style de vie rural, rien qui n'exagère ou ne surfasse le lieu, et ce n'est pas plus mal. Tout au plus, quelques maisons possèdent dans leur jardin un "Peace and Love" en bois. C'est donc la simplicité la plus totale qui caractérise ce lieu.

La visite a malheureusement tourné court car le site est fermé en début de semaine à compter du 14 octobre et je n'avais pas intégré cette info en préparant le voyage. Grosse frustration au final car tout de même, Woodstock, c'est mythique! Du coup, cela nous fera un prétexte de visite certain l'an prochain pour une escapade courte vers les montagnes du nord.

Cette photo est la seule preuve de notre passage par Bethel:

Le lieu du festival est maintenant un centre dédié aux arts.

Avant le retour à la maison, un passage par les chutes Bushkill dans les Monts Pocono, autres montagnes ressourçantes dans lesquelles nous retournerons sans doute l'an prochain:



La promenade n'était malheureusement pas accessible aux fauteuils. C'est seule que j'ai fait la balade qui mène aux chutes.

Je prends goût aux grands espaces américains et ils sont nombreux. Ça promet d'autres voyages et des découvertes fabuleuses. J'ai hâte. =)