Bonjour,

Monsieur Jean-Claude GAUDIN, Sénateur Maire de Marseille, a bien reçu votre courriel qui a retenu toute son attention.

Monsieur Patrick PADOVANI, Adjoint au Maire Délégué aux Personnes Handicapées, Toxicomanie, Sida, Comité d'Hygiène et de Sécurité, Médecine du Travail, Plan Alzheimer, a été chargé de vous tenir informée des suites réservées à votre requête.

Veuillez agréer, Madame, l'expression de nos sincères salutations.

Le Cabinet du Maire de Marseille


Heureusement que mon mail a retenu son attention! Et heureusement que j'ai précisé que je serai de passage la semaine du 10 juillet! Monsieur Padovani a sans doute eu trop affaire avec les toxicos pour répondre à ma requête, pourtant simple... M'enfin, pô grave. On s'est débrouillé. Comme d'hab.)

La balade en bateau a été plus que satisfaisante. Le personnel de la Compagnie Icard Maritime a été très professionnel, y compris la dame à la caisse qui a pris le temps de m"informer correctement pour nous assurer une visite la plus agréable possible. Nous avons eu la bonne surprise d'embarquer sur un petit bateau complètement accessible, qui avait même des toilettes adaptées. Comme quoi, décidément, on est toujours agréablement surpris par les endroits où on en s'attend pas!

Quelques photos de la balade de deux heures au départ du Vieux-Port:


Mon chéri me dit que j'ai l'air constipé sur cette photo mais tant pis, c'est la seule que j'ai de nous deux sur le bateau!

Une calanque.

Les formations calcaires autour des calanques sont jolies et impressionnantes.


Joseph m'a beaucoup fait rire car il m'a dit vouloir voir le "Château d'Oeuf". Quand je lui ai dit que ça s'écrivait "If", et que ça se prononçait "if" aussi, il était mort de rire. Car le film américain sur Monte-Cristo parle de " Château d'Oeuf". Nous l'avons donc rebaptisé Egg Castle. :-p

Le Château d'If, aka Egg Castle.

Le Vieux-Port

Notre balade maritime valait vraiment le coup, on ne regrette pas.

Nous avons terminé notre journée à Marseille par un déjeuner rapide au Quick du Vieux-Port, où Joseph a eu la désagréable surprise de se faire embêter à plusieurs reprises par des mendiants d'Europe de l'est (c'est comme ça qu'on dit en langage politiquement correct?). Le genre qui vient s'incruster en terrasse devant toi et qui te remue un gobelet de pièces dans ta face en t'empêchant de manger et qui ne déguerpit pas alors que tu le demandes. Gentiment la première fois. Un peu moins à la troisième. Il a aussi compris après son séjour à Marseille pourquoi il fallait fermer son sac à dos derrière son fauteuil. Pour info: cela fait près de trente ans que Joseph utilise un fauteuil, mais c'est seulement la première année que son sac-à-dos a été fermé. Il est ouvert en permanence car c'est plus pratique pour y prendre des choses. Le concept de pick-pocket n'est pas courant aux USA. Je n'ai pas dit qu'il n'y en a pas, mais Joseph ne comprenait pas pourquoi je vérifiais toujours que mon sac était fermé et que je l'avais bien sur moi aux USA. Il m'a pris pour une névrosée lors de mon premier séjour. Après un passage par quelques sites à Paris et Marseille, il comprend pourquoi et maintenant c'est lui qui s'assure que son sac-à-dos est bien encore présent derrière son fauteuil... Douce France.


Nous quittons Marseille direction Arles. Joseph a entendu parler de cette ville dans sa comédie musicale préférée, Pippin. Pippin (Pépin dit le Bossu) est le fils de Charlemagne, et Arles est la ville où il tue son père, Charlemagne, dans la comédie musicale. Non seulement j'ai effectué des heures de recherche des lieux des Misérables en France, mais en plus, j'en ai également fait sur les vies et faits de Charlemagne et de son fils aîné car Joseph souhaitait en savoir davantage et franchement, je n'y connaissais pas grand chose. Et pour cause, Pépin le Bossu n'est pas le fils qu'a retenu l'histoire. Qui a dit que les Américains ne s'intéressaient pas à la culture?


Notre passage en Arles a été décevant. Joseph a été choqué par la quantité de graffiti. Une fois de plus, peu courants chez eux, ou alors vraiment associés à des espaces urbains délabrés. Leur présence dans une ville romaine antique l'a complètement perturbé et a donné l'impression à Joseph de se trouver dans une zone de non-droit. Notre visite à pied a mis un terme à son envie de rester dans le sud.

Je lui propose de visiter l'amphithéâtre. A l'entrée, en contrebas de la caisse, nous nous arrêtons devant le portail réservé à l'entrée des fauteuils et tentons de l'ouvrir pour aller à la caisse. Mais il faut sonner pour que la dame de la caisse l'ouvre. Ni lui  ni moi ne sommes près d'oublier les quelques secondes qui vont suivre. Traumatisantes.

La dame me hurle depuis la caisse "Il faut payer pour entrer, madame!". Non, sans blague? Tu crois qu'on essaie de faire quoi, là?

Je lui réponds: "ben oui, je sais bien, comment est-ce qu'on ouvre le portail pour accéder à la caisse?"

Réponse effarante de la dame: "Ben vous montez les escaliers, le monsieur attend en bas et une fois que c'est payé je vous ouvre et il peut rentrer."

("le monsieur attend en bas"... Ben c'est pas un chien, quoi!)

Agacée par cette façon peu aimable de nous recevoir, je monte à la caisse et lui demande: "Comment font les personnes en fauteuil s'ils veulent venir payer à la caisse?".

Elle me répond sèchement:

"Ben ça n'arrive jamais, ces gens-là sont toujours accompagnés".

Les bras m'en sont tombés. Joseph en a déjà entendu pas mal dans sa vie, mais alors celle-là... Elle a tout: de l'ignorance, de la condescendance, de la bêtise, du mépris ...

Ces gens-là....

Ces gens-là, ils se porteraient bien mieux si des censeurs de liberté comme toi et ta connerie n'existaient pas.

Je lui réponds du tac-au-tac qu'elle a tort, et je lui dis: imaginez qu'un couple indépendant  de personnes en fauteuil vienne visiter l'établissement, comment font-ils? Ou une personne seule en fauteuil?  Ou que la personne en fauteuil soit celle qui ait le porte-monnaie ou souhaite payer pour quelqu'un? Une personne autonome n'a pas besoin d'être accompagnée. Vous préjugez donc qu'ils n'ont pas la capacité d'effecteur un paiement.

Silence...

Elle me dit "oui... c'est vrai, j'y avais pas pensé". Ben t'y penseras pour la prochaine fois avant de traiter les gens comme des chiens en présupposant qu'ils essayent de frauder alors qu'ils ont traversé un océan pour venir voir des sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Peut-être que l'UNESCO devrait également fournir un label de bonne conduite qui va avec pour le personnel qui accueille.

Joseph a été très choqué de cette situation. Il n'en revient toujours pas. Aux Etats-Unis, c'est lui qui paye tout tout seul, va aux guichets, demande les infos. Il adore prendre sa bagnole, seul, et aller dans des endroits, seul, pour se balader, aller s'acheter une glace, seul, ou un snack, seul. Qu'est-ce qui se passe dans la tête des gens pour qu'ils réfléchissent aussi peu à ça? Il me dit "et si je veux te faire un cadeau, tout simplement? ça veut dire qu'ici, ce n'est pas même pas pensable". Bonjour l'indépendance. Merci la France.

Joseph s'est contenté de visiter les toilettes de l'amphithéâtre et nous sommes partis. De toute façon, aucune explication après quelques vagues panneaux à l'entrée, traduits tellement sommairement en anglais qu'on se demande également quelle considération est vouée à tous ces gens qui viennent à dessein en Arles de très loin pour visiter ses sites. Il a déjà vu le Colisée de Rome et estime qu'il n'a pas à consacrer du temps à un lieu aussi peu accueillant.

Histoire de ne pas quitter Arles sur une mauvaise note, je lui propose de descendre pour voir le cloître Saint-Trophime, une splendeur médiévale. Nous avons galéré pour descendre sur la place, et n'avons de toute façon pas pu accéder au cloître à cause des pavés.

Donc cette fois-ci c'est décidé: on dégage.

Le message derrière tout ça, c'est: Joseph ayant des chaînes Youtube et un blog consultés dans le monde entier, il y a fort à parier que son expérience et l'attitude des "professionnels" du tourisme en France n'aillent pas exactement dans le sens des louanges. Et j'ajouterai même: bien fait.

Je tenais à lui montrer le Pont-du-Gard, pas très loin, avant de remonter sur Metz. Il se trouve, je ne savais pas, que le Pont-du-Gard était le soir de notre passage le site d'un concert géant. Je me disais aussi que je trouvais qu'il y avait beaucoup de monde qui affluait à l'heure où nous y allions (18 heures)! Des agents de sécurité sur le parking dirigent les voitures pour les faire garer dans l'herbe. Nous avons heureusement pu aller sur les places réservées proche de l'entrée. La bonne nouvelle: entrée gratuite vu les circonstances. La mauvaise: l'entrée du concert avec le barrage des vigiles étaient au pied du Pont, ce qui fait que nous n'avons pas pu nous balader en dessous. On l'a quand même vu de près et avons pu faire quelques photos.


Devant le Pont-du-Gard.

Il se fait tard. Nous reprenons la route vers le nord. Mon GPS m'indiquant une arrivée à Metz pour 3 heures du mat, on envisage de s'arrêter dans un hôtel sur le chemin. Un vendredi soir de chassé croisé, sur l'axe Marseille-Lyon, c'est pas gagné. Après deux échecs dans deux hôtels (complet, complet), je m'arrête dans un troisième, un Ibis en bordure de route. Joseph me dit: "cette fois-ci je viens avec toi à la réception, des fois, en me voyant, comme par hasard, ils ont des chambres."

Il est déjà 22 heures. Deux personnes nous reçoivent avec un sourire un peu crispé et l'homme me pose la traditionnelle question à la Bigard: "c'est pour quoi?". Ben à ton avis? Vu que c'est pas un hold-up et que je ne vends pas de tapis, je pense qu'en fait on aimerait bien une chambre pour dormir ce soir.

Le type me regarde avec un air désabusé en faisant non de la tête, en ajoutant : "c'est toujours la même chose avec les clients en juillet, ils s'arrêtent tard et évidemment on n'a plus de chambre". Je réfléchis une seconde et demie avant de lui dire: "c'est le principe d'un hôtel de bord de route, non? Si on savait à quel moment on s'arrêtait on aurait évidemment réservé (punaise mais pourquoi j'ai à me justifier de demander une chambre dans un hôtel? Qu'est-ce qu'il y a d'anormal à ça?) Donc vous n'avez pas de chambre?". Il me dit non, d'un air même pas désolé. Je lui demande s'il veut bien appeler ses collègues vers Lyon, comme la dame du précédent établissement l'a fait pour tenter de rendre service. Là il me demande: "Mais vous avez une carte bancaire, au moins?"

Je me suis demandé si on inspirait tellement peu confiance que ça. Pourquoi ne pas me demander ma carte bancaire tout court, plutôt que de demander si j'en ai une, au moins?

Les deux coups de fil qu'il a passés n'ont rien donné. Il me regarde, désabusé. Je dis à Joseph que c'est non, pas de chambre, désolée. Nous sommes épuisés. Chaleur, route, visites pénibles, moral à plat... On fait demi-tour et regagnons le parking. Alors que nous approchons de la voiture, j'entends une voix qui appelle "madame, madame, revenez!". Je me retourne. C'est le réceptionniste. Il m'indique que "finalement, [il a] une chambre". Joseph me dit: "qu'est-ce que je t'avais dit?". Et là, super accueil, j'ai pas compris. Avec le sourire et tout. Il me fait savoir qu'ils sont ouverts toute la nuit, que si on a besoin de quoi que ce soit, et vous verrez, vous serez bien, c'est une chambre adaptée en plus, vous allez voir. Il m'explique que l'un de ses clients qui a réservé n'a pas pris la chambre et qu'il suppose qu'il ne viendra plus, qu'il prend sur lui si jamais il y a un problème, ... J'avais franchement pas envie d'entendre ses explications. Je ne réponds rien. Sa collègue accompagne Joseph à la chambre pendant que je vais chercher les bagages. Elle vient m'accueillir à la sortie de la voiture pour me remettre la clé. Je ne vais pas me plaindre de cet excès soudain d'attentions.

Nous avons ainsi pu passer une nuit sereine, avec wifi gratuit et illimité, dans une chambre correcte (la douche n'était pas adaptée du tout mais Joseph s'en foutait, il s'est débrouillé) pour un prix raisonnable.

La troisième partie de mon récit de vacances sera consacrée à Rethondes et Chantilly (Gouvieux pour être précis).