mardi 19 novembre 2013

Impressions.

Un petit exposé rapide de ce que j'aime aux USA et de ce qui me plaît moins. Cela n'est pas exhaustif, il y a plein d'autres sphères ou détails qui me restent à écrire, mais je vous livre pour l'heure mes impressions suivantes.

J'aime:

La liberté.

Tout simplement.

L'absence de suspicion et de jugement sur vos faits et gestes, ça, c'est bonnard.
Avant toute chose, le sentiment de liberté car le regard des autres importe peu ici. Pas de jugement sur la tenue vestimentaire ou sur le physique, à l'inverse de la France où qu'on le veuille on non, la pression sociale est très prégnante (petit clin d'oeil à certaines de mes anciennes collègues pour qui la façon de s'habiller et le prix que tu mets dans tes vêtements et tes accessoires détermine ta qualité intrinsèque lors du scan de ta personne le matin en salle des profs). Ma belle-soeur m'expliquait qu'aux USA, contrairement à l'Europe, il n'était pas mal vu de se balader en baskets quand tu es une fille et en tenue de ville, car ici les gens aiment bien se mettre à l'aise quand ils quittent le travail soit à pied, soit pour prendre un transport en commun. Il est donc très courant de partir avec deux paires de chaussures: l'une pour le trajet, l'autre pour le lieu de travail proprement dit. Elle s'est par contre sentie mal à l'aise de faire cela en Europe, car elle sentait le regard moqueur ou à tout le moins surpris des gens. L'apparence compte chez nous bien plus que le confort.

La liberté, aussi, de prendre strictement ce qu'on veut au resto par exemple, à savoir juste un verre d'eau et une petite entrée si on n'a pas faim, ou que la personne qui accompagne ne consomme rien. Pas de regard qui tue, pas de supplément de principe, pas de sale remarque des serveurs. C'est open et toujours avec le sourire. Bon, je dis ça mais vous vous doutez bien que sur une tablée, je ne suis jamais celle qui ne consomme rien! Idem dans les hôtels: vous êtes cordialement invités à prendre avec vous dans la chambre un café (gobelets avec protection prévus pour) et/ou des muffins ou tout autre assiette de nourriture disponible au buffet du petit déjeuner. Souvent même, un petit buffet avec des cookies, du café et du thé est à disposition gratuite 24/24 à la réception de l'hôtel. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, les gens n'en abusent absolument pas. Pour eux, buffet à volonté ne signifie pas comme chez nous goinfrage obligatoire. Sans doute - explication toute personnelle- car l'abondance de biens et de nourriture rassure et n'implique pas de frustration anticipée de manque. Aux Etats-Unis, le manque n'est pas au programme. J'y reviendrai dans la partie "Ce que je n'aime pas".

La discipline.

Je l'évoquais déjà dans l'un de mes posts consacrés à la gestion de l'ouragan Sandy. Autant les Américains sont casual (décontractés), autant ils sont disciplinés: respect de la loi, du code de la route sans aucun énervement ou volonté de transgresser. A ce propos, petite parenthèse sur les STOP. Je crois l'avoir déjà évoqué: quand plusieurs voitures arrivent de routes différentes à un carrefour où il y a 4 stops, la règle qui s'applique est la suivante: le premier qui s'est arrêté repart le premier. Et contre toute attente, ça roule. Les gens sont très attentifs et ça ne leur viendrait pas à l'idée de forcer le passage pour passer le premier. Mais d'où nous vient ce tempérament, en France, de toujours vouloir gagner quelques secondes et d'être prioritaire? Encore heureux que c'est réglementé!
La discipline est aussi de mise ici dans les files ou dans les restos, même quand on vous annonce une demi-heure d'attente. Les gens font preuve d'une patience qui peut déconcerter (quand on est français et un peu speed comme moi). Bon, je dis ça, mais... la patience n'est pas la qualité maîtresse de mon cher et tendre.

L'hospitalité des gens.

Je n'ai pas le souvenir de m'être sentie mal accueillie quelque part ici, que ce soit chez des particuliers ou chez des professionnels (en tant que cliente. En tant que collègue ou employée, je pense que c'est une autre paire de manches...). Contrairement à ce qui se dit en France sur l'individualisme des Américains, qui n'est pas fondé, l'attention portée à la personne est un vrai principe de vie. Cette culture a le mérite de différencier les choses, à savoir: évidemment que dans le cadre d'une banque ou d'une assurance, vous êtes traités commercialement à la hauteur des garanties que vous avez souscrites. Mais pour ce qui est de l'humain proprement dit, les rapports sont toujours cordiaux et avenants et la charité souvent bien ordonnée. Les Américains aident volontiers, mais comme je le disais, surtout après s'être aidés eux-mêmes. Il est donc vrai (et légitime) que les situations d'assistanat sont très mal perçues.

L'accessibilité pour les personnes en situation de handicap. 

Une fois de plus, on dit les Américains individualistes, mais s'il y a une société qui donne un sens au terme d'inclusion, au moins en termes d'accessibilité, ce sont bien les Etats-Unis, grâce aussi à une loi de poids qui est respectée depuis 1990. Je ne dirais qu'une chose: Joseph est paraplégique, mais ne se sent ni se définit comme "handicapé" dans son pays; c'est après son deuxième séjour en France qu'il m'a dit "maintenant je me sens handicapé car ici, on me le fait comprendre par le manque d'accessibilité".  Là-bas, on pense à la personne qui se déplace et au partage d'un espace public par tous; ici, au handicap avant tout. A méditer...

Ça ne me plaît pas:

La consommation à outrance et ses gâchis.

Là, je dois dire, cet aspect m'a surpris dès mon premier jour ici et ne s'est jamais dissipé. Il est vrai que les excès sont de mise. Alimentaires, énergétiques... Prendre sa voiture pour un oui pour un non plusieurs fois par jour car il manque un produit de consommation tout à fait secondaire (y compris le soir à 22h et qui peut attendre le lendemain), l'abondance de biens et l'éventualité d'en disposer à la demande est très déconcertant et va à l'encontre de tout ce qui nous est inculqué en France dans le cadre de la consommation responsable... également appelé aussi pour moi "bon sens" mais le bon sens semble conditionné par des notions de besoin tout à fait différentes en Europe et en Amérique. Je me rappelle que l'étude des besoins (primaires, secondaires, tertiaires) faisait partie de mon programme de techno en 5ème. En France, nous retenons qu'un besoin peut être tertiaire et donc appartenir à la sphère de l'accessoire; ici, un besoin est un besoin puisqu'il est identifié comme tel. Un Américain a ainsi besoin d'avoir un distributeur de glaçons à l'étage de sa chambre d'hôtel; cela fait partie des services quasi obligatoires des hôteliers ici. Il se peut que certains lecteurs trouvent ma description peu objective, mais après en avoir discuté avec quelques autochtones, il en est ressorti que le seul fait que je pose la question concernant les distributeurs de glaçons prouvait que je n'en avais pas saisi l'importance.

A ce sujet, à ajouter sur la liste des "J'aime pas": la glace dans les boissons. Toute boisson servie aux USA l'est avec une pelle de glaçons, qui remplissent vos verres à hauteur de moitié. Alors si vous êtes comme moi et que vous n'appréciez vos boissons qu'à température ambiante (à quelques rares exceptions près: vins blancs of course), votre demande "no ice, please" est toujours comparée à un énorme pavé dans une mare (gelée). Et je rappelle aussi  que la contenance d'un verre ici est de 50 cl. Je me rappelle le premier verre de jus de fruit qui m'a été servi... Moi qui me contente d'un maximum de 20 cl que j'ai souvent du mal à finir, je me suis demandé si ma belle-mère pensait que j'avais besoin de m'abreuver après être venue à pied de France la première fois que je suis allée voir Joseph. Je pensais qu'elle m'avait servi à boire dans un vase.

Le calcul des pourboires au resto.

J'ai fini par m'y faire avec l'expérience, mais bon sang, que c'est contraignant... L'avantage est évidemment qu'il est rare d'être mal servi car "Pay your server" signifie bien que vous le rémunérez à hauteur du service fourni, et les serveurs américains tiennent à leur pourboire. Je pensais naïvement que tous les Américains avaient ça en eux et le faisaient d'instinct, mais je me rends compte que le moment de l'addition est toujours aussi celui de la discussion entre hôtes pour calculer le pourcentage de l'addition au plus proche. 10% de l'addition minimum, mais dans les faits, les pourboires laissés dépassent souvent les 15% car les Américains ont conscience du travail réalisé et il est récompensé. Mais je rencontre aussi de plus en plus de gens qui sont mécontents de ce système de payer son serveur, et certains clients réclament un système à l'européenne, où l'on paye une prestation tout compris sans mettre à contribution la participation en extra.

Les douches sans flexible.

Grrrrr. Ça me fait toujours râler car j'aime me laver les cheveux avec la douche dans la main, et toutes les douches que j'ai vues, chez les particuliers ou dans les hôtels, sont encastrées. Ce n'est pas pratique non plus pour passer un coup de jet dans la baignoire pour la nettoyer. Bon, question d'habitude personnelle.

La clim.

Partout, tout le temps, et trop froide. Je suis souvent congelée dans les cinémas, les restos ou les centres commerciaux. Je ne comprends pas le pourquoi cette climatisation à outrance. Idem dans les maisons. Toutes celles que j'ai visitées ou dans lesquelles je vis aux USA ont un système de climatisation, hiver comme été. Souvent accompagné dans les hôtels de ce bruit de soufflerie fort incommodant, mais là aussi: perception personnelle car Joseph, lui, ne l'entend même plus. Cela fait partie des bruits de fond des habitations.

Le coût prohibitif des études en college et la nécessité pour tout étudiant de commencer dans la vie avec un crédit d'études.

Wikipedia indique que le coût moyen d'une année universitaire est de 6 500 dollars, mais une bonne université tourne plutôt autour de 25 000 dollars l'année. C'est en tout cas ce qu'il en a coûté aux personnes que j'ai recontrées. Cela signifie, en clair, que l'étudiant qui finit ses études et trouve un emploi doit inclure dans ses frais, en plus du logement et des frais courants, le remboursement du crédit d'études qui tourne autour de 500 euros sur plusieurs années, et qui dépend de votre premier salaire. Si la banque estime que vous pouvez payer plus, elle vous fera payer plus.


Ça m'inquiète: les soins et la santé en général.

Là, je dois dire, gros gros point noir pour moi. Il suffit de connaître un peu l'histoire personnelle de Joseph et de celle de sa famille pour avoir de sérieux doutes sur la qualité ou la prise en charge de certains soins... J'ai bien dit certains. Et je ne parle même pas de l'aspect financier. Là, c'est un autre monde, c'est sûr..

... et la protection des clients dans le monde bancaire. Mes quelques mésaventures l'an dernier m'ont permis de me rendre compte que le client, en France, était bien protégé contre les fraudes. Je vous le dis car on a l'impression que ce n'est pas le cas, mais la France est un pays où le client a une garantie d'interlocuteur et de remboursement en cas de gros pépin. Croyez-moi sur parole. C'est en discutant avec Joseph que nous nous sommes rendus compte de la différence de traitement et de sécurité propres à nos deux pays. La protection des données est également accrue en France. C'est donc un fier cocorico que je chante ici!

En tout cas, je me sens toujours dans un état de sérénité bien plus important quand je suis aux Etats-Unis que lorsque je suis en France; cela s'est vérifié à chacun de mes 13 séjours chez l'oncle Sam depuis deux ans (hormis passage et conséquences de l'ouragan Sandy l'an dernier) et cela est aussi pour moi un indicateur important. Des questions?

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