jeudi 29 novembre 2012

Question.

Que tient-il dans la main?


Il y a un mois: Sandy.

Un mois, c'est long et c'est court. 

Je ne reviens pas sur l'ensemble des événements qui ont composé notre mois ici; vous les connaissez. Des inquiétudes, des questions, des prises de conscience; individuelles ou collectives. Des réponses, aussi. Et des espoirs (en deux mots, hein).

Le maître mot du mois écoulé, pour moi, est: attendre. 

Attendre que l'ouragan passe. Attendre que le courant revienne. Attendre qu'une chambre d'hôtel se libère. Attendre son tour dans les fast food. Attendre que les rues soient dégagées de leurs débris. Attendre que l'artiste finisse son travail. Attendre un courrier qui n'arrive pas. 

Et apprendre.

Apprendre à se concentrer sur l'essentiel. Apprendre à devenir patient. Apprendre à composer avec la fatalité. 

J'ai aussi appris à mieux utiliser Excel, et des raccourcis claviers, ce mois-ci. Je suis bien contente de moi. 
:-p

En relation avec l'attente: je vous présente une rescapée de la tempête:


                          

Cette magnifique horloge était dans le bateau de Pat, submergé par la tempête. Les moteurs n'ont pas résisté à l'eau, mais la pile de cette diseuse de temps, oui! Pat l'a récupérée  il y a quelques jours avec d'autres objets du bateau, afin qu'elle ne soit pas volée. Il l'a récurée, astiquée, soignée. Nous l'avons mise dans la chambre hier. Une vitre couvre le cadran. J'aime son style marin, façon hublot.

*****

Noël approche à pas de loup. Bye bye, les citrouilles et les têtes de mort. Bonjour la cannelle, les illuminations, les musiques de saison. And hello Eggnog. Personnellement, j'ai beaucoup de mal à avaler* ça, mais ici c'est un must de saison. C'est du lait de poule. On en trouve en bouteille ou en brique, et les gens en consomment énormément entre Thanksgiving et Noël.

J'espère pouvoir préparer un post avec de belles images, car nous devrions aller voir les illuminations de Noël à New York la semaine prochaine. Je n'ai jamais vu New York en hiver. Ne reste plus qu'à ... attendre!


* y avait peut-être pas assez d'alcool dedans??

lundi 26 novembre 2012

Croyances.

Christy, la soeur de Joseph, qui est en poste depuis cet été à l'université d'Atlanta, en tant que professeur du département de paléontologie, en charge de cours de géologie, nous a livré récemment deux anecdotes surprenantes.

Au cours d'un TD de géologie, elle s'est rendue compte que certains de ses étudiants étaient infichus de placer la Californie et le Texas sur une carte des Etats-Unis. Nous parlons bien d'étudiants d'université qui ont choisi de devenir scientifiques, géologues, paléontologues... Evidemment, ce n'est pas tous les étudiants, mais cela interroge du fait qu'aux Etats-Unis, contrairement à la France, la sélection se fait bien avant l'entrée au College (Université). Les cours se diversifient et se répartissent par niveaux dès le collège. Les très bons élèves suivent les cours dans les A-class (advanced), les moins bons dans des classes où le niveau et l'enseignement seront moins denses. Il est à penser que ce sont les bons, voire très bons éléments qui intègrent des curriculum (curricula pour les puristes, oui, mais ça me fait bizarre de dire des curricula) scientifiques.
Pour revenir à sa remarque, et comme elle le dit si bien, elle ne demandait pas de placer le New Hampshire ou le Wisconsin; elle peut concevoir (encore que...) que ces états attirent moins l'oreille ou la vue sur une carte pour un Américain moyen. Mais le Texas... c'est le deuxième état le plus peuplé après la Californie, et qui n'a pas entendu parler de la Californie... Bref, elle s'interroge à juste titre sur ces adultes en devenir qui ne se sont seulement jamais posé la question et pour qui le savoir géographique est l'un des pré-requis: savoir où on trouve quel type de roche, de fossile, car ce n'est pas anodin.

Beaucoup plus inquiétant, de mon point de vue, et pour le coup très déconcertant pour les Français: elle officie en Georgie, état sudiste, s'il en est. Ce n'est pas cela le fait déconcertant, mais il faut d'abord poser un contexte pour vous expliquer l'anecdote. Quiconque connaît un peu l'histoire du sud des Etats-Unis comprendra que les mentalités des états du sud n'ont pas suivi aussi vite que les lois et les décrets. Je m'explique avec un exemple.

L'hiver dernier, nous étions descendus en Caroline du Nord (ancien état sudiste) pour fêter Noël avec la soeur de Joseph et son mari britannique. Sachant que Noël se fête le jour même, nous avons passé la nuit du 24 à l'hôtel et avons pris notre dîner dans un restaurant ambiance "du sud" (poulet grillé, sauce barbecue, hamburgers...). Dès notre arrivée, nous avons croisé une famille de Blacks qui sortait au même moment. Si je n'avais pas vécu cette scène, je ne l'aurais pas crue. En nous voyant arriver, ils ont tous baissé les yeux, ont reculé, nous ont tenu la porte et ont refusé de sortir tant qu'on n'était pas rentrés. Ce que j'avais d'abord analysé comme un étalage de politesse exagéré était bel et bien une persistance de ségrégation; ils avaient peur qu'on leur en veuille, ou qu'on les insulte, ou que sais-je encore... l'usage faisait que "les Blancs" sont encore "prioritaires", donc ils n'ont pas osé passer les premiers. Le père de Joseph, qui a connu en tant que fils d'immigré italien le mépris des Irlandais du New Jersey depuis les années 30 et les moqueries des Américains installés depuis des générations, a toujours été "de leur côté". Il a refusé de passer et a insisté pour qu'ils passent les premiers. L'épisode a pris presque 5 minutes entières. Après être sortis, ils nous ont remerciés et ont souhaité que Dieu nous bénisse.

Dieu, donc... revenons à nos moutons. Il persiste dans les états du sud un ancrage puissant et aveugle de la religion. Une prégnance malsaine qui s'immisce partout, dans tous les sujets: la politique, l'éducation, le business, les rapports humains. Et aussi dans les sciences. Et en l'occurrence, nombreux sont les gens dans le sud des USA qui ne jurent que par les théories créationnistes de la Bible. Ils ne veulent pas entendre parler d'évolution, de Darwin, de big bang. Et donc, notre brave Christy, professeur d'université d'un département de paléontologie, rappelons-le, a dans ses rangs des étudiants créationnistes, qui évoquent la création du monde selon la Bible dans des travaux de géologie. Cherchez l'erreur. Et au nom de la liberté d'expression, elle est tenue de prendre en considération ces propos, mais à elle de démontrer qu'ils n'ont pas vraiment leur place dans une matière qui se concentre sur la recherche de preuves et d'établissement de faits scientifiques, le tout sans déprécier ces étudiants qui agissent non par provocation, mais par conviction profonde. Je me demande tout de même l'intérêt de s'inscrire dans un cursus de géologie quand on ne croit pas à ce qu'on sait qu'on va nous enseigner. Ça fait peur, non?

Pire. Pour ceux qui causent l'anglais, voici un lien qui circule actuellement sur internet:

http://www.buzzfeed.com/andrewkaczynski/here-is-what-louisiana-schoolchildren-learn-about

Il explique ce qui est enseigné aux écoliers de Louisiane, état réputé pour ses standards d'enseignement exécrables. Dieu est au centre de l'enseignement: création du monde, il y a quelques milliers d'années, puis de l'homme à son image, etc. Pas de place pour les dinosaures, ni pour l'apparition du règne animal sous la forme microbienne et aquatique... Hunter, mon ami qui enseigne en Caroline du Sud dans une école pour sourds et aveugles, est sidéré de cet obscurantisme qui sévit encore, et pas qu'un peu, dans l'esprit des gens et dans certains programmes officiels.

La philosophie des Lumières n'a pas encore fait son chemin partout...

dimanche 25 novembre 2012

Belmar et Point Pleasant.

BELMAR

Donc, en bref: notre balade en voiture en bord de mer nous a permis de nous rendre compte de l'étendue des dégâts plusieurs semaines après le passage de l'ouragan. Déjà, Ocean Avenue, la route littorale, est toujours barrée. Une partie est encore ensablée, les débris n'ont pas encore été ramassés, juste entassés: bancs en béton, et surtout planches du boardwalk ou des bâtiments détruits.

Certains édifices ont déjà été rasés. Pour vous donner une idée, en espérant que le lien fonctionne: cliquez sur le lien ci-dessous, et regardez les photos sous Belmar and Spring Lake Boardwalk Views, vous verrez des photos du Boardwalk avant Sandy, avec le fameux restaurant Matisse. C'est le restaurant chic des occasions spéciales: mariages, anniversaires, aniversaires de mariage... Pat y a fêté son 75ème anniversaire il y a 5 ans. Cet établissement fait partie du paysage pour toutes les familles ici, depuis plus de trente ans. Hé bien, de cet établissement, il ne reste... rien. RIEN. C'est la photo que je voulais publier. Un tas de sable avec quelques débris de pierre. C'est triste.

http://www.spikefowler.com/Boardwalks/Boardwalks_of_the_Jersey_Shore.htm

Idem pour le boardwalk: il ne reste que les piliers en pierre qui le soutenaient, et sous ces piliers: rien, puisque les dunes de sable ont été pulvérisées dans les rues. Ces dunes faisaient partie, comme en France, d'un programme de sauvegarde du littoral. De ces dunes, il ne reste que les structures d'étai. Le sable est encore partout dans les rues. Il faut bien s'imaginer qu'il ne s'agit pas seulement de la rue du front de mer, mais le sable a pénétré sur plusieurs centaines de mètres à l'intérieur des terres. Le littoral reprend ses droits.

En bref: les engins de construction ont pris possession du littoral. Ils travaillent à remettre des canalisations. Deux lacs sont en cours d'assèchement. Nous avons vu sur notre chemin une maison qui non seulement a été inondée, mais en plus a été partiellement détruite par la chute d'un arbre et un incendie. La totale.

D'autres maisons ont commencé à être rasées. Intégralement. Ils reconstruisent depuis les fondations. C'est impressionnant à voir. Encore plus pour les gens qui ont connu ces bâtisses depuis des décennies.

Le spectacle de désolation est apparemment ce qui va devenir le quotidien ici pendant plusieurs mois sur la côte.

Pour le côté plus chaleureux: les actions de solidarité sont toujours légion ici. Nombre de restaurants ont proposé aux sinistrés un repas de Thanksgiving gratuit. Les concerts et autres initiatives sont aussi nombreux, pour lever des fonds. Le problème est que tellement d'"associations" se sont crées ces trois dernières semaines que les gens ne savent plus où donner.

POINT PLEASANT

A défaut de photos, voici des images tournées cet après-midi à Point Pleasant. Vous verrez le boardwalk (il va vous sortir par le trou de nez, ce boardwalk, tellement je vous en parle!), les débris et le sable dans les rues, des fuites d'eau, ... Bref, ya du boulot:

http://www.youtube.com/watch?v=FEko22hihbo

(je travaille à remettre des photos dans mes messages)

jeudi 22 novembre 2012

Thanksgiving.

Happy Thanksgiving! (oui, c'est comme ça qu'on dit Isabelle C.!)

Le mien ne fut pas spécialement happy puisque n'étant pas en grande forme j'ai passé une grosse partie de ma journée au lit, mais une fois rétablie, je me suis régalée des bonnes choses qui composent le Thanksgiving  menu. Nous concernant:

- la dinde rôtie et farcie avec du stuffing (mie de pain, raisins secs, épices) et du gravy (de la sauce)
- des pommes de terre
- des sweet potatoes
- du chou-fleur
- des brocolis
- des asperges vertes
- des choux de Bruxelles
- du maïs
- des haricots Lima
- cranberry sauce (bizarrement, moi qui suis adepte du sucré-salé, sur ce coup-là, je passe mon tour. Je trouve que l'acidité du cranberry tue la saveur déjà peu prononcée de la dinde. Mais cette association est ici très recherchée).

Cela n'est qu'un exemple puisqu'il y a des variantes locales, selon les influences familiales ou géographiques (climatiques): choucroute, cornbread (pain au maïs), purée de courge, pois et carottes, rutabagas, navets, ..., peuvent agrémenter la dinde.

Voilà pour le plat.

Côté desserts, les pies (tartes) sont à l'honneur: apple pie, sweet potato pie, pumpkin pie, blueberry pie.
Oui oui, tout ça en même temps! Thanksgiving servait à célébrer la fin des récoltes, et permettait donc de cuisiner en un repas tout ce que la terre avait offert.

Mon goût n'est pas vraiment pour le sucré mais pour le salé. Donc, côté pies, je passe généralement mon tour. J'en prends un petit morceau avec mon café. J'ai un peu de mal à apprécier la pumpkin pie (tarte à la citrouille) et la sweet potatoe pie (tarte de patate douce). C'est ... curieux. Mais c'est une question de goût, donc je ne veux pas tuer l'enthousiasme de ceux qui seraient tentés d'essayer. J'ajoute que ces deux tartes se consomment généralement avec une bonne dose de chantilly!

Ma belle-mère a également profité de l'occasion pour se faire plaisir et acheter un gâteau qu'elle adore dans la pâtisserie que nous utilisons chaque semaine. Vous savez, ces gâteaux américains à trois épaisseurs de génoise avec de la crème. Le genre de gâteau qui illustre nos cartes d'anniversaire virtuelles. J'avoue que je l'aime bien. Il est à la noix et au sirop d'érable. On peut donc dire que j'ai mangé un gâteau à la noix. (Vous remarquerez mes jeux de mots foireux aujourd'hui. D'une je ne suis pas vraiment en forme, de deux ça fait trois quarts d'heure que je galère pour insérer une photo que Google ne me laisse pas mettre car j'ai atteint le maximum autorisé pour mon blog. En voilà une nouvelle qu'elle est pas bonne du tout et qui me gâche bien ma soirée. Vous raconter des choses, c'est bien. Vous en montrer, c'est mieux. Je vais trouver un moyen. We're in AmEEEEErica, après tout, non mais oh!).

Petite digression tartale (tartique?): j'ai goûté l'an dernier à Noël une Pecan pie with kahlua (tarte aux noix de Pécan et kahlua, liqueur de café) cuisinée maison. Un régal.

J'aurais presque pu intituler ce post "American Pie", car c'est vraiment de cela qu'il s'agit, Thanksgiving.

Ah, j'oubliais: les restes de dinde servent à faire de délicieux club sandwich (les vrais) les jours suivants: pain grillé ou non, au choix, blanc de dinde rôtie, tomate, salade, bacon croustillant et mayonnaise. Un régal. Je ne suis traditionnellement pas une miss sandwich (tout simplement parce que je suis une blasée des jambon-beurre en France qui, bien que frais, n'ont vraiment rien d'original). Mais l'art du sandwich est bien plus développé ici et m'a réservé d'agréables découvertes de saveur.

Quelques autres faits en bref:

- il ne vous pas échappé dans les infos françaises que Barack Obama a gracié deux dindes, Cobbler et Wobbler. Cette pratique (pardon the turkey) a des origines et des variantes obscures et très différentes selon les présidents. Certaines références disent que c'est Abraham Lincoln qui aurait le premier décidé d'épargner une dinde à laquelle son jeune fils s'était attaché, la considérant comme un animal domestique. Plus couramment et moins symbolique, il était traditionnel que le National Turkey Federation offre chaque année au Président des Etats-Unis une dinde qui était de fait consommée. En somme, un cadeau de la terre offert au représentant fédéral. Ce n'est qu'en 1989 que George H.W. Bush (père, donc), aurait décidé de ne pas consommer la dinde qui lui avait été offerte. Une autre source indique que Kennedy aurait décidé, en 1963, de garder la dinde plutôt que de la manger. Autant d'interprétations autour de cette pratique, qui a plus maintenant un côté anecdotique drôle que symbolique.

- Thanksgiving, pour nous, Européens, a l'image indécrottable des Pères Pèlerins qui ont voulu rendre grâce de cette arrivée sur le sol du Nouveau Monde. Mouais... (comme dirait ma copine Séverine). 
Sachez que de nos jours, Thanksgiving, pour les Américains, se résume à ces deux images:






autrement dit à ces deux actions: manger, et regarder le foot à la télé. C'est la fête du foot, en somme. Non stop, toute la journée et la soirée, sur des dizaines de chaînes. 

Evidemment, cela se fait en famille. C'est LE côté tradition qui reste. Je lisais hier un article qui disait que 39 millions d'Américains étaient sur les routes pour cette date particulière. C'est le plus grand chassé-croisé familial de l'année ici, sur route et dans les airs. Plus que Noël. C'est dire. 

- Thanskgiving marque aussi le début de the season, autrement dit la préparation des fêtes de fin d'année. Nous sommes bombardés depuis cette semaine de pubs et de films pour Noël. 

- demain c'est Black Friday. Black en référence à la quantité de gens qui vont faire les magasins le lendemain de Thanksgiving, les rendant noirs de monde. C'est le lancement des season sale, ventes de saison avec leurs opportunités avant Noël (multimédia et électroménager essentiellement). Certains magasins attirent plus de monde grâce à des ouvertures exceptionnelles à minuit ce soir (jeudi). Ambiance soldes de janvier chez nous. Devinez qui n'ira pas faire les magasins demain. 

mercredi 21 novembre 2012

Celle qui adoucit les morues*.

Joseph a le projet de publier une chanson par jour sur sa chaîne de musique en 2013. Il a déjà une centaine de chansons sur sa liste, dont 72 déjà enregistrées ces deux dernières semaines!

La plupart de ces chansons seront des covers (=des reprises acoustiques à la guitare ou au piano). Certaines seront des compositions originales.

Pour être sûr d'atteindre son quota de 365 chansons, il accepte des requêtes. Si vous en avez, il est ouvert à toutes propositions. Vous pouvez les mettre en commentaire à ce post, ou me les envoyer par mail, je transmettrai à monsieur l'artiste!

* erreur intentionnelle, voir post du jeudi 8 novembre.

mardi 20 novembre 2012

Devinette.

Je suis un acteur qui ai passé mon enfance dans le New Jersey, à Neptune* (tout comme Danny de Vito, avec qui j'ai tourné) et surtout à Manasquan, où j'ai été élevé par mes grands-parents que je croyais mes parents. Mes copains du Manasquan High School, où j'ai étudié, m'ont élu clown de la classe en 1954

Qui suis-je?


*Neptune est l'endroit où Pat a son bateau à la marina.

dimanche 18 novembre 2012

En scène.

Nous avons passé la journée au théâtre Count Basie, à Red Bank, NJ. Le théâtre où nous nous rendons comme d'habitude pour aider à la loterie.

Nous sommes arrivés très en avance car Joseph voulait discuter avec ses potes acteurs qu'il n'avait pas vus pour certains depuis deux ou trois ans. Ça fait toujours bizarre de voir en vrai les gens qu'on a vus sur scène (c'est mon cas la semaine dernière, en tout cas pour le premier acte). Et ce show regorge de vrais talents, des voix puissantes qui le dynamisent.

J'ai enfin pu voir le deuxième acte de Ragtime. Le sujet est profond: l'idée de justice et d'égalité pour trois catégories de personnes dans l'Amérique du début du XXè siècle. La désillusion est cruelle pour au mois l'une d'entre eux.

Deux moments mémorables aujourd'hui.

En tant que "rafflers", nous pouvons entrer avant tout le monde et circuler dans le théâtre (hormis la scène, réservée à ceux qui l'utilisent). Pendant que Joseph attendait ses amis arriver au compte-goutte au pied de la scène, moi j'ai tapé la discute avec un vieux placeur qui  cherchait un réceptacle à histoires. Au cours d'une phrase, il me regarde et me dit: "Hmm... Irish?" - "No, French". L'une des questions qu'on me pose le plus fréquemment est d'où je viens. Les gens perçoivent que j'ai un accent mais n'arrivent pas à l'identifier. Pour la plupart, ça ressemble à un accent britannique mais avec quelques nuances. Donc, voilà, premier effet kiss cool: je suis irlandaise. Quand sa collègue est venue prendre mon nom et celui de Joseph pour que j'aille retirer nos billets (offerts pour les rafflers, et c'est appréciable: 29 dollars la place tout de même!), il a cru entendre "Gisele" au lieu de Christelle. J'ai eu beau corriger, poliment, mais rien n'y faisait. J'étais devenue Gisele. Deuxième effet kiss cool. J'adore ce genre de situations. Ça rend la vie plus drôle.


Alors du coup, il était tout content de sa nouvelle copine, c'était du Gisele par-ci, Gisele par là! Quand j'ai retrouvé Joseph pour lui dire, il m'a confié qu'ici, aux Etats-Unis, quand on dit "Gisele", on pense à:

Gisele Bundchen

donc il fallait que je prenne cela comme un compliment. Bien grand m'en fasse...

Car pour ma part, j'ai  dit à Joseph qu'en France, quand on dit "Gisèle", on pense à:

Gisèle Rouleau


Donc voilà, je suis Gisele et je suis irlandaise. Et Joseph trouve l'idée plutôt attirante. Le jour où j'écrirai mon bouquin, je pourrai l'intituler "Les deux Gisèle". Reste à savoir laquelle va triompher. Vous le saurez en lisant mon livre. Je divague.

Côté changement d'identité, j'y suis apparemment abonnée puisqu'il y a deux ans, en arrivant dans mon nouveau collège, le principal m'avait dit un jour (mais longtemps après la rentrée): "Bonjour Caroline Jacquot". Et le père de la famille écossaise où j'ai vécu, qui avait quelques problèmes pour retenir les prénoms, m'appelait "Crystal Chandeliers", comme le titre d'une chanson country qu'il connaissait. (Il avait aussi appelé Sandrine, ma belle-soeur de l'époque, "Longines", comme la marque de cigarettes, et Pavlina, une amie tchèque de la famille, "Soufflé"... car "Pavlina" ressemblait à pavlova, le dessert, et que quand on est en Ecosse et qu'on a "un peu bu", ben on n'est pas à une comparaison près. Il faut dire ici qu'il confondait le prénom de ses quatre fils qu'il finissait par interpeller "Hey... you". Que de bons souvenirs. J'aurais adoré tenir un blog à cette époque).

Le deuxième moment fort de la soirée est que c'est Joseph qui est monté sur scène pour procéder au tirage au sort des deux heureux gagnants, accompagné du producteur du show et président des productions Phoenix, pour lesquelles travaille Joseph. Etre acclamé par plusieurs centaines de personnes, ce n'est pas anodin. Surtout d'un théâtre mythique comme l'est celui de Red Bank, créé dans les années 20, et qui a vu passer des noms aussi célèbres que Marcel Marceau, James Brown,  Megadeth, the Ramones, Springsteen, Art Garfunkel ou Count Basie himself. Un vrai grand théâtre. Les premiers gagnent un dîner pour deux dans un restaurant huppé de la ville, les seconds deux places pour le prochain show de la saison prochaine, "Anything goes". 

Tout pendant qu'il se préparait, moi j'étais en backstage et j'ai pu observer le petit monde que le public ne voit pas:  les costumes, les accessoires, et surtout les acteurs qui s'apprêtent à reprendre le show dès la fin du tirage au sort. J'ai ainsi pu discuter avec Marisa, une amie fort sympathique de Joseph, responsable de la scène et des accessoires, et voir les acteurs s'accaparer les décors le temps de la pause. Expérience fort intéressante. Tout en faisant connaissance, elle me dit: "mais t'en fais pas, je te connais, je te vois régulièrement sur Facebook dans les publications de Joseph!" et commente le fait que nous vivons vraiment une histoire hors du commun. Il est vrai que notre rencontre et la suite que nous y avons donnée a quelque chose d'extraordinaire (mieux qu'un film!). Nous plaisantons: cela ferait une beau scénario pour une fiction... ou une comédie musicale! J'ai promis à Marisa de l'embaucher comme responsable des accessoires sur le show de notre vie. Marché conclu. 

My name is Gisele, I'm Irish, and my life is a movie.

samedi 17 novembre 2012

Magasin de bricolage.

Nous sommes allés dans un Home Depot et un Lowes,  les équivalents de Castorama.

Rien ne ressemble plus à un magasin de bricolage qu'un autre magasin de bricolage. La disposition, les odeurs, les affichages, la mise en avant des produits de saison (ça sent le sapin. Je me comprends; Noël approche).

Une différence de taille avec la France, néanmoins: les vendeurs accueillent les clients, leur demandent ce qu'ils cherchent et les accompagnent jusqu'au rayon en question où ils attrapent eux-mêmes le produit ou passent du temps pour conseiller le client. Notre vendeur s'est carrément interrompu dans son travail de mise en rayon pour venir nous voir alors qu'on ne faisait que circuler dans le magasin.

Pas de "Ah non! C'est pas moi, c'est pas mon rayon, faut aller voir mon collègue là-bas"  (collègue que, soit dit en passant, vous ne trouvez jamais... ils doivent avoir des oreillettes où l'employé de la vidéosurveillance leur dit "Gérard, vite, barre-toi , t'as un client qui arrive!") ou de "Attendez 5 minutes mon collègue devrait revenir, je ne sais pas où il est". Attente qui dure généralement plus qu'un quart d'heure, et quand vous choppez ledit vendeur, il vous répond qu'il est déjà occupé (à jouer au loup avec Gérard) ou qu'il doit bientôt partir en pause (c'est crevant de jouer à attrape-moi-si-tu-peux). Vous n'avez pas cette impression, vous, quand vous avez besoin d'un vendeur à Casto?

J'aime aussi comme ils appellent ça des "conseillers", en France. La seule chose qu'ils vous conseillent c'est d'aller voir un autre conseiller. Ou alors ils vous conseillent d'avoir la référence du produit que vous cherchez, comme ça ils n'ont pas besoin de se fatiguer à faire leur travail pour vous.

vendredi 16 novembre 2012

Du bon.

Nous revenons du cinéma où nous avons vu "Lincoln". Un bon film américain comme j’aimerais en voir plus souvent. L'histoire des mois qui précèdent l'adoption du 13ème amendement, en 1865, qui abolit l'escalavage aux Etats-Unis, en pleine guerre de Sécession.






Les prestations de Daniel Day-Lewis, Sally Field et Tommy Lee Jones, pour ne citer qu'eux, sont bluffantes. J'en ai beaucoup appris sur le contexte de l'époque, en n'oubliant pas que c'est un film, bien sûr, mais Spielberg a eu à coeur de rendre vraisemblables les personnages et les événements et leur trame: guerre civile, débats à la Chambre des Représentants sur l'abolition de l'esclavage, discussions savamment amenées pour convaincre ou corrompre, émotions, costumes ...

Tout y est et on s'y croirait.

Sans oublier bien sûr l'humour, qui allège le ton grave des événements (esclavage, guerre, assassinat du président) et qui rend complice le spectateur avec certains personnages.

Bref, un film que je vous recommande si vous aimez les bonnes histoires bien ficelées qui vous font passer un très bon moment. Mais vous devrez attendre puisqu'à ma connaissance il sort fin janvier chez vous.

On dit: merci Spielberg!

jeudi 15 novembre 2012

Alléluia! (Rectificatif)

Mon beau-père a fait son premier plein depuis le passage de Sandy ce matin. Sans file d'attente. Et surprise: les prix à la pompe étaient les plus bas de l'année!

Enfin des bonnes nouvelles!

Le couvre-feu n'est plus maintenu que dans huit communes du littoral... dont Manasquan. Décidément, on a le pompon. La sécurisation des lieux n'est pas terminée.

Quand je disais il y a quelque temps que la guerre des nerfs commençait seulement, en voici un nouvel exemple. Certes, l'état d'urgence est passé. La plupart des commerces et restaurants ont maintenant retrouvé une activité normale. Les rayons des supermarchés se sont re-remplis. Et il y a "intérêt": jeudi prochain, c'est Thanksgiving, la fête la plus importe de l'année ici. Loin devant Noël. J'y reviendrai dans un post consacré.

La guerre des nerfs, donc, version assurances cette fois-ci. Les assureurs, qui ont été éprouvés par Katrina en 2005, puis  dans une moindre mesure par Irene l'an dernier (certains ont dû mettre la clé sous la porte: trop de dégâts à rembourser) ont depuis trouvé des parades pour ne plus rembourser les dommages en cas d'ouragan. Il y a ceux qui ont tout bonnement ajouté des clauses exclusives. Et il y a les autres, qui tentent le tout pour le tout pour ne pas avoir à rembourser un cent.

Exemple: le bateau de Pat. Souvenez-vous: les moteurs ont été noyés dans la tempête, l'eau salée de l'océan les a rendus complètement inopérants. Les papiers ont été remplis, les photos ajoutées, les circonstances spécifiées. Réponse de l'assureur: ils suggèrent à Pat de "nettoyer ses moteurs avec de l'eau douce, et ils devraient repartir". Mais bien sûr. Et après, la marmotte...

Exemple n°2: un réparateur qui est passé aujourd'hui à la maison nous raconte qu'il a perdu sa voiture dans la tempête, écrasée par un arbre. Réponse de son assureur: faites-la réparer.

Et après? Je remets l'arbre dans le sol, ou quoi?

Les gens sont très en colère. Ceux qui ont payé une assurance digne de ce nom, en tout cas. Ceux qui n'en ont pas n'ont pas ce genre de problème...

(Cette dernière phrase me rappelle une discussion lors d'un débat politique il y a quelques années. Un interlocuteur peu intelligent sur le coup là interpellait* le gouvernement sur le fait que les mesures fiscales ne profitaient qu'à ceux qui payaient des impôts et que les "plus pauvres étaient une fois de plus "oubliés". J'avais adoré la réponse: "C'est sûr qu'on ne peut pas baisser les impôts de ceux qui n'en payent pas"; mais que peut-être ils pouvaient eux aussi participer à l'effort collectif et donc bénéficier de ces baisses).


* je viens d'apprendre que l'orthographe exacte de ce verbe est "interpeller" et non "interpeler", orthographe admise depuis 1990 mais non majoritaire.

mercredi 14 novembre 2012

Sandy à Manasquan: quelques chiffres au 14 novembre.

Le site de la commune indique les chiffres suivants:

- 1850 habitations ont été inondées ou endommagées par l'océan. (pour info: environ 6000 habitants recensés)

- 1100 foyers restent encore en attente de vérification de leur système électrique avant le retour du courant

- Entre 100 et 500 familles de Manasquan déplacées ailleurs pour des raisons de sécurité depuis Sandy (évacuation obligatoire ou déplacement volontaire).

Mais c'est quoi, exactement, son handicap?

Beaucoup de personnes n'osent pas, souvent par pudeur ou respect, poser des questions sur le handicap de Joseph. Pourtant, il n'y a rien de tabou ou de honteux sur la question. Le tout est, comme souvent, de mettre des mots sur des réalités afin d'expliquer. Pour démystifier et rendre compréhensible.

En parler.

Joseph n'est pas gêné de montrer son corps, ni de parler de son handicap. Qu'on s'entende, ce n'est pas un sujet de conversation favori ni fréquent, mais s'il vient à être évoqué, il n'est pas gêné d'en parler. D'où la création de sa chaîne Youtube:

http://www.youtube.com/user/WheelzOfFortune?feature=watch

A ce propos, je l'avais déjà évoqué brièvement dans un précédent billet: il y a un mot que Joseph ne supporte pas concernant sa condition: "invalide". Invalide, ça veut dire ce que ça veut dire: non valide, inapte, non conforme. En anglais, "disabled" n'en est pas bien loin. "Rendu incapable", ou "rendu inactif/hors service" pour les fonctions informatiques. Cette étiquette est loin d'être le reflet de ces milliers de personnes dont les gestes quotidiens sont différents, mais pas inexistants. Une expression est de plus en plus fréquemment utilisée en anglais: "physically challenged" (littéralement celui qui a un défi/challenge physique à surmonter). Elle est proche du sens de "handicap", qui est à l'origine  cette expression utilisée en équitation, "hand in cap", et dans d'autres sports, pour désavantager un concurrent trop fort. "Handicapped" est pour Joseph un mot tout à fait acceptable, le plus neutre de tous, sans doute.

A toutes ces appellations, il préfère néanmoins celle de "wheelchair user" (personne en fauteuil). C'est celle qui est de plus en plus retenue.

Sachez que Joseph, comme beaucoup d'autres personnes en situation de handicap, préfère mille fois des questions directes (à quelques exceptions près, tout est dans la nuance. J'y reviendrai plus bas) plutôt que des hypothèses qui se transforment en certitudes infondées. Parmi les commentaires ou questions qu'il reçoit sur sa chaîne, il est un peu agacé du nombre de personnes qui "supposent que" son handicap est dû à la polio ou à une spina bifida, et qui des fois lui donnent des conseils sur ce qu'il doit faire ou qu'ils croient bon pour lui, souvent pour lui rendre service ou améliorer son confort de vie, mais dans l'ignorance la plus totale de sa condition exacte. Mais puisqu'il a pris le parti de créer cette chaîne pour échanger et informer le public, il est bonne pomme et répond à tous ses contacts, et à toutes les questions, même les plus gênantes (sexualité et gestes du quotidien).


Son handicap.

Joseph est paraplégique incomplet T6-T8.

Paraplégique= paralysé des membres inférieurs, de la taille jusqu'au bas du corps le concernant, puisque ce sont ses vertèbres thoraciques qui ont été touchées, d'où le T et le numéro de la vertèbre concerné. Un paraplégique T1 est par exemple paralysé des aisselles jusqu'au bas du corps.

Si ce sont les cervicales qui sont touchées, c'est une tétraplégie, et les conséquences sur les fonctions physiologiques sont bien plus importantes, avec une atteinte des membres supérieurs (cf. "Intouchable", par exemple, ou Christopher Reeve, mais pas que).

Incomplet, ça signifie, dans son cas, que bien qu'il n'ait pas du tout l'usage de ses membres inférieurs, il a une sensibilité (membres inférieurs et surtout zone périnéale). Les sensations sont loin d'être aussi nettes qu'au-dessus de la taille, elles sont diffuses, mais elles existent. Mais il ne peut pas dire si l'eau du bain est chaude ou froide à moins de la toucher avec ses mains, par exemple. Pour d'autres paraplégiques incomplets, cela peut signifier qu'ils ont partiellement l'usage moteur de leurs jambes. Ce n'est pas le cas de Joseph. Tous les handicaps ont leurs variantes individuelles.



Comment c'est arrivé.

Son handicap est intervenu suite à une erreur médicale pendant une opération bénigne à l'âge de 6 mois. Le chirurgien qui l'a opéré a privé d'oxygène une partie du corps pendant l'opération. Cela a été bref, mais irrémédiable. Les transmissions nerveuses vers le bas du corps ont donc été rendues inopérantes (malgré de très légères sensations). Paralysé à l'âge de 6 mois. Donc depuis 30 ans.

Il n'a jamais marché; c'est donc une fonction qui ne lui manque pas. Ce qui crée une grosse différence avec les gens qui perdent cette fonction au cours d'un accident à la vie adulte, très atteints psychologiquement par cette perte fonctionnelle. Voir des gens marcher l'indiffère complètement, même si quand il y réfléchit il trouve ça "bizarre" car il ne comprend pas comment ça marche (c'est le cas de le dire). La seule marche qu'il pratique est appelée marche pendulaire: elle se pratique avec orthèses et béquilles et consiste à se soulever et à l'aide du tronc, balancer ses deux jambes vers l'avant simultanément. Elle demande beaucoup de force dans les bras et est très fatigante.


C'est possible. 

Joseph est actif et investi dans beaucoup d'activités depuis tout petit: théâtre et comédies musicales, musique, et sport. Course à pied (enfin, en fauteuil), escalade, basket-ball, disc golf, minigolf, kayak, vélo ..., et surtout la muscu qu'il pratique trois fois par semaine et qui lui a valu l'année dernière une deuxième place à une compétition de bodybuilding en Géorgie (USA... pas chez Borat, hein). Well done!

Toutes ces activités figurent en vidéo sur sa chaîne Youtube.

Une vidéo d'une séance d'escalade:
http://www.youtube.com/watch?v=mKSycYx_90I&feature=plcp

Les raisons de la création de sa chaîne Youtube il y a deux ans:

- d'abord pour répondre aux questions récurrentes de ses amis: mais comment tu fais pour monter dans ta voiture? Mais comment tu fais pour te laver? Mais comment tu fais pour t'habiller? L'idée lui est venue de réaliser de courtes vidéos sur ces gestes quotidiens, qui seraient plus parlantes que des explications.

- ensuite pour montrer que ce n'est pas parce qu'on est en fauteuil qu'on n'est pas capable de faire des choses. Histoire de changer, à son niveau, le regard sur le handicap.

- sans doute la raison la plus importante: montrer à d'autres personnes en fauteuil ou porteurs du même handicap ce qu'il est possible de faire, et moyennant quelle adaptation. Bien souvent, les personnes victimes d'une blessure médullaire (=de la moelle épinière) à l'âge adulte se sentent condamnées par l'ensemble des choses qu'il n'est plus possible de faire. Elles n'ont pas idée de l'ensemble des choses qu'il est possible de (continuer à) faire. Quand je dis elles n'ont pas idée, c'est essentiellement parce que le monde médical se concentre sur quelques gestes avant le retour à la maison (les transferts: fauteuil-toilettes, fauteuil-lit, sol-fauteuil, fauteuil-canapé), mais insiste beaucoup moins sur l'apprentissage de gestes comme se laver, s'habiller, cuisiner, conduire, faire ses courses, porter, attraper. Ne parlons même pas de l'activité sexuelle: les médecins passent généralement ce volet sous silence. C'est pourtant une grosse partie de la vie de tout un chacun, qui aide à (re)construire ou à conforter l'estime qu'on porte à sa personne. Et précisément, dans ce domaine aussi, les possibilités sont bien plus grandes qu'on ne le pense. Et c'est tant mieux!

Joseph a ainsi souhaité partager ses expériences pour faire gagner du temps à certaines personnes et aussi les rassurer. En  gros, il présente des choses qu'il aurait aimé voir/avoir/savoir étant plus jeune pour ne pas avoir à tout découvrir ou adapter lui-même. Il aime particulièrement publier des vidéos de yoga, qu'il pratique et qui l'aide vraiment à se sentir mieux en faisant des étirements adaptés.

- le dernier but est aussi par défi et/ou amusement personnel: des tentatives suite à des envies d'essayer certaines choses, ou encore la frustration d'entendre les gens dire au cours des années "ça, tu peux (pourras jamais) pas le faire". Bon, certes, il ne courra jamais le marathon de New York, mais entre nous... moi non plus.


Les commentaires.


Le bon côté.


Il a vite été agréablement surpris du retour des premières vidéos. La grosse majorité des commentaires sont des félicitations, des encouragements ou des remerciements. Et tout particulièrement de la part de paraplégiques ou tétraplégiques, ou parents de jeunes enfants handicapés qui le remercient de montrer à quel point "paraplégique" ne signifie pas incapable ou sans espoir.

D'une manière générale, Joseph apprécie vivement les commentaires qui lui sont envoyés. Même brefs. S'il fait des vidéos, c'est pour qu'elles soient vues. S'il y a des réactions, ou des échanges, c'est encore mieux. Sans compter que des fois, il apprend des choses, découvre ou revoit sa façon de faire, fait des essais. C'est constructif. Il précise également qu'il est à la recherche d'idées pour des vidéos (à bon entendeur...), qu'il réalise ensuite, ou pas, en fonction des demandes. Exemple de vidéo réalisée à la demande et publiée récemment: "peux-tu faire une vidéo où on te voit faire la vaisselle debout avec tes orthèses?". Ça l'amuse, c'est utile pour certaines personnes, et en plus ça lui fait du bien d'utiliser ses orthèses une fois de temps en temps pour sortir du fauteuil et changer de position. 

... et le côté obscur de la force...

Mais il est des contacts qu'il a appris, avec le temps, à décrypter et à éviter. Entendez par là que certaines personnes sont nourries d'intentions malsaines et/ou blessantes, mais que bien souvent, à moins qu'on leur dise, elles ne s'en rendent pas compte. 

Joseph a défini une typologie des trois profils types à fuir à tout prix (sur internet):

- les wannabes (en anglais , wanna be veut dire "veut être"): certaines personnes admirent les gens handicapés au point de vouloir le devenir soi-même... Ils contactent donc des gens handicapés sur Youtube pour leur dire "J'aimerais être comme toi, t'as de la chance, je t'envie". 

- les pretenders (en anglais: qui font semblant): proches des wannabes, leur hobby préféré est de se filmer comme s'ils avaient un handicap alors qu'ils n'en ont pas. Conclusion: ils utilisent comme modèle les vidéos de personnes en réelle situation de handicap pour reproduire ça chez eux. Certains envoient même leurs vidéos à Joseph... sans doute en attente de félicitations sur leur "travail"? Je ne sais pas, on voit pas sinon...

- les devotees: ceux-là désirent les personnes pour leur handicap. Ce sont eux qui envoient le plus de demandes à Joseph. Des demandes aussi élégantes, raffinées, romantiques et constructives que "peux-tu faire une vidéo de toi tout nu en train de marcher avec tes béquilles mais sans orthèse"... Ce qui est strictement impossible, d'une, (il tomberait, tout simplement) et qui alimente donc davantage leur plaisir. Joseph leur dit gentiment et avec humour qu'il a choisi Youtube à dessein et non Porntube (si ,si, ça existe...), donc qu'ils peuvent toujours tenter leur chance sur l'autre site... Il a encore la patience de leur répondre. Et la plupart de ces commentaires proviennent d'hommes.

Ces trois catégories déconcertent Joseph au plus haut point. Déjà, qu'elles existent; mais qu'en plus ces personnes se manifestent ostensiblement et avec des demandes particulières. Bref, c'est pas nouveau, internet est une jungle. Mais c'est aussi le jeu, sur Youtube, d'être regardé par des gens d'horizons et d'intérêts variés. Il le sait et ne s'en offusque pas, mais regrette quelquefois le manque de respect, d'intelligence ou d'ouverture d'esprit de certains viewers (c'est rare, tout de même).

Joseph s'est ainsi fâché une fois avec un contact en ligne: une infirmière lui a demandé comment il utilisait les toilettes sur les vols longs courriers. Il a répondu comment il s'y prenait. Ce à quoi la personne lui a soutenu mordicus que ce qu'il disait était impossible. Après lui avoir répondu poliment une première fois "c'est possible... puisque je le fais", et devant l'obstination de l'infirmière, qui  a fini par le traiter de menteur, il a fini par bloquer le contact, non sans lui avoir dit que sa fermeture d'esprit faisait peur, notamment du fait de son métier, et qu'elle devrait plutôt être contente d'avoir une information sur ce qu'il est possible de faire, pour ses propres patients, plutôt que l'inverse...  Ce commentaire l'avait vraiment blessé. Non seulement il doit prouver ce qu'il dit, mais en plus il devrait prouver ce qu'il fait et en rendre compte. Ce n'est qu'un exemple de la condescendance, du manque de confiance ou de l'ignorance qu'ont certaines personnes envers les challenged physically, qui vont jusqu'à dénigrer les réalisations et les réussites qui ont demandé tant d'essais et d'efforts.

Ce qui dérange aussi Joseph: que des gens le contactent sur sa chaîne musicale (Youtube ou Facebook), consacrée à son travail, pour poser des questions sur le handicap. Il a deux chaînes différentes, et il aimerait bien être reconnu pour autre chose que son fauteuil qui dans le fond, n'est que son moyen de locomotion.

La question de loin la plus posée, toutes vidéos confondues, est: "Can you have sex?" (la réponse est: YES!).
Il a réalisé une vidéo intitulée "Sex and paraplegia" pour tenter de donner quelques détails sur la fonction uro-génitale d'un paraplégique. Le genre de choses dont personne n'ose parler, mais à voir les commentaires, on voit à quel point les néo-paraplégiques ont besoin de ce genre d'informations, ne serait-ce que pour reprendre espoir, même si tout n'est pas rose. C'est la vidéo la plus regardée de sa chaîne (plus de 38 000 vues!).

Pour finir sur une note légère, concernant la perception du handicap, voici les trois questions les plus... bizarres? Je pense que c'est le mot (j'ai failli dire bêtes mais il paraît qu'il n'y a pas de question bête- réflexe de prof pour mettre les élèves en confiance. Mais en vrai, les questions bêtes ça existe :-p. Si, si.) qui lui ont jamais été posées:

- est-ce que tu dors dans ton fauteuil la nuit?

- est-ce que tes jambes sont vraies?

- est-ce que tu as un nombril?

Je peux aussi vous donner les réponses qui vont avec, mais est-ce vraiment nécessaire?

Et vous, vous avez des questions?

mardi 13 novembre 2012

L'image du jour.

Ces soldats qui remettent un drapeau qui était tombé dans la tempête, sur la plage nord de Manasquan.



"Strong Jersey", "Jersey Stay Strong" sont devenus des slogans ici. Les magasins, les entreprises, les particuliers l'affichent devant leur commerce, les habitations, sur les fenêtres, les affichages municipaux.

La reconstruction est l'affaire de tous. Et elle passe avant tout par la solidarité affichée, de tous, envers tous.

La page Facebook de Manasquan diffuse quotidiennement des messages à l'attention des sinistrés. 

Un exemple, le dernier en date: une habitante fait savoir qu'un camion d'une entreprise de l'Alabama sillonne les rues pour enlever gratuitement les arbres tombés, et que quiconque a besoin de leurs services n'a qu'un coup de fil à passer. 

Autre exemple: des gens qui habitent dans le Texas ont envoyé un courriel à la mairie pour demander des nouvelles de leur vieille tante dont ils n'ont plus de nouvelle depuis la tempête. La mairie diffuse sur Facebook, les gens vont voir sur place, ils renseignent en retour. 

C'est rapide et ça permet de résoudre certaines problématiques sans mobiliser des employés de la mairie pour faire des recherches ou encombrer leurs lignes téléphoniques.

Victimes et ennemis.

J'ai voulu publier ceci en plein dans la tourmente il y a une semaine et demie, mais je me suis dit que ce genre d'infos paraissait trop légère au vu de la situation des sinistrés. Mais tout de même, c'est aussi avec ce genre de désagrément qu'il nous a fallu composer pendant une semaine.

Alors que les températures avaient considérablement baissé juste après le passage de Sandy et que nous avions perdu l'électricité depuis 2 jours, nous avons mis les denrées périssables du frigo dans 3 grosses glacières sur la terrasse avec ce qui nous reste de glace, pas trop loin de la porte-fenêtre afin de ne pas être frigorifié à chaque fois qu'on allait chercher quelque chose (boisson, légumes...). Nous étions satisfaits de notre système D en attendant le retour du courant.

Mais notre satisfaction a vite été compromise par un ennemi qu'on n'attendait pas. Un ennemi venu du sud*. Peut-être plusieurs, mêmes. 

Des écureuils. 

Nous sommes dans un quartier très boisé, les écureuils (gris d'Amérique, puisqu'on est dans l'est des Etats-Unis) courent les rues. Au sens le plus propre qui soit. Des dizaines. Ça se course tout le temps, se bat quelquefois. Ça va, ça vient, ça cherche, ça revient, ça traverse, ça monte... et ça vole. Ils sont considérés comme une nuisance. Ils sont plein de puces, trop nombreux et sont bien sûr attirés vers les habitations et leurs poubelles. Aux Etats-Unis, ils y trouvent de beaux restes (ça jette pas mal ici, les gens font peu de cas des restes alimentaires). 

Leurs nids ayant été détruits avec la tempête, ils ont redoublé de travail pour aller chercher des denrées là où elles étaient. En l'occurrence sur notre terrasse. Conclusion: entre deux parties de cartes, la semaine dernière, on se levait à tour de rôle pour aller les chasser. A tour de rôle= toutes les minutes. C'est tenace, ces bestiaux.

Et comme souvent dans ce genre de situation agaçante, on finit par rire pour relâcher la pression. Pat a passé un temps fou avec un balai dans les mains, à côté des glacières. Sans jamais pouvoir chopper un bestiau. Dès qu'il rentrait, l'écureuil revenait. Ça nous faisait penser aux dessins animés. On s'imaginait l'écureuil en train de faire coucou ou un doigt d'honneur à Pat. Pire, on s'est bidonné comme des baleines en s'imaginant un écureuil attendre Pat avec ledit balai pour l'assommer par derrière dès qu'il sortait.

C'est bête, mais ça nous a fait passer un bon quart d'heure.

* par rapport à l'orientation de la maison. Il faut bien rajouter un peu de décor à mes récits. :-p

lundi 12 novembre 2012

Il y a deux semaines tout pile: Sandy.

Je viens d'apprendre que le couvre-feu n'avait en fait pas été levé à Manasquan. Il est encore en cours dans 16 villes du littoral du New Jersey, dont la nôtre, donc, pour des raisons de sécurité. On a donc risqué une arrestation l'autre soir en revenant du théâtre... Et apparemment il serait maintenant de 18h à 6 heures du matin, puisque nous avons également changé d'heure le week-end dernier. Seuls les véhicules officiels, d'urgence et de travaux sont autorisés sur les routes des communes sous couvre-feu.

La mairie et la police de Manasquan ont ENFIN retrouvé le courant samedi soir, soit après 13 jours ... Sacré soulagement pour la municipalité. Les habitants remercient les "anges" du Texas, du Michigan, et de bien d'autres états pour leur avoir rendu l'électricité. JCP&L, le fournisseur officiel du centre et du sud de l'état, est en train de passer un sale quart d'heure public... Les règlements de compte ont commencé.

Côté électricité, justement: de nombreux incendies de maison sont signalés. Le retour du courant dans certaines habitations n'a pas que du bon. Les dysfonctionnements et court-circuits sont nombreux.

Autre nouvelle:  le rationnement de l'essence se termine demain matin dans le  New Jersey. Le gouverneur Christie dit qu'il est "temps de revenir à la normale". Il n'a pas tort. Mais toutes les stations ont-elles été ravitaillées?

J'ai également appris aujourd'hui que c'est l'USACE (US Army Corps of Engineers) qui opère à Manasquan, comme dans le reste de l'état et celui de New York. Ils apportent des pompes d'eau et s'occupent des infrastructures. Le général Bostick en charge des opérations à Manasquan, aujourd'hui:


Quelques exemples de leurs opérations en cours pour ceux que ça intéresse:

http://www.usace.army.mil/Missions/EmergencyOperations/HurricaneSeason/Sandy.aspx

Toujours des photos qui arrivent sur internet, et cette fois-ci du front de mer de Manasquan. On comprend pourquoi il est toujours fermé au public... Le sable, l'eau ...


Les habitants qui faisaient partie des zones évacuées ont été "déplacés" pour trois semaines et n'ont pas accès à leur maison.

La reconstruction promet d'être longue pour certains, et elle n'a pas encore commencé, puisque le nettoyage et la sécurisation de la zone est encore en cours deux semaines après la tempête.

Veterans Day.

C'était hier, le 11 novembre.

Aux Etats-Unis, Veterans Day est le jour où l'Amérique honore ceux qui l'ont servie, et continuent à la servir.

A ne pas confondre avec Memorial Day, en mai, où l'Amérique honore ceux qui sont morts en service.

Veterans Day est une journée fériée, sauf dans les écoles, puisque ces dernières ne sont pas régies de façon fédérale.

Les chaînes de télé, ce jour-là, sont bombardées de publicités pour l'armée ou pour des sites internet qui mettent en avant l'armée, ou de témoignages de vétérans ou de leur famille qui expliquent comment, où et quand ils ont servi leur pays.  Le drapeau est partout. Tous les événements sportifs diffusés ce jour là ont a minima une bannière, un bandeau publicitaire qui figure sur l'écran. Joseph, regarde, comme à son habitude les samedis (college football), dimanche et lundi (professional footbal) les matches à la télé. C'est en continu, de la mi-journée jusqu'au soir 23 heures, si ce n'est pas plus. Au début d'un match, des militaires ont apporté un drapeau américain géant sur la pelouse et des choeurs de l'école militaire de Westpoint, si je ne m'abuse, ont chanté l'hymne américain a cappella. Vous connaissez la suite: tout le monde la main sur le coeur, les yeux levés vers le ciel ou le drapeau et qui entonne les paroles.

Le mélange des genres est commun, ici. La musique militaire pendant un match, de la politique pendant la mi-temps... Tout est bon pour toucher le maximum de gens. Et pour cela, quoi de mieux qu'un match de football américain télévisé?

dimanche 11 novembre 2012

What's up?

La neige a fondu, il fait 15 degrés, un soleil magnifique. Bien détraqué, le climat.

J'ai lavé toutes les vitres de la maison. Ça fait du bien de se dépenser. Il reste des feuilles et des branches de Sandy à ramasser aussi, mais une autre fois.

Nous avons fait une balade à vélo avec Joseph cet après-midi. Nous sommes retournés dans la rue où nous avions fait du bénévolat. Les débris sont toujours là. Du bois, des sacs poubelles remplis par dizaines, l'électroménager, et aussi, chose à laquelle je n'avais pas songé jusqu'à présent: le système d'air conditionné (chauffage des maisons) ici passe sous les maisons, donc ça aussi, c'y est passé. Tout est sur les trottoirs. Ça et les arbres, toujours et encore. Il en reste, du nettoyage, à faire...

Les fenêtres et les portes des maisons sont grandes ouvertes pour aérer et sécher; idem pour les garages. Il n'y a plus rien à voler, tout a été jeté car inondé.

Au bout de la rue, le draw bridge est toujours interdit. Deux GI sont postés là depuis 12 jours. Ils s’enquiquinent à 100 sous de l'heure pour surveiller ce pont nuit et jour et bloquer les riverains. Le Glimmer Glass (souvenez-vous, le bras d'océan où on a fait du kayak il y a quelques semaines) derrière le pont est toujours interdit au public. Zone trop dangereuse. Les fuites de gaz sont légion. Les habitants qui retrouvent l'électricité sont priés d'être prudent et de faire venir des professionnels afin d'éviter des explosions lors de la remise en route de leur panneau électrique.

Les deux braves qui s'ennuient sur le pont.

Racines, béton, pas de détail. 

Du côté de l'essence, le New Jersey est toujours en alternance plaques paires jours pairs/impaires jours impairs. Mais d'après Pat, qui est retourné à la marina pour vider son bateau, les stations essence qu'il a vus sur le chemin n'avaient pas de file d'attente. C'est plutôt dans le nord de l'état, autour de Newark, Jersey City et New York que c'est la pagaille (plus de monde, forcément).

Les écoles de la ville et des villes voisines rouvrent demain. Les écoliers du secteur auront profité de deux semaines de vacances non prévues (il n'y a pas de vacances entre la rentrée de septembre et Noël). Mais attention: ici, les jours d'intempéries chômés sont rattrapés sur des temps de vacances à venir. On verra bien si la règle s'appliquera pour Sandy aussi. Mais Joseph m'expliquait qu'étant plus jeune, si les écoles étaient fermées deux jours pour raison de neige en novembre, ils leur sucraient deux jours de vacances à Noël.

Pour terminer, ce lien impressionnant qui montre des photos. Pour voir les vues avant/après, passez votre souris de droite à gauche sur chaque photo:

http://www.abc.net.au/news/specials/hurricane-sandy-before-after-photos/

(si lien inactif: sélectionner, puis clic droit et ouvrir le lien dans un nouvel onglet)

Brielle, Mantoloking, Brick et Ortley Beach sont de 5 à 20 minutes de chez nous. 

Swept away.

Sans doute l'une des photos avant/après les plus marquantes pour moi: 


La ville de Mantoloking, à 10 minutes de chez nous, a été ravagée par Sandy. Le site internet du borough (commune), en date du 2 novembre, avait publié ceci:

->> Official Notice <<-
Per order of the Mayor, the Mantoloking Police Department, and the New Jersey State Police, the town of Mantoloking is closed until further notice.
The town is unsafe at this time. There are gas leaks, contaminated water, downed wires, and structural hazards. For the safety of the emergency responders and for your own safety, please do not attempt to return to town.
All borders are guarded by police officers and National Guard, there are also roving patrols. Do not attempt to return to town, until you are notified to do so.

Ce message informe que la ville est fermée jusqu'à nouvel ordre. Vous avez bien lu. La ville
Je suis toujours prompte à commenter les événements, mais celui-ci me laisse sans voix.

samedi 10 novembre 2012

(Je sais pas quoi mettre comme titre pour ce post, proposez-en un).

J'ignore si cette photo est un fake, mais il se peut bien que ce soit vraiment la vue observable par satellite après le passage de Sandy.



Si c'est le cas, c'est impressionnant!

vendredi 9 novembre 2012

Ragtime.

Comme le mois dernier, Joseph a été sollicité pour venir faire du raffling, c'est-à-dire vendre des tickets de tombola pour soutenir le théâtre où il a travaillé. Il m'a demandé, en début de semaine, si ça me disait de retenter l'expérience du mois dernier. J'ai dit oui, à l'occasion. Ne sachant pas que l'occasion était ce soir.

Cela m'a posé un problème moral (à lui aussi) de se dire qu'on allait demander de l'argent à des gens après Sandy. Je pensais que même si la représentation était maintenue (la salle est réservée depuis un an, la troupe est en répétition depuis des semaines dans ce théâtre professionnel), il serait de bon ton d'annuler la tombola dont les fonds reviennent au théâtre, ou alors de reverser les fonds à une association d'aide aux sinistrés. C'est pas ça qui manque, dans le New Jersey, les sinistrés, en ce moment.

Mais bon, j'avais donné mon accord, ils ont besoin de nous, alors c'est parti. Nous sommes arrivés en retard en raison des routes coupées et du traffic impressionnant. Le couvre-feu a été levé, nous pouvons donc utiliser les routes en soirée sans risquer d'être coincé pour le retour (c'est arrivé à une amie de Joseph qui rentrait chez elle cette semaine: interdit de circuler, la police ne l'a pas laissée passer).

Nous sommes plutôt nombreux ce soir, du côté des rafflers: 9. La bonne surprise, en arrivant, est qu'en plus de la vente des tickets de tombola, des volontaires de The Foodbank of Monmouth and Ocean Counties viennent dresser un stand. Ça me soulage... J'ai dirigé la plupart des gens qui étaient prêts à acheter des tickets de tombola vers leur stand. Mais les gens qui viennent voir les comédies musicales dans ce théâtre ont aussi leurs habitudes: acheter des tickets de tombola pour gagner un dîner pour deux ou deux places pour le prochain show est un automatisme. Certains préfèrent ignorer la Banque alimentaire pour leurs tickets. Je comprends aussi.

Les trois personnes qui tenaient le stand sont volontaires dans cette association et m'ont expliqué leur fonctionnement. Elles travaillent pour Monmouth County (notre county) ainsi qu'Ocean County. Leur action est bien cadrée et surtout spécifique. Raison pour laquelle je leur ai fait un don et la promesse que cette photo ainsi que leur adresse internet seront diffusées en France par le biais de mon blog.

Voici leur adresse: http://www.foodbankmoc.org/

et leur page Facebook: http://www.facebook.com/foodbankmoc.


Pour la petite histoire, côté associations caritatives (j'ai déjà publié cela aujourd'hui sur FB), un habitant de Manasquan a publié une anecdote truculente sur le site de la municipalité. Il raconte que la Croix Rouge, de passage hier dans notre municipalité, lui a donné hier ... un jeu de société. Il se demande, à juste titre, si les dons monétaires que reçoit la Croix Rouge  sont toujours aussi mal utilisés... Croix Rouge qui n'a d'ailleurs pas très bonne presse ici. A commencer par le père de Joseph, à qui il ne faut plus parler de Croix Rouge depuis son retour sanitaire dans les années 50 alors qu'il était dans la Navy: il a été rapatrié d'urgence aux USA car il était tombé gravement malade. Avant de tomber dans un profond coma qui a duré deux mois, et suite auquel il ne devait pas survivre - comme quoi...-  il avait demandé aux infirmières de la Croix Rouge d'avoir la gentillesse de prévenir sa maman qui était à quelques km de là, à Jersey City. Les infirmières, ainsi que leur encadrement, avaient refusé. C'est l'Armée du Salut qui lui a rendu ce service en se déplaçant au domicile de ses parents pour leur annoncer la nouvelle. Depuis ce jour, l'Armée du Salut est la seule association à qui il donne généreusement. 

Donc voilà, apparemment, certains s'imaginent que quand t'es sinistré d'un ouragan, la seule chose que t'as envie de faire après 11 jours sans électiricté et sans chauffage, c'est de jouer aux dames. *...* (j'aime bien les raccourcis exagérés).

Bon, pour revenir au show, Ragtime: je n'ai pas été passionnée, et c'est dommage car le thème est l'Amérique du début du XXè siècle vue par trois groupes différents: une famille de blancs aisés de la ville; des Noirs, qui tentent de vivre comme tout le monde, et des immigrants juifs d'Europe de l'Est qui débarquent dans un eldorado qui ne les accueille pas vraiment à bras ouverts. J'ai trouvé les musiques très ennuyeuses. 

Dommage. 

Reste que certains acteurs avaient une voix fabuleuse. 

La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Quelques nouvelles plus perso, hors Sandy, maintenant que les choses reviennent à peu près à la normale.

Je vous parlais de "tracas" perso. Ils le sont toujours.

Lors de ma première soirée à l'hôtel vendredi 2 novembre dernier, après avoir envoyé de mes nouvelles à mes amis sur Facebook et par mail, je consulte, comme c'est le cas deux fois par semaine, mon compte en banque en ligne. En effet, n'ayant pas de revenus cette année du fait de ma mise en dispo, j'ai à coeur de vérifier que tous les prélèvements sont conformes à mes prévisions. Et là, surprise... Des retraits ont été faits avec la carte Visa (que j'ai sur moi) en plein New York, le 31 octobre, soit deux jours après le passage de Sandy. Je panique. Je réfléchis, je ne trouve pas. Joseph pense que peut-être des terminaux bancaires ont été déréglés par les coupures de courant, et ont peut-être prélevé indûment des sommes à des milliers de gens suite à un bug informatique. C'est probable, mais tout de même, j'appelle le centre en France pour faire opposition. Contente de trouver quelqu'un au bout de la ligne à minuit et quelques, heure française. Mais pouf, plus de moyen de paiement, et je suis ici jusque mi-janvier...

Le conseiller que j'ai au bout du fil m'indique que je dois porter plainte dans un commissariat de police [en France, donc] pour compléter ma demande d'opposition et être remboursée de ces sommes. Je voulais le proposer pour une nomination au festival de l'humour, mais j'ai gardé mon calme quand je lui ai répété l'endroit où je me trouvais (peut-être n'avait-il pas eu vent [ha ha] de la tempête?) et les circonstances qui étaient celles du New Jersey à J+4 du passage de Sandy... Il me répond que dans ce cas-là, à défaut d'un commissariat de police, il faut que je me rende au Consulat de France à New York pour y faire une déclaration de fraude. Ah oui? Et je fais comment pour y aller? Sans essence, sans transports en commun, et avec le couvre-feu qui oblige à anticiper son temps de déplacement sachant que ces déplacements sont providentiels??

Heureusement, la communication par mail avec mon centre financier a été plus heureuse et plus précise (je priais pour que le courant ne soit pas à nouveau coupé, sans quoi je n'aurais pas eu les infos). L'affaire peut-être traitée par mail avec déclaration sur l'honneur à envoyer, afin que je sois remboursée des sommes en question. J'ajoute que d'autres achats ont été faits avec ma carte les 1et et 2 novembre, mais ne sont apparus sur mon compte en ligne qu'hier... Au total, près de 800 euros. Les boules. Et surtout ce questionnement: comment ma carte a-t-elle pu être utilisée, car d'une les prélèvements laissent apparaître des retraits, ce qui signifie que mon code à 4 chiffres doit être opéré (un numéro de carte ne suffit pas), et de deux, s'agissant d'achats faits à New York City (taxi, McDo, ...), à une heure de route de chez nous, je me demande si cela ne peut pas être l'un des commerçants  avec qui j'ai récemment traité (il n'y en a que deux, plus la compagnie aérienne que j'ai utilisée récemment). De quoi devenir parano.

L'autre souci, évoqué dans le post précédent, concerne les guitares de Joseph. L'humidité a détraqué ses outils de travail. Il s'en est rendu compte en embarquant une de ses guitares à l'hôtel pour en jouer. Le son qui en sortait n'était pas conforme à ce qu'il était censé être. C'est pour cette raison, entre autres, que nous avons changé le système de chauffage de la maison en arrêtant les casseroles d'eau bouillante. De plus, la maison commençait à devenir malsaine. Les murs, le linge sale, le linge propre aussi, la literie (aller se coucher dans des draps humides le soir, sans chauffage dans la chambre)... tout y est passé.  On craignait aussi de tomber malade. Mais il fallait bien se chauffer... Heureusement le retour du courant samedi soir a permis de limiter les dégâts.

*soupir*

Rien n'est jamais simple.

jeudi 8 novembre 2012

Le point sur la situation au 8 novembre 2012.

Côté sombre.

J'ai appris hier, par maman, que Nor'Easter avait été rebaptisée Athena. J'aime comme vous avez les infos avant nous en France. =)

Nor'Easter (Athena) n'a pas eu les conséquences attendues. Elle a apporté de la neige au lieu des vents violents et des fortes pluies sur le littoral. C'est un moindre mal, vous allez me dire. Chez nous était prévu un "saupoudrage" puisque nous sommes sur la côte. Mais au final, on a eu 10 cm de neige, et quasiment le double dans d'autres villes de la côte. Une fois de plus, nous pensons à ceux qui n'ont plus de maison, ou alors plus de chauffage...




Commentaire annexe: les places handicapées sont toujours celles qui  sont déneigées en dernier, voire pas du tout.  Genre "il neige, les handicapés restent chez eux". Hé bien c'est faux.  Et ce sont eux qui en ont précisément le plus besoin  en cas de déplacement obligatoire (médecin en ville par exemple), car nous autres pouvons marcher dans la neige, alors qu'un fauteuil s'y embourbe... A méditer si vous connaissez quelqu'un qui bosse dans une équipe municipale. Question de bon sens.

Je reviens d'une balade vers le centre-ville de Manasquan, où ce qui m'a le plus interpelée est le bruit: générateurs, tronçonneuses, camions. Les générateurs (pour ceux qui en ont) fonctionnent nuit et jour et pour ceux qui connaissent, ce n'est pas le bruit de fond le plus agréable de la terre. C'est quelque part entre le tracteur et le marteau-piqueur. Les gens vivent avec ce bruit permanent depuis 11 jours.

Tout pendant que j'écris ce post, deux infos me parviennent.

La première par téléphone. La police envoie des messages pré-enregistrés aux résidents de la commune. Ils informent que 1500 foyers étaient encore sans courant hier soir, mais que depuis le passage de la neige, ce sont maintenant 4000 foyers qui sont sans électricité. Notre gouverneur, Chris Christie, a fait la promesse à la télé que tout serait rétabli d'ici dimanche... ce dont doute le maire de Manasquan qui vient de publier sur Facebook la lettre qu'il a fait parvenir à JCP&L, la compagnie d'électricité qui régit la région.

Il indique, et c'est la deuxième info, que la situation est bien plus dramatique qu'il n'y paraît puisqu'au-delà de la frustration des gens sans courant et le fait que la mairie/police n'ait pas de courant, un acte de vandalisme a encore aggravé la situation. Cette nuit, le réservoir qui contenait 300 gallons de diesel (soit environ 1500 litres) et qui permettait le traitement des eaux de la commune, jusqu'alors préservé grâce à un générateur spécial, a été entièrement siphonné et volé. En l'absence du retour d'un moyen de traitement, y compris pour les égouts, la situation sanitaire pour la commune et ses habitants est critique. Sans électricité, sans chauffage, sans moyen de conservation des denrées, et bientôt sans eau courante. Sans compter que les 120 entreprises de la commune sont en chômage technique depuis 11 jours (certains ont rouvert en activité partielle mais sans électricité, selon le type d'activité, et donc avec des anoraks sur le dos et des heures de service aléatoires) et que les écoles n'ont toujours pas rouvert.

Pour faire bref: ça craint.

A l'heure où New York City attire l'attention des média du monde entier et en particulier des journalistes français, sachez qu'à quelques dizaines de kilomètres de là, des gens, des communes et des municipalités sont en grande détresse. La Croix Rouge Américaine a débarqué ce matin dans notre ville avec 2 jours d'avance, au vu de la situation. Je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous. Pas pour agir, mais juste pour que les gens sachent que le New Jersey a morflé. Sévère.

Beaucoup d'habitants qui venaient de retrouver le courant l'ont donc à nouveau perdu. Cela a été notre cas hier soir. Coupure à 20H30. C'est revenu. 2 minutes. Ça a vacillé. Puis c'est reparti. Un immense éclair bleu électrique (c'est le cas de le dire) a parcouru la ligne électrique devant la maison et a éclairé la rue pendant quelque secondes. On peut dire que j'ai vu une aurore boréale de substitution. Magnifique et impressionnant. Mais aussi le signe que c'était fichu. Comme il nous est demandé de le faire en pareille occasion, nous avons appelé la compagnie d'électricité pour leur signaler la disparition du courant. Réponse: "il sera rétabli d'ici vendredi".

C'est reparti: installation de bougies et lampes de poches dans toutes les pièces. Surtout les toilettes. Oui c'est un peu rock'n'roll d'utiliser la baignoire et les lieux d'aisance dans le noir. Surtout pour Joseph qui a quelques acrobaties à réaliser pour sortir de son fauteuil, déjà en temps normal, alors dans ces conditions particulières... Mise en place des plaques de métal autour de la gazinière pour diffuser la chaleur. Et puis surtout: "Eeeeeeeeeeeeeeet qu'est-ce qu'on fait maint'nant?'" (Benny B. pour ceux qui ont reconnu. Rho, oui, bon, ça va, hein. On peut se détendre aussi.)

Comble du sort: il fait plus clair dehors avec la lumière de la lune qui se reflète sur la neige qu'à l'intérieur de la maison!



Côté clair.


Bon.

On a un toit. On est "au chaud". On a de quoi manger et boire. On va pas se plaindre.


On joue aux cartes. La semaine dernière, on les a pas mal usées. J'ai appris à jouer au poker avec un vieux briscard: Pat. Le père de Joseph a beaucoup fréquenté les cabarets de New York et les casinos dans les années 50 où il a fréquenté du beau monde: Nat King Cole, Judy Garland, Sammy Davis Junior, Sinatra... Tout en m'expliquant les règles du poker (ainsi que quelques variantes qu'aiment les joueurs aguerrés), il nous raconte quelques parties mémorables avec leurs secrets, leurs regards, leurs enjeux financiers, leurs stratégies. C'est passionnant. On arrête même de jouer pour l'écouter. Pat a été un membre influant du syndicat de sa profession jusque dans les années 90. Il était régulièrement envoyé en convention à Washington (d'où la photo de la famille avec George W. Bush père que vous avez vue il y a quelques temps sur le blog). Il nous raconte une partie de poker mémorable où le sort lui a été favorable. Les détails sont tellement prégnants qu'on s'y croirait: son regard, ses cartes, les couleurs, les échanges de regard, les paroles prononcées, la façon de tenir ses cartes, le minutage, ce qu'il pense avoir, ce qu'il pense perdre. Le suspense est de mise pour nous qui écoutons. J'ose à peine imaginer ce qu'il a dû être sur le moment avec de l'argent en jeu! Il a gagné 3000 dollars en quelques secondes le jour des 50 ans de mariage de ses parents. Un anniversaire de mariage dont ils se sont souvenus longtemps puisqu'issus d'un milieu pauvre (immigrants italiens de Jersey City), Pat a pu ce soir là leur offrir un bon restaurant, une soirée au Casino et une nuit d'hôtel sur la côte pour les distraire de leur quotidien.

Nos longues soirées sans électricité ont aussi été constructives pour Joseph. Bien que ses guitares aient subi les assauts du froid et surtout de l'humidité (cela fait partie des "tracas" que je mentionnais dans un post précédent; ses guitares sont ses outils de travail), il a travaillé et a eu l'idée d'un nouveau projet dont il parlera prochainement. En attendant, un petit rappel de sa chaîne de musique surYoutube:
http://www.youtube.com/user/JosephVisaggi?feature=watch

Le travail des uns a fait le bonheur des autres puisque nous avons pu au moins pendant ces soirées bénéficier de l'agrément d'une animation musicale à domicile. La musique adoucit les moeurs... (mais pas les morues, comme me le suggère le correcteur orthographique pour qui le E dans l'O n'existe pas tout en me signalant l'erreur sur "moeurs").


Pour revenir à nos moutons: de façon tout à fait miraculeuse, le courant est revenu pendant que nous dormions, vers minuit et demi. Tout s'est remis en route. Par ces temps halloweeniens qui courent, je peux vous dire qu'entre Sandy qui a fait claquer les vitres pendant son passage, en hurlant, les arbres qui ont fait tomber des morceaux de glace cette nuit qui roulaient sur le toit, faisant un bruit similaire à des gens qui marchaient sur le toit, et les lumières et les télés qui se remettent en route toutes seules dans la nuit, j'ai eu ma dose de frissons ces deux dernières semaines! Paranormal Activity! Pas besoin de regarder des films d'horreur.

Avant le passage de Sandy, Christy (la soeur de Joseph, pas le gouverneur de notre état, hein!) nous avait proposé de les rejoindre à Atlanta, en Géorgie, pour échapper à la tempête. Hé bien, ils sont également touchés par la neige depuis aujourd'hui, donc il est vraiment difficile de trouver le point de chute idéal par les temps qui courent! La Lorraine... peut-être?  ;-)

mercredi 7 novembre 2012

La règle des Redskins.

Maintenant que les résultats ont donné Obama vainqueur, je peux publier cette anecdote (bah oui, je suis superstitieuse!).

Il s'agit de la "Règle des Redskins" (Redskins Rule).

Voici en substance, en quoi elle consiste: lRedskins Rule dit que le dernier résultat à domicile de l’équipe des Redskins (football américain) permet de prédire le résultat de l’élection présidentielle. Si les Redskins gagnent, le parti qui a remporté la précédente élection (en l'occurrence les Démocrates en 2008) gagne la suivante, et vice-versa. La règle s'est vérifiée pour les 18 dernières élections présidentielles et est un élément très sérieux de prédiction ici, autant, si ce n'est plus, que les sondages.

Or les Redskins ont perdu leur dernier match à domicile. Le vainqueur de l'élection aurait donc dû être Romney.

C'est un peu comme l'histoire de Paul le Poulpe qui prédisait les résultats de l'équipe de foot d'Allemagne.

Vous en penserez ce que vous voulez, mais ici, cela est pris très au sérieux et c'est notamment la raison pour laquelle nous étions pessimistes quant à la ré-élection d'Obama.

Sans compter que pendant les trois premières heures de couverture de l'élection à la télé, la rouge était la seule couleur visible sur nos écrans car aucun des états clés qui ont permis la victoire d'Obama n'avait encore livré ses résultats. Ce n'est que vers 22h30 que les choses ont commencé à s'inverser et à laisser penser qu'Obama avait une chance de réélection. Les yeux étaient rivés sur l'état-clé de la Floride où l'écart entre les deux candidats était ridiculement bas (quelques milliers de voix d'écart seulement). Quand les résultats de l'Ohio ont commencé à inverser la tendance, et que la très républicaine chaîne Fox News a publié "Obama re-elected", alors que les résultats n'étaient pas encore officiels, on a compris que c'était bon.