lundi 29 décembre 2014

La magie Disney.

Quand Joseph m'a dit l'an dernier qu'il avait trouvé une maison à Venice, en Floride, j'avais immédiatement regardé sur Google Map pour voir où cela se situait. J'avais repéré Orlando, à deux heures de Venice. Qui dit Orlando dit Disney, et l'atterrissage à Orlando en février dernier s'était d'ailleurs fait sous les auspices de Mickey Mouse: j'avais reçu un baptême auriculaire à mon arrivée à l'aéroport, Joseph m'attendant avec un chapeau de Mickey posé sur ma tête telle la couronne lors du sacre de Charlemagne.

Dès lors, l'objectif Disney s'était clairement dessiné. Restait à trouver une date de visite, février étant consacré à la croisière aux Bahamas, mai étant consacré à la visite de Miami et des Keys, et l'été s'étant déroulé dans le New Jersey et les montagnes de Virginie.


[je me relis et je trouve que cette phrase fait genre "jet-setteuse overbusy" :-p]


Cette fois-ci était la bonne. Aller à Disney World, juste avant Noël qui plus est, je ne pouvais espérer mieux pour recharger les batteries du rêve. Je suis quelqu'un de lucide et cartésien, mais un peu de féérie, de magie et d'insouciance sont aussi les bienvenues une fois de temps en temps pour décompresser. Et je ne pensais pas apprécier autant ce séjour dans le sanctuaire de l'amusement.


Nous sommes partis le dimanche 21 dans la matinée et avons rejoint l'hôtel "B Resort and Spa Buena Vista" à la mi-journée. Drôle de nom pour un hôtel que la lettre B, mais au final c'est une lettre qui leur permet de faire toute leur com avec cette lettre. Be enchanted. Be nourished. B indulged. Nous avons trouvé particulièrement drôle le "Be prepared" sur le papier toilette. "Soyez préparé"... euh...


Notre chambre était très grande. Lit king size, salle de bains gigantesque et moderne, tonalités bleu et gris vraiment très chouettes.




Une fois l'installation dans la chambre réalisée, nous avons rejoint le parc pour notre journée d'amusement. Notre hôtel ne se situait pas à l'intérieur du site Disney lui-même mais quand même dans la zone Disney Resort, à 5 minutes du parc.


Walt Disney World. Where Dreams Come True.
MAGIC KINGDOM

C'est parti pour deux journées d'amusement!

Longer Main Street décorée pour les fêtes est vraiment féérique. Musique, odeurs de circonstances. Je me permets ici de citer mon amie Séverine qui a un jour a dit "Minnie sent la cannelle". CQFD. 

La question pour nous était de savoir si les attractions étaient accessibles aux personnes en fauteuil. Joseph restait un peu sur sa faim concernant la mauvaise expérience de Legoland au Danemark: nous avions emprunté la file qui indiquait les fauteuils roulants pour au final s'entendre dire devant le portillon de montée dans le manège "il faut pouvoir marcher pour y accéder". (Ah. Alors pourquoi indiquer un pictogramme de personne en fauteuil?). Idem cet été à EuropaPark: le site internet indiquant que "pour des raisons de sécurité en cas d'évacuation du manège, les personnes en fauteuil roulant n'étaient pas admises dans les manèges à sensation" type roller coaster, particulièrement prisés de Joseph. On n'avait donc pas tenté le déplacement exprès pour regarder les autres s'amuser.

Bonne surprise à Disney World, cependant: les manèges sont répertoriés selon différents pictogrammes: 

May Remain in Wheelchair/ECVMay Remain in Wheelchair/ECV (Les personnes peuvent rester dans leur fauteuil/scoooter de mobilité pour cette attraction)
Must Be AmbulatoryMust Be Ambulatory (les personnes doivent pouvoir marcher)
Must Transfer from Wheelchair/ECVMust Transfer from Wheelchair/ECV (les personnes doivent pouvoir se transférer seuls de leur fauteuil vers l'attraction)

(emprunt au site Disney)
Nous avons ainsi pu faire les attractions suivantes avec transfert de Joseph depuis son fauteuil:

- Space Mountain®: pointes de vitesse intéressantes mais le plus gros de l'attraction se fait dans le noir complet donc pour moi ça limite son intérêt.

- Big Thunder Mountain Railroad®: j'ai beaucoup aimé les accélérations, y compris dans les virages. Ça swingue!

- Haunted Mansion®: presque deux heures d'attente pour pas grand chose au final. Franchement, à mois d'avoir le Fast Pass, on en conseille pas.

- Splash Mountain®: une attraction qui "splashe", avec hauteurs et descentes, bonnes sensations dans la descente et les faux-plats.

- Pirates of the Caribbean®, attraction intéressante, avec un univers de pirates très bien reconstitué, des scènes de pillage maritime, des villes en feu, des scènes urbaines. Avec en prime un Jack Sparrow plus vrai que nature! On a beaucoup aimé.

- et bien évidemment, l'inévitable, l'incontournable, l'immanquable It's a Small World®! Royaume des poupées qui célèbre la diversité dans le monde, avec l'air ♪ inoubliable ♫ qui va avec!

Remarque concernant les files d'attente pour les personnes en fauteuil: nous n'avons pas bien compris le système. Pour trois attractions, les employés Disney sont venus vers nous sans qu'on ne demande rien pour nous donner une carte à présenter à l'embarquement avec l'heure prévue. Concrètement, c'est génial car ça permet de ne pas faire la queue, d'aller faire d'autres trucs pendant l'heure qui reste (toilettes, manger, attraction visuelle), et de se pointer directement au portail d'embarquement de l'attraction. Pour les autres attractions par contre, aucun ticket, file d'attente traditionnelle.   

 Ces attractions peuvent se faire en restant dans son fauteuil:

- Country Bear Jamboree, un spectacle très amusant d'ours en peluches grandeur nature, animés, qui jouent du blues, de la country et du jazz dans un théâtre. J'ai adoré! (et en plus ça permet d'être assis plus de 10 minutes, ce qui n'est pas du luxe à Disney avec toutes les files d'attente et les attractions souvent trop rapides. Ce n'est sans doute un secret pour personne mais il faut vraiment s'équiper de bonnes chaussures confortables pour le séjour à Disney).

- Liberty Square River Boat, bateau avec roues à aube, qui permet de visiter les bords du Mississippi dans des berges aménagées et reconstituées avec beaucoup de soin (campement d'indiens, pêcheurs...) et qui permet de retrouver l'ambiance de Tom Sawyer, Huck et Becky. C'est d'ailleurs la Tom Sawyer Island que nous longeons avec ce bateau. Un univers que j'adore!

Lors de notre deuxième journée sur le site, nous sommes arrivés pile poil pour  la parade de midi 30. 

Comme tout à Disney, c'est parfait! Nous étions assez bien situés même si l'intégralité des emplacements prévus pour les fauteuils étaient déjà occupés.

[Nota Bene que je devrais appeler coup de gueule- dans un post consacré à la magie et la féérie ça détone, mais tant pis: la plupart des gens qui occupent des emplacements handicapés dans les parkings à Disney et qui se déplacent en fauteuil ou en scooter de mobilité à Disney ne sont pas "handicapés" à proprement parler. Nous avons vu une famille de deux adultes et deux enfants, qui couraient tous les 4 comme des lapins quand il s'agissait d'aller manger ou aux toilettes, mais qui se déplaçaient avec ce moyen de locomotion. Alors certes, tout le monde peut avoir ses faiblesses, mais cela implique des situations quelque peu embarrassantes pour les personnes en réelle situation de handicap. Je vous donne un exemple: en arrivant sur le parking le troisième jour, l'une des placeuses voit que notre voiture a une immatriculation "handicap". Elle nous indique un emplacement lambda sur le parking. Nous demandons: "parking handicapé?" en montrant l'immatriculation. Elle persiste à nous laisser où nous sommes. Nous insistons gentiment. Et là, remords soudains de la placeuse voyant le fauteuil à l'arrière du véhicule: "Ah, vous avez un fauteuil! Dans ce cas là le mieux c'est de vous garer plus proche là-bas." 

Voilà l'un des écueils du traitement du handicap aux USA: il est tellement courant que des personnes sans autre handicap que quelques difficultés de marche (ou, désolée de le dire, une grosse flemmite aigüe) possèdent une carte de stationnement handicapé (quelquefois temporaire) pour le parking que les professionnels comme les placeurs de parking en sont blasés et n'arrivent pas, de fait, à attribuer les places prioritaires à ceux qui en ont réellement BESOIN. Bref. Retournons à moutons].


Voici quelques images de la parade de Noël:
  
Le carrosse de Cendrillon.






Cette petite armée m'a vraiment plu! Les nutcrackers, souvenez-vous, sont ici la quintessence de Noël. 


Je dois mentionner ici un exploit de Joseph qui fera l'objet d'une future vidéo sur sa chaîne Youtube. Joseph a tenu à faire l'attraction Swiss Family Treehouse (La Cabane des Robinson), tirée d'un livre que Joseph a adoré étant petit. Grimper dans cette cabane, aussi artificielle fût-elle dans le royaume magique de Disney, était donc un rêve pour lui. Problème: elle est répertoriée comme Must Be Ambulatory, donc complètement inaccessible aux fauteuils.


L'employée Disney au portail de cette attraction a donné son accord à le demande un peu farfelue que nous lui avons formulée: "L'attraction mentionne que les personnes "doivent pouvoir marcher". Ce n'est pas spécifié que c'est sur les pieds. Si je le fais sur les mains, est-ce que vous me laissez monter?" La réponse positive a été directe.


Nous avons donc procédé à la traditionnelle brouette (n'y voyez aucune allusion kamasutresque). Joseph a monté sur les mains les 116 marches de cette attraction pendant que je levais lègèrement ses jambes pour l'aider à se propulser un peu plus vite. Joseph s'est fait féliciter par quelques personnes au passage. Une personne a même proposé son aide pour réguler le flot incessant de personnes mais elle s'est rendue compte au moment de la demande que Joseph avançait aussi vite que les autres et a donc laissé tomber en disant "oh... no... you handle this very well, way to go, man!".


Voici quelques images de la montée et des cabanes:






Fin de notre passage au Magic Kingdom de Disney:

Le château de la Belle au Bois Dormant en train de s'illuminer avec l'obscurité. Il scintille complètement dans le noir total.

Main Street illuminée.
Le château qui scintille complètement, bien moins beau en photo qu'en vrai.


Le magnifique sapin au bout de Main Street.
Et pour finir cette partie sur le Magic Kingdom:
https://www.youtube.com/watch?v=9E-_teI1g3Y


La température le soir avoisine les 25 degrés, et pourtant, il neige dans Main Street. C'est pas magique, ça?

;-)

EPCOT

Nous avons passé notre dernière journée Disney à EPCOT.

Cette autre partie de Disney est moins connue pour nous Français. C'est un parc d'attractions qui appartient à Disney, créé en 1982, soit 9 ans après le Magic Kingdom.

Voici une explication de mon ami Wiki:


"Ce nom provient de l'acronyme de Experimental Prototype Community Of Tomorrow ou Prototype expérimental d'une communauté du futur, un projet de ville imaginé par Walt Disney dans les dernières années de sa vie.
Ce projet était cher à Walt Disney car il cristallisait ses rêves d'urbanisme et de solutions pour le futur. Il mourut avant même le début de construction du premier parc de Floride, le Magic Kingdom, étape préliminaire avant la réalisation de la ville. Le projet changea beaucoup pour devenir un parc d'attraction. Depuis c'est un parc avec des attractions technologiques impressionnantes (Future World) et des pavillons de nations dont l'architecture est reproduite avec minutie (World Showcase).
Le parc se veut éducatif, ce qui contraste un peu avec les autres parcs à thèmes de Disney, plus orientés vers le loisir et serait l'origine de son léger insuccès. "

me s'il est vrai qu'il se différencie quelque peu du Magic Kingdom par des infrastructures moins ciblées sur la jeunesse, et plus sur le futur et la science, il n'en est pas moins symbole d'amusement et nous avons d'ailleurs beaucoup apprécié cette troisième journée de découverte, et particulièrement deux de ses attractions vraiment "à sensation":  Mission: Space® et Test Track®. Test Track® a été notre coup de coeur du séjour. Elle est sponsorisée par Chevrolet. Pour faire patienter les gens dans la partie intérieure de la file d'attente, chaque personne est invitée à scanner son pass personnel pour créer le prototype de ses rêves. Ce protoype sera réutilisé durant l'attraction pendant la course d'essais. Vraiment génial, et de vraies super sensations de vitesse puisque vous prenez place dans le prototype qui subit crash tests et autres pointes de vitesse en ligne droite et dans les virages!!

Nous avons aussi fait The Seas with Nemo & Friends®, sans doute plus intéressant pour de jeunes enfants mais le mélange des mondes fictifs et réels (passage sous un bassin aux requins- vrais, ceux-là!) donne un cachet sympathique à cettre attraction "cool". A savoir aussi: elle est complètement accessible en fauteuil car ils ont des voitures spéciales avec rampes pour faire monter le fauteuil dedans. C'est sioux, comme dirait l'autre.  

Le reste de la journée a été consacrée à une promenade dans le World Showcase, partie du parc aménagée à la façon d'une foire expo internationale qui permet de découvrir les spécificités de certains pays en visitant des bâtiments de l'architecture du pays, en visionnant des films vantant leurs monuments et coutumes, et en proposant des spécialités artistiques, artisanales et culinaires desdits pays. Vraiment agréable. 

Nous avons ainsi assisté à un concert de tambours japonais, visité un village mexicain, mangé une saucisse et de la salade de pommes de terre en "Allemagne".  Nous avons squeezé la partie française pour nous concentrer sur des choses étrangères pour tous les deux. 

L'entrée du parc: une géode accueille les visiteurs dans la partie Future World.


Le Japon dans le World Showcase.


A la sortie de Test Track®

Mon moment totalement inattendu du séjour! =D
Du plaisir, de la joie, de l'amusement, du rire, MERCI MICKEY! On reviendra *!



* mais pour sûr, nous ne referons plus l'attraction Soarin®. DEUX HEURES d'attente pour moins de 3 minutes d'une attraction pas si terrible que ça, on a été super déçu. Ça ne méritait pas plus qu'un astérisque, et c'est pourtant l'une des attractions les plus populaires. 

samedi 20 décembre 2014

Bientôt Noël!

La transition avec l'article précédent est facile à trouver.

Je suis en Floride depuis jeudi soir, sous des températures bien plus clémentes qu'en Lorraine.

Nous sommes allés faire quelques courses avec Joseph il y a quelques instants et devinez quoi! Le Père Noël est arrivé sur son traîneau un peu spécial, rempli de cadeaux et de guirlandes enluminées. Peut-être venait-il de West Virginia? ;-)




Je vous laisse aussi profiter de la vue que nous avons en sortant de notre maison le soir:


Les voisins ont mis le paquet. Un palmier de Noël, j'avais encore jamais vu!

Hier soir, nous avons fait notre sapin:


Il est rempli de décorations personnelles que Joseph a achetées ou reçues au cours des années et des voyages effectués. 

Let the Christmas spirit begin!

jeudi 11 décembre 2014

I met Santa in West Virginia.

Joseph vient de publier une nouvelle chanson. Vous remarquerez en dessous de la date qui est la personne qui a inspiré la chanson ;-):

https://www.youtube.com/watch?v=DB7agEFE8kg&list=UU6IVZUWOgBnFrP9BQzl6Tqg

Cette chanson est née lors de nos vacances d'août en Virginie Occidentale. Souvenez-vous, je vous racontais dans un précédent article les hillbillies rencontrés lors de ce voyage dans les montagnes. C'est en fait en croisant des ouvriers sur une route de montagne que m'est venue une réflexion, date de départ de cette chanson.

Je suis très contente que cela ait inspiré Joseph, et surtout j'aime beaucoup la mélodie qui lui est venue que je trouve entraînante.

Si cette chanson vous plaît, merci de la partager autour de vous à l'aide du lien fourni ci-dessus.

dimanche 30 novembre 2014

Je suis arrivée aux Etats-Unis le premier jour des vacances de la Toussaint. Pas de temps à perdre. Le besoin de se sentir en vacances dans un ailleurs matériel était fort. L'avion sert toujours de première soupape pour cela. Cette routine internationale n'est pas sans me déplaire même si elle a de gros inconvénients, à commencer par le budget.

Je craignais que l'épidémie Ebola me fasse perdre beaucoup de temps dans les deux aéroports de départ et d'arrivée, mais ce ne fut absolument pas le cas, ni en Europe, ni aux Etats-Unis. Je n'ai donc pas perçu la psychose américaine dont les journalistes abreuvaient les infos. Il n'empêche que Joseph, de par sa poisse légendaire, souhaitait éviter tout contact avec des inconnus d'aéroport. Réflexion faite, il est vrai que nous ne savons pas vraiment de quelle destination vient notre voisin de siège d'avion, qui sont les gens qu'il ou elle a contactés ni dans quel milieu. La dernière fois que Joseph est venu en Europe, son voisin dans l'avion était un Nigerian qui se rendait en Afrique avec un vol de transit par Francfort.

C'est donc sans encombres bactériologiques que mon arrivée s'est faite aux USA. J'ai été accueillie par un temps automnal et un vent un tantinet frisquet. La promesse que les arbres avaient revêtu leurs belles couleurs d'automne que j'aime tant de ce côté-ci du monde. Il avait été question que nous allions en Floride pour mes vacances, mais Joseph a changé d'avis et au final cela n'a pas été pour me déplaire. J'aime quand nous sommes en Floride pour tout un tas de raisons, mais j'apprécie aussi la côte du New Jersey et la vie tranquille du comté de Monmouth, où nous avons nos petites habitudes.

Halloween is coming

Nous avons utilisé notre première journée à visiter une ferme voisine, devant laquelle nous sommes passés et repassés incessamment depuis trois ans. Nous y avions repéré des animaux et nous savons qu'ils vendent leurs légumes et aussi quelquefois leurs volailles, notamment pour Thanksgiving. La surprise fut de taille car vue de la route, la ferme ne laisse pas supposer l'étendue réelle de la propriété ni de ses habitants.

Etant donné qu'Halloween approche, les familles sont nombreuses pour les week-ends spéciaux d'accueil du public. Nous payons 5 dollars et recevons un sac de carottes coupées à donner aux bêtes. Nous y voyons de belles biquettes, des ânes, des chevaux, des poneys, des vaches et même des zébus.


C'est reposant pour la vue et l'esprit. Surprise également: la ferme est si vaste qu'elle propose un pumpkin patch, un champ de citrouilles où les gens viennent choisir la leur pour Halloween. Les citrouilles sont énormes! Pour les nouveaux venus sur mon blog, un petit rappel: les citrouilles américaines ne sont utilisées que pour la déco ou les tartes à la citrouille. Les soupes, purées ou autres utilisations en légume de la citrouille ne sont absolument pas connues ou du moins fameuses. Joseph était surpris que je lui aie fait part l'an dernier des bonnes soupes de potiron que je préparais. Il m'avait regardé avec des yeux gros comme des citrouilles. =) (les rares citrouilles comestibles sont en fait appelées squash, et non pumpkins, et sont des équivalents de nos courges doubeurre).


Je me suis contentée d'une photo au milieu du champ car il était encore trop tôt dans le séjour pour se procurer une citrouille et la creuser pour la soirée d'Halloween (date de mon départ pour la France en fait):


J'aime beaucoup la photo de ce poney qui nous regarde de travers, l'air de dire: "J'fais genre je l'ai pas vue avec son appareil photo celle-là".


Le domaine comportait également un labyrinthe végétal. Le champ de maïs était immense, vous voyez d'ailleurs sur cette photo la hauteur des plantations.


Nous nous y sommes aventurés pour s'amuser, mais la progression s'annonçant longue par ce froid vif, nous sommes revenus sur nos pas pour retrouver rapidement la chaleur du domicile.

Ce séjour a aussi donné l'opportunité à Joseph de revoir son professeur de guitare del'époque, Skip Azzalina. Skip fait partie d'un groupe, les Decoy Clones, tendance folk rock. Ce musicien de talent est en plus une personne adorable et souriante qui a pris le temps de venir discuter avec Joseph pendant sa pause. Cela faisait une bonne dizaine d'années qu'ils ne s'étaient plus vus.


Joseph est très admiratif de son professeur qui lui a non seulement appris à découvrir des techniques de guitare, mais qui est surtout très talentueux avec une gestuelle et une appréhension des morceaux presque intuitive. Difficile à décrire, mais peut-être que le mot "magique" est celui qui convient le mieux quand on l'entend et le voit jouer.  Les Decoy Clones jouaient ce soir là dans un pub du comté où a grandi Joseph, dans le nord-ouest du New Jersey, à la frontière de la Pennsylvanie.

Non seulement l'ambiance était extra, avec de la musique de qualité, essentiellement des reprises de Jimi Hendrix, Bob Dylan, Deep Purple et j'en passe, mais les plats étaient également succulents. Je me suis régalée d'une assiette de lobster ravioli, plat que j'ai découvert aux USA et qui est assez courant dans les restaurants italiens ou de fruits de mer. Comme son nom l'indique, ce mets est composé de raviolis farcis au homard, et servi avec une sauce mélangeant beurre, tomate, un peu de crème, et quelquefois de la vodka. [La vodka est souvent utilisée dans les préparations de pâtes aux Etats-Unis. Les penne vodka y sont d'ailleurs un plat courant sur les cartes de restaurants, sur la côte est en tout cas.]

Une soirée bien agréable donc, qui nous a de plus permis de passer la nuit dans un hôtel du coin qui avait décoré son entrée à la sauce Halloween:



Les bottes de paille et les citrouilles sont un décor traditionnel dans les magasins et en particulier les jardineries à l'approche d'Halloween.

Pour rester dans la thématique de cette festivité, Joseph a tenu à m'emmener dans un parc d'attractions célèbre aux Etats-Unis, Six Flags. Ce parc d'attractions (comme d'autres du nom), utilise la franchise de la Warner Bros et les personnages des Looney Tunes. Six Flags proposait en octobre des soirées spéciales "peur" pour Halloween. C'est donc sur les coups de 20h que nous nous sommes rendus au Six Flags Great Adventure, à l'assaut des fantômes, zombies et autres créatures des ténèbres. J'ai beaucoup aimé l'ambiance spéciale. Le parc a embauché nombres d'acteurs pour faire vivre le parc et impressionner les touristes, en plus de diffuser des effets visuels et sonores dans tout  le parc qui donnaient la chair de poule.

Ainsi, certains zombies se cachaient derrière des poteaux et surgissaient de l'obscurité au passage de certaines personnes, leur attrapant les pieds, ou se mettant discrètement derrière eux en poussant un cri. Un effet sonore très efficace était le frottement d'un objet métallique contre le sol au moment où l'on passait dans des endroits non éclairés.

Alors qu'un couple nous prenait en photo devant un kiosque à squelette, cet indien a surgi de nulle part sur Joseph. Ce qui explique ma posture un peu bizarre, la photo a été prise en pleine action!


J'ai quelque peu déçu Joseph qui souhaitait à tout prix faire un manège à sensation. Mon courage m'a lâché une fois devant l'attraction... il faut dire que l'attraction en question, c'était ça:



Le Kingda Ka. Ce sont les montagnes russes les plus hautes du monde, et c'est un système de propulsion qui vous fait monter à la verticale avant d'entamer un virage de 90 degrés vers la gauche, pour vous faire redescendre à la verticale, en effectuant une rotation sur la droite de 270 degrés.
La hauteur (139 m) et la verticalité de l'attraction m'ont fait paniquer. Je tâcherai d'être plus vaillante une prochaine fois. (Rien que de décrire l'attraction et de revoir la photo, j'ai des palpitations!).

Catskill Mountains

Notre séjour dans les Blue Ridge Mountains de l'été nous ayant vraiment plu, j'ai proposé à Joseph de découvrir un autre endroit montagneux réputé: les Catskills. Situés au nord-ouest de New-York, dans l'état du même nom, au nord de la vallée de l'Hudson, ces montagnes font la joie des skieurs l'hiver.

Bien que très reposants, j'ai trouvé les paysages moins impressionnants qu'en Virginie de l'Ouest, même s'il est vrai que nous n'avons pas à proprement parler vu ou visité les sommets les plus hauts de cette chaîne, plus au nord.

Par contre, les collines et les forêts m'ont vraiment fait penser à l'Ecosse, mon Ecosse adorée qui me manque et où j'aimerais beaucoup retourner. J'y songe de plus en plus.

La première étape de notre court séjour dans les Catskills était les chutes de Kaaterskill. Décrites dans beaucoup de sites comme le Niagara du sud, la déception a été grande en arrivant sur place. Certes, les cascades sont belles, mais elles n'ont rien de commun avec les chutes du Niagara. Ni en hauteur, ni en majesté, ni d'ailleurs en accessibilité.


Elles sont nichées dans le virage d'une route de montagne où il est impossible de se garer. Un petit parking a été aménagé quelques centaines de mètres plus haut, obligeant les randonneurs ou piétons de passage à descendre la route à pied, sans protection et dans une montée dangereuse pour les véhicules. Joseph a passé son tour pour cette vue, se contentant des microsecondes aperçues lors de la montée en voiture, puis des photos que je lui ai rapporteés. Les cascades sont le point de départ d'une randonnée en forêt, chemin très escarpé réservé à des randonneurs chevronnés et équipés.

Le point de stationnement des véhicules se situe par contre à un emplacement qui offre un panorama très beau sur la vallée du Kaaterskill, que voici sous ses belles couleurs d'automne:



Cette vue a d'ailleurs été peinte par les artistes de la Hudson River School au XIXè siècle. Ce mouvement artistique est né aux Etats-Unis au XIXè siècle, créé par des peintres influencés par le romantisme. Claude le Lorrain, Turner ou Constable ont fait partie des artistes qui ont inspiré les peintres de l'école d'Hudson. Leur fil directeur est la majesté des paysages et grands espaces américains, qu'ils associent au paradis originel, et signe pour eux de la bonté de Dieu.

Cette partie, que nous pensions point d'orgue visuel de notre séjour, n'était en fait qu'un avant-goût picturesque de ce qui nous attendait.

Le séjour se voulait court car Joseph tenait à limiter les déplacements sur les seuls 13 jours réels de nos retrouvailles, aller-retours à l'aéoroport compris. J'ai donc fait en sorte que cela tienne sur 3 jours maximum. Nous avons, après la vallée du Kaaterskill, pris la route vers le sud.

Il me tenait à coeur de passer dans deux endroits dont les noms me semblaient incontournables: Big Indian Wilderness et Woodstock. Yeah, baby!

Direction l'Ashokan Reservoir, lac enclavé dans des collines, qui a été pour moi un moment d'émerveillement. Ce lac est en fait la réserve d'eau de la ville de New York. L'accès n'y est plus possible en voiture sur l'un de ses tronçons. Nous avons donc emprunté un contournement pour garer la voiture plus loin et le longer à pied, sur la route fermée à la circulation et d'ailleurs surveillée par des gardes, installation stratégique oblige.

Les vues étaient imprenables, les couleurs et les reflets incroyables de nuances, et m'ont permis, en plus de la balade très agréable, d'exercer mon oeil aux prises de vues car notre déplacement plus le changement de lumière et de direction m'ont donné la possibilité de faire de très belles photos.

En voici quelques unes:


La route fermée à la circulation. Idéal pour les balades tranquilles, à vélo, en fauteuil, à pied, en roller...  

Les couleurs et les reflets.

Paysage d'automne vu de la route.


Détails des reflets dans l'eau. J'ai trouvé cette vue très impressionniste. Ça me donne envie de me remettre à la peinture.  

Le ciel et ses sillages de nuages qui se reflètent dans l'eau.

 Sérénité.

La quiétude du lieu, de plus très peu fréquenté vu la saison et le jour de la semaine choisi (un lundi hors vacances scolaires américaines), a été appréciée.

Nous avons poursuivi notre route jusqu'à un hôtel qui, bien que réservé avec soin, nous a beaucoup déçus, notamment pour une déconvenue en rapport à l'accessibilité. Lors du choix de la chambre quelques jours avant, deux options étaient possibles: chambre accessible avec douche roll-in, ou chambre accessible avec baignoire. Joseph avait eu la confirmation de l'hôtel avant notre arrivée que la chambre comportait une baignoire accessible.

Joseph déteste les douches roll-in pour quatre raisons. La première: il trouve les douches roll-in dangereuses pour des questions d'équilibre. Il est déjà tombé plusieurs fois d'un banc de douche "adapté" car ils ne sont pas adaptés aux problèmes d'équilibre dus à son handicap. La deuxième: certains hôteliers s'imaginent que toutes les personnes en fauteuil se baladent  avec un fauteuil spécial pour la douche ou leur chaise de douche dans leurs bagages; conclusion: la douche est roll-in, mais impossible de l'utiliser car elle n'est des fois pas équipée (c'était le cas dans cet hôtel). La troisième: ses habitudes de transfert sont facilitées dans une baignoire plutôt que vers une chaise de douche. La quatrième, tout simplement: il adore prendre des bains; ça le détend et il s'y sent à l'aise.

A l'arrivée à l'hôtel, nous nous rendons donc dans ladite chambre. Déjà, surprise: l'hôtel est construit en pente. Rejoindre la chambre de l'intérieur signifie donc marcher le long d'une pente car les chambres sont en hauteur par rapport au lobby.  Sinon, il fait ressortir, remonter dans la voiture, faire le tour de l'hôtel et gagner la chambre de l'extérieur par une entrée latérale. C'est faisable, mais... autant éviter un énième transfert fauteuil-voiture (ils sont nombreux quand on voyage et visite des sites et c'est fatiguant). C'est parti pour la longue marche avec bagages. On arrive devant la chambre, la chambre 7. C'est une douche roll-in dans la salle de bains... GRRRRRRR. Retour à l'accueil par la pente descendante cette fois-ci. C'est plus aisé, mais le sol est recouvert de moquette toujours épaisse dans les hôtels et ça aussi, c'est une galère pour progresser en fauteuil.

Il explique le problème. La dame est très aimable. Elle appelle son collègue avec son talkie-walkie et lui explique que la chambre ne convient pas. Réponse du collègue: "Handicapé? Chambre 7". Ben... comment te dire... on en vient. Elle insiste: il faut une chambre accessible avec une baignoire. Peine perdue. Gênée par la situation, et afin de ne pas nous décevoir, elle veut nous proposer une suite en échange, car elles sont plus grandes et plus confortables. Re-talkie-walkie. Re-réponse cinglante: "Impossible. Marches pour y accéder".

Bon.

Joseph a insité pour avoir une chambre "normale". Voeu exaucé. Elle nous donne une dernière information: l'hôtel est pet-friendly, c'est-à-dire qu'il accueille les animaux domestiques des clients qui le souhaitent. "Ne soyez donc pas étonnés de croiser des chiens ou d'entendre aboyer".

OK.

Ah ouais. Ce qu'elle a peut-être voulu dire, aussi, c'est que l'odeur dans les chambres était une conséquence de cette politique d'établissement. Odeur très désagréable déjà présente dans la chambre "Handicapé-7". Crévindiou. Je veux bien que je sois très sensible aux odeurs, mais là...

Nous avons tenté de faire abstraction de cet inconvénient en laissant la fenêtre ouverte la nuit.

Le lendemain, c'est avec une grande excitation que nous sommes partis à la conquête de Woodstock.

Si vous regardez une carte de l'état de New York, vous constaterez que le village de Woodstock proprement dit se situe au nord de l'Ashokan Reservoir. Mais c'est au sud du lac que se situe le lieu du festival, à Bethel, plus précisément.

Petite explication. Le festival devait originellement avoir lieu dans un champ de Woodstock même, mais les habitants des alentours craignaient l'arrivée en masse des festivaliers. Les organisateurs ont donc dû aller chercher plus loin, et c'est à Bethel, village au sud de l'Ashokan Reservoir, à environ une heure et demie de route de Woodstock, qu'ils ont trouvé un fermier qui leur louera son terrain. Ils ont par contre décidé de garder le nom du festival car toute la logistique et publicité avaient été faites en rapport au lieu d'origine, Woodstock. Le reste, vous connaissez: 500 000 spectateurs au lieu des 50 000 prévus, et le succès mondial qu'on connaît.

Si vous vous demandez à quoi ressemble Woodstock 45 ans après, hé bien: c'est de la cambrousse et des forêts. Rien d'artificiel ni de surfait. Des routes de campagne, aucune publicité, des fermes et maisonnettes de style de vie rural, rien qui n'exagère ou ne surfasse le lieu, et ce n'est pas plus mal. Tout au plus, quelques maisons possèdent dans leur jardin un "Peace and Love" en bois. C'est donc la simplicité la plus totale qui caractérise ce lieu.

La visite a malheureusement tourné court car le site est fermé en début de semaine à compter du 14 octobre et je n'avais pas intégré cette info en préparant le voyage. Grosse frustration au final car tout de même, Woodstock, c'est mythique! Du coup, cela nous fera un prétexte de visite certain l'an prochain pour une escapade courte vers les montagnes du nord.

Cette photo est la seule preuve de notre passage par Bethel:

Le lieu du festival est maintenant un centre dédié aux arts.

Avant le retour à la maison, un passage par les chutes Bushkill dans les Monts Pocono, autres montagnes ressourçantes dans lesquelles nous retournerons sans doute l'an prochain:



La promenade n'était malheureusement pas accessible aux fauteuils. C'est seule que j'ai fait la balade qui mène aux chutes.

Je prends goût aux grands espaces américains et ils sont nombreux. Ça promet d'autres voyages et des découvertes fabuleuses. J'ai hâte. =)

jeudi 30 octobre 2014

Je vous entends râler d'ici... "Presque deux mois qu'elle n'a rien publié, qu'est-ce qu'elle fout?".

Mademoiselle Chipmunk a bien profité de ses vacances outre-atlantique et n'a pas franchement eu le loisir d'écrire un article sur son blog. Elle vous prie de l'en excuser. Elle vous fait aussi savoir qu'un article arrive sur une balade romantique dans les monts Catskill, dans l'état de New York.

J'ai bien profité de mon séjour ressourçant et n'ai aucune envie, pour sûr, de retrouver la "routine" de mon travail qui m'a bien esquintée moralement et physiquement pendant les 7 premières semaines de cours. Raison aussi de mon silence car si je n'ai pas perdu le goût de l'écriture sur mon blog, j'ai en tous les cas subi une baisse de régime qui m'a plutôt incitée au laisser-aller total ces vacances et il faut le dire, à une énorme cure de sommeil dont j'avais besoin, histoire de me retrouver moi-même (et ma moitié) avant de communiquer avec le monde.

Maintenant que j'ai repris des forces, ben... ça va être la rentrée donc si cet article ne vous parvient pas le premier week-end de novembre, vous le verrez paraître ("normalement") première quinzaine.

Je vous envoie quand même deux photos pour vous mettre en appétit avant d'entamer la rédaction.




Je vous souhaite un beau week-end d'Halloween en attendant!


lundi 8 septembre 2014

The time of my life.

Troisième jour de visite. Nous quittons Charleston direction les splendeurs naturelles des parcs naturels d'état et nationaux de West Virginia du sud et de Virginia, que nous sillonnerons pendant 3 jours.

La première visite du matin sera New River Gorge National River et son pont. La New River coule dans des canyons profonds, observables depuis de nombreux belvédères dans la forêt. Le point d'observation du gigantesque pont nécessite sa traversée préalable puisque l'on arrive par le nord-ouest. Ce n'est qu'une fois au belvédère qu'on se rend compte de ce qu'il surplombe car les murets de protection sur le pont obstruent la vue de part et d'autre du pont.




 Un chemin de randonnée passe en dessous du pont:




Nous avons ensuite sillonné le Babcock State Park, qui regorge de chemins de randonnée, de belvédères, de chutes, de rapides, de cascades, de forêts. L'un des chemins empruntés nous a menés au creux d'une forêt qui propose une dizaine de cabanes en bois (chalets) à la location:


Il est à noter que deux d'entre eux sont accessibles pour des personnes en fauteuil:


Dans notre route vers le sud-est de l'Etat, nous avons suivi l'indication "Grandview", dont le nom promettait effectivement une vue grandiose. Nous n'avons pas été déçus, mais fort surpris car la route qui y mène ne surplombe rien du tout. C'est après nous être garés et avoir suivi un petit chemin derrière le parking que le spectacle se dévoile.

Grandview offre une vue sur le point le plus profond du canyon de la New River Gorge:



avec dans le fond une vue sur les montagnes.

Les forêts regorgent de biches et de faons, que nous avons vus à moult reprises:
 


(L'animal est vif, moins que la photographe qui n'a de fait que des prises de vue floues de ces bêtes!)

J'avais également repéré sur internet une photo d'un vieux moulin à eau que je souhaitais voir. Nous l'avons trouvé! Merci Google et Google Maps!

The Glade Creek Grist Mill

Joli, n'est-ce pas?

Le reste de la journée a été pour moi fort euphorisant. En fait, l'excitation était montée depuis deux jours. Laissez-moi vous raconter comment une banale coïncidence s'est transformée en savoureux moment Nutella.

Le lundi en fin d'après-midi, premier jour de notre voyage, poussés par une faim de loup, nous cherchons désespérément un endroit pour nous restaurer. Je sais que j'ai toujours dit qu'en Amérique, on trouvait de tout en abondance, mais croyez-moi sur parole, dans les montagnes ou les coins reculés de cambrousse, il faut se brosser pour trouver un "restaurant" digne de ce nom, fût-il un banal McDonald's ou Burger King, pourtant à foison.

Petite parenthèse sociologique: la West Virginia , et les Appalaches plus généralement, sont réputées pour être peuplées de hillbillies, l'équivalent du péquenaud français, le brave gars inculte et crados qui vit dans son trou en ignorant que le monde dépasse les limites du triangle maison (ou caravane)-magasin- bar (et travail s'il en a un). Je croyais d'abord que Joseph plaisantait, mais en fait, non. La West Virginia est VRAIMENT peuplée de hillibillies. On en a eu pour notre grade, qui vivant dans des mobilhomes cradingues, qui, assis avec deux amis sur un banc de la station service où nous faisions le plein, avec leur salopette et leur chemise sale à carreaux, oisifs jusqu'à en être trop paresseux pour échanger des séquences de mots appelés phrases. Ils regardaient le monde s'agiter autour d'eux. Spectacle tragi-comique de la condition humaine. Comique car les hillbillies sont tels que montrés dans les films, tragique car ils existent vraiment, mais ma foi, ils semblent heureux comme ça. Where ignorance is bliss, 'tis folly to be wise a dit le poète anglais Thomas Gray (l'équivalent  en français de  "L'ignorance est la condition nécessaire au bonheur des hommes", Anatole France). 

Pour en revenir à notre quête de boustifaille, nous avons bien trouvé quelques bouibouis hillbilly mais nous avons sagement patienté jusqu'à tomber sur un site indiqué sur la route: Rocky Gap. Nous arrivons sur un lac, dominé par une immense bâtisse, lieu de villégiature familial à la moyenne d'âge plutôt élevée, avec casino et j'en passe. C'est là que nous avons appris, avec une peine immense, la disparition de Robin Williams. Là n'est pas mon propos, mais ce lieu restera pour moi associé à cette nouvelle dramatique qui passait en boucle sur les écrans géants du restaurant où nous attendions d'avoir une table.

L'attente étant trop longue, nous décidons de poursuivre notre route jusqu'au prochain Burger King salvateur. Tout en roulant, je dis à Joseph que ce lieu ressemble étrangement aux images du film Dirty Dancing, film vu, sans mentir, une douzaine de fois me concernant. Le film de mon adolescence, avec ses rêves de premier amour de vacances. Le vrai film de filles des années 90, quoi (moins le charme de Patrick Swayze, qui, je dois l'avouer, ne m'a jamais rien fait de spécial).

Un lac, une pension de vacances familiale, des activités à la pelle... Je demande à Joseph si à tout hasard il connaît le lieu du tournage du film, sait-on jamais, les coïncidences, des fois...

Réponse de mec: il n'a jamais vu ce film et ça ne lui dit rien de le voir. OK mais ce n'est pas ma question. Le soir, à l'hôtel, je me précipite sur internet pour rechercher l'information. Je manque de m'étouffer tellement je n'en crois pas mes yeux: le film a été tourné à une demi-heure de l'hôtel prévu le troisième jour de notre périple! WOW! Je DOIS aller voir ça!

J'ai donc eu raison de me fier à cette étrange sensation de déjà vu provoquée par le passage à Rocky Gap. C'est avec une grande impatience que j'attendais la visite quasi-impromptue du site de tournage de Dirty Dancing.

Après avoir continué notre route dans le parc naturel et les forêts, monté une toute petite route de montagne assombrie par les arbres d'une forêt très dense, nous arrivons à Pembroke, en Virginie. Je n'ose même pas appeler cela un village, c'est tout au plus un bourg.

La "pension Kellerman" du film est là, devant nous. Elle s'appelle en fait Mountain Lake Lodge, et c'est un lieu de villégiature très calme et peu fréquenté en bord d'un lac aujourd'hui quasiment asséché.

Nous nous promenons sur le site, tout en dénivelé. Je reconnais le bâtiment principal (ladite pension Kellerman), le gazon où grouillent les touristes au début du film au cours des activités organisées par la pension, et surtout, je repère le gazebo, équivalent d'un kiosque pour nous. Le fameux gazebo où Penny donne son cours de merengue aux petits vieux et où Bébé vient discuter avec son père après s'être embrouillée avec lui, avec vue sur le lac. Je repère aussi un peu plus loin la maison de la famille Houseman dans le film. Rien n'a vraiment changé depuis la fin des années 80, période de réalisation du film. On reconnaît bien tout l'environnement même si d'autres scènes du film ont été tournées plus au sud, à Lake Lure, en Caroline du Nord (sans doute une prochaine destination!).

Pour ceux qui ne connaissent pas le film, le titre de cet article est une référence à la scène finale du film.

Le cottage de la famille Houseman dans le film.

Pierre commémorative pour Patrick Swayze, à côté du kiosque. 

La vue sur le "lac", quasiment asséché. Les mêmes chaises que dans le film!

La "pension Kellerman", alias en vrai Mountain Lake Lodge.
Le lendemain, plein de sensations assuré à la découverte d'une fantastique région naturelle, réputée plus belle route des Etats-Unis: les Blue Ridge Mountains. Routes de crête pittoresques louées par John Denver, avec des vues incroyables sur les vallées et sommets lointains, le tout dans une atmosphère bleutée, due à l'isoprène dégagé par les arbres.

La Blue Ridge Parkway s'étend sur 755 km, depuis les Great Smoky Mountains et la Réserve indienne Cherokee en Caroline du Nord jusqu'au parc de Shenandoah, en Virginie. Nous avons emprunté la portion nord au départ de Roanoke jusque Harrissonburg, avant de poursuivre sur la Skyline Drive, route classée nationalement pour ses vues pittoresques.

Difficile de retranscrire avec des mots ce de quoi les yeux se régalent pendant les sept heures de route quotidiennes. On pourra trouver qu'il n'y a rien d'exceptionnel par rapport aux Alpes, mais la différence est l'étendue de ces paysages, à perte de vue. Nous avons imaginé sans peine des Indiens sur leurs chevaux, tels que dans le films, en train de dominer les plaines du haut des crêtes escarpées. A défaut d'aller voir cela soi-même, voici quelques clichés qui donnent un aperçu bien pâle de la majesté de ces lieux:





J'ai même pu, de façon inattendue, rencontrer un specimen que je souhaitais voir mais sans grand espoir: un ours noir. Les ours sont très répandus aux Etats-Unis dans les forêts et les régions montagneuses. C'est une rencontreuse souvent dangereuse donc mieux vaut être dans sa voiture pour les voir, ce qui était notre cas puisque notre brave ami traversait la route au moment où nous amorcions un virage dans la forêt. Il n'était plus tout à fait ourson, mais il n'avait pas encore atteint sa taille adulte. Cette rencontre a achevé de donner un tour magique à ce voyage. Tous les ingrédients du dépaysement y étaient.

Une fois de plus, c'est avec beaucoup de délectation que je repense à ces moments savoureux, hors du temps, qui me rassérènent et me donnent des envies d'encore. Le monde est tellement vaste et les merveilles ne sont parfois pas loin de nos habitations. Je ne parle pas des 6000 km qui me séparent des Etats-Unis mais des splendeurs qui nous entourent et que nous oublions trop souvent.