dimanche 10 août 2014

Les Invasions Barbares Opus 3: la Fionie, le Jutland et une pause impériale.

La dernière étape de notre séjour nordique nous aura menés à Roskilde, près de Copenhague, à Odense, en Fionie, puis dans le Jutland, avant de revenir par l'Allemagne.

Au départ de Malmö, une petite heure de route via le pont de l'Oresund nous a suffi pour rejoindre Roskilde, à l'ouest de Copenhague. La ville de Roskilde a été capitale du Danemark du Xè au XVè siècle. Roskilde est située au bord du fjord du même nom. A savoir que la notion de fjord en danois recoupe en fait davantage des lagunes ou des baies contrairement aux fjords norvégiens, profondes vallées souvent étroites et encaissées; l'image typique que l'on se fait des fjords est donc plus norvégienne que danoise.

La raison de notre passage par Roskilde est la visite du musée des bateaux vikings. Roskilde, de par sa situation stratégique, était le lieu de départ idéal pour les navires vikings pour sillonner le Cattégat (voir article précédent), mais aussi par extension la mer du Nord et la mer Baltique. La ville a donc conservé cette tradition en exposant les navires retrouvés ou d'autres reconstruits.

L'entrée du musée était gratuite pour Joseph et moi, car une grande partie du site est inaccessible aux fauteuils. Nous avons donc profité des extérieurs, à savoir les bassins avec des drakkar, et très peu de l'intérieur puisque seul le sous-sol du hangar à drakkar est accessible par l'extérieur via l'entrée des artistes (un peu glauque).

A ce propos, il faut savoir que l'appellation drakkar est toute française, et n'est utilisée que dans notre langue. L'anglais, tout comme les autres langues, appelle les drakkar des "navires vikings". Le mot drakkar est un terme du 19è siècle emprunté au suédois dreki qui signifie en fait "dragon" (comme les figures sculptées à la proue des navires), mais résulte d'une interprétation incorrecte du concept. J'ai été surprise de ne trouver strictement aucune mention au mot "drakkar" dans ce musée et c'est suite à cela que j'ai fait quelques recherches sur le mot.

Les navires que nous avons vus sont donc bien des drakkar au sens français du terme =).


Vestiges authentiques d'un drakkar.



Le musée propose de naviguer sur un drakkar avec un "viking" qui donne les ordres pour ramer!

Le site est plutôt intéressant et regorge d'explications sur la fabrication des navires, avec tous les corps de métier nécessaires à sa création, mais nous ne nous y sommes pas attardés en raison de son inaccessibilité. Nous avons par contre trouvé de quoi nous sustenter autour du musée, pour un rapport qualité-prix plus que raisonnable.

Après cette pause navale, direction Odense, cité natale d'Andersen. Nous avons passé une nuit très agréable dans l'hôtel Knudsens Gaard, lieu charmant qui était un monastère au 12è siècle, et qui plus tard devint une ferme. La légende veut qu'Andersen était quelqufois de passage dans cette ferme pour venir chercher du lait.

Nous ignorons si l'anecdote est réelle, mais en tout cas cette charmante bâtisse à colombages avec une cour pavée nous a offert un cadre tout à fait propice à la sérénité:


Dans le minibar de la chambre se trouvaient entre autres deux boissons bio que je me suis empressée de goûter car il faisait très chaud le soir où nous sommes rentrés de balade. L'une était un jus de pommes-fleur de sureau, l'autre pomme-cassis, de création artisanale. J'ai tellement aimé le jus de sureau que j'ai fait en sorte d'aller en acheter avant de quitter le Danemark. J'imagine qu'on en trouve aussi en France (encore que je ne pense pas en avoir déjà vu en supermarché), mais la boisson est vraiment courante au Danemark. Nous en avons trouvé dans tous les endroits visités et les Danois semblent sensibles au bio. Il s'agit de mon interprétation personnelle, mais je pense que la vocation agricole du pays les tient éloignés de l'industrialisation à outrance dans la grande distribution. Lors de notre passage au supermarché, j'ai vraiment trouvé beaucoup de viandes, pains et autres produits frais  de provenance locale et avec une attention toute particulière sur les mentions bio ou naturelles. Et je précise  que je suis plutôt une sceptique du bio en France, que je ne consomme jamais ou en tout cas que je n'achète pas.

Le lendemain de cette pause bucolique à quelques rues du centre ville, nous avons visité brièvement le quartier natal d'Andersen: petites maisons basses et colorées dans des rues pavées, qui jouxtent l'actuel centre-ville moderne:





La maison natale d'Andersen est aujourd'hui un musée contemporain bâti à l'arrière de ces maisons. Le parc de la maison comporte un petit théâtre d'extérieur, où des représentations des contes d'Andersen en musique sont données pour les petits et grands enfants, façon comédie musicale, en costumes d'époque.

Le lendemain, direction nord ouest, à Billund, dans le Jutland, partie continentale du Danemark voisine de l'Allemagne. Billlund est une sorte d'eldorado pour qui est fan de LEGO, comme Joseph, qui les collectionne. C'est la ville où les LEGO ont vu le jour en 1949, inventés par Ole Kirk Christiansen. LEGO vient du danois "leg godt", qui signifie "joue bien". Billund est maintenant célèbre pour son LEGOLAND, parc d'attractions qui comporte des minilands construits en LEGO, et aussi bien sûr des attractions à sensation ou d'autres pour les plus petits. J'avoue avoir été impressionnée par le nombre de poussettes au mètre carré! Même quand on n'est pas fan de LEGO, le spectacle vaut le coup pour voir toutes les constructions à thème à l'entrée de chaque attraction, ou juste à travers le parc.

En voici quelques unes, toutes plus grandes les unes que les autres:



Thème: pirates.

Thème: vikings.

Thème: l'ouest américain. 

Thème: zoo.

Thème: Antiquité.

L'attraction du parc: le thème Star Wars.

Je ne mets qu'une photo par thème (et je suis loin d'avoir une photo de tous les thèmes), mais nous avons aussi vu le mont Rushmore, des musiciens animés grandeur nature, un pizzaïolo, des fantômes, des villes miniatures entières reconstituées, etc.

Une fois de plus, le soleil nous a accompagnés, ce qui aura fait un sans faute sur la semaine scandinave: huit jours de beau et chaud sans l'ombre d'une goutte.

Notre dernier jour au Danemark aura été celui de la visite de Ribe, charmante bourgade viking du sud Jutland, dont nous avons vu la splendide cathédrale romane, et les rues anciennes animées et commerçantes.







Le chemin du retour s'est effectué avec une pause à Münster en Allemagne, belle ville baroque qui mérite d'être vue, ainsi que sa cathédrale avec horloge astronomique:













J'ai apprécié chacune des villes d'Allemagne dans lesquelles nous sommes passées, pour leur beauté architecturale mais aussi car elles sont commerçantes et pleines d'animation.

Je passe sur l'hôtel d'Ostbevern près de Münster qui, bien que 4 étoiles et sélectionné avec soin, ne nous a pas plus du tout.

La dernière visite du voyage aura été Aix-la-Chapelle, (Aachen en allemand). Nous avons été éblouis par la chapelle palatine de Charlemagne. Eblouis à en rester bouche bée à peine entrés dans le lieu.  J'ignorais que de telles splendeurs existaient, et qui plus est pas bien loin de Metz. Le souvenir de l'architecture octogonale et romane, la richesse des décors et des fresques, la luminosité chaleureuse du lieu me donne encore des frissons. Bien que ce lieu sacré appelle au recueillement solennel, j'ai eu une étrange sensation de confort et d'intimité que je ne trouve pas dans d'autres lieux sacrés.


J'avoue avec beaucoup de honte que j'ignorais complètement jusqu'à cette visite que cette chapelle contenait les reliques du Bienheureux Charlemagne. Je l'ai découvert en apercevant la châsse dorée.   





Si des personnes en fauteuil lisent cette page, sachez qu'Aix-la-Chapelle n'est pas vraiment accessible au fauteuil et qu'il vous faudra galérer avec les innombrables pavés très difficiles à fouler. 


Une anecdote, à ce propos: après avoir galéré (avec force transpiration, essouflement et soupir de soulagement de circonstance) dans le centre ville vers l'entrée de la chapelle palatine, nous ouvrons la porte et constatons que la chapelle n'est pas accessible. En effet, de grandes marches descendantes se situent derrière la porte d'entrée. Néanmoins, un interphone avec un pictogramme de personne en fauteuil, pas vraiment visible du premier coup d'oeil (quelqu'un nous l'a indiqué), se situe à l'extérieur de la chapelle et permet d'appeler du personnel pour permettre l'accès à la chapelle des PMR. Nous sonnons, attendons un petit moment. Un fringant jeune homme d'au moins 75 ans vient nous ouvrir et nous dit, tout guilleret: "Nous allons vous aider à entrer. Pour cela, vous allez contourner l'église par la gauche, jusqu'à trouver le portail de l'autre côté. Normalement il est fermé mais nous l'ouvrirons pour vous, ce sera plus facile." 


PLUS FACILE? Pour qui? Ben pour le vieux croûton qui va ouvrir la porte, tiens! Car ils ne se rendent pas compte que nous allons devoir retraverser toute la place avec ces fichus pavés qui manquent de faire tomber Joseph tous les 20cm de progression, et qui manquent de démonter les épaules de la personne qui manipule le fauteuil derrière en s'assurant de la stabilité de la personne (adulte) sur le fauteuil. Voilà, nous en avons beaucoup ri après coup mais sachez donc si vous utilisez un fauteuil qu'Aix-la-Chapelle est accessible avec beaucoup de volonté, de courage et de force dans les bras. 


Je précise à ce propos que Joseph, après quatre voyages en Europe, se montre bien plus philosophe que moi concernant ces situations répétées d'imaccessibilité ou de manque d'équipement dans les hôtels. "Pourquoi tu t'énerves? C'est l'Europe, c'est le Moyen-Age, c'est normal!" Référence aussi à cette première chambre d'hôtel le premier soir où la douche était une simple douche "normale" sans aucun équipement: il l'a prise assis dans le bac de douche après avoir rampé par dessus la marche pour y accéder... J'en étais verte de rage. Ça l'a beaucoup amusé.



Les pauses sur les pavés ayant été nombreuses, j'ai eu tout le loisir d'observer les beaux bâtiments du centre d'Aix et de prendre quelques clichés:


Une pensée émue pour le jeune homme plein de bonne volonté qui a découvert en même temps que nous le fonctionnement du "monte-handicapés" (!) tout à droite des escaliers. L'aventure rocambolesque a duré plus de 20 minutes, devant des spectateurs intrigués de cette pseudo-technologie qui ne marche jamais. Conclusion: les rampes bétonnées sont toujours une solution préférable aux gadgets pseudo-modernes qui nécessitent de la maintenance et au moins deux tiers pour les faire fonctionner. Mais un grand merci à ce garçon de café qui a pris 20 minutes de son temps de travail pour nous "assister" (ahhhhhh, le verbe maudit pour les handicapés!).



C'est ainsi que s'est achevé notre voyage vers le nord de l'Europe. Nous sommes revenus avec plein de soleil, de nouveautés et de belles images dans la tête. 


Ah, pour la petite histoire, une fois sortis d'Allemagne, nous nous sommes faits doucher par des averses d'orage drues de Bastogne en Belgique jusque Metz, en roulant à 50 sur l'autoroute. Ce qui a fait dire à Joseph, sur le ton de la riogolade (je l'espère!): "la France n'est décidément pas un pays accueillant!" Le reste du séjour en Francie a tout de même prouvé le contraire. 



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Nous sommes actuellement aux Etats-Unis, à Manasquan que je retrouve avec plaisir, mais aussi sur le départ pour un territoire nouveau que ni lui ni moi ne connaissons encore: la Virginie occidentale (West Virginia), dont la beauté des paysages a inspiré à John Denver la chanson "Take me home, Country Roads": https://www.youtube.com/watch?v=1vrEljMfXYo

A suivre. =)

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