vendredi 9 août 2013

Passeport, s'il vous plaît!

Nous y voilà. Je trouve enfin le temps de me poser pour consigner nos vacances par écrit. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles sont bien remplies!

Je suis arrivée le 29 juillet à Newark avec Papa. Chose assez inhabituelle: il n'y avait presque personne à l'immigration. Tellement peu de monde et tellement de guichets ouverts que cette fois-ci on nous a demandé de passer à un guichet normalement réservé aux résidents américains. Papa stressait de devoir parler anglais vu son niveau grand débutant, mais l'agent a été tellement occupé à me questionner que papa n'a pas eu grand chose à dire ou à faire, juste passer ses doigts sur la machine pour les empreintes et regarder l'appareil photo. Moi, c'était une autre paire de manches: vous venez pour quoi? Vous repartez quand? Quand avez-vous rencontré votre boyfriend? Comment l'avez-vous rencontré? Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble? Combien de temps êtes-vous restée la dernière fois? C'était quand? Et la fois d'avant? Vous savez ce que fait votre boyfriend dans la vie? Il joue où avec son groupe de musique? Vous connaissez bien la côte alors? The Osprey, vous connaissez? [NB: c'est un bar pas loin de Manasquan. Le père de Joseph y a travaillé il y a quelques années! Mon visage s'est illuminé quand il a prononcé le nom de ce bar, mais qu'en aurait-il été s'il en avait choisi  un autre que je ne connaissais pas étant donné qu'on ne fréquente pas les bars ici?]? Vous faites quoi dans la vie? Comment avez-vous les moyens de voyager aussi souvent? Quand retournez-vous travailler? Vous pouvez me montrer votre billet retour? ...

Le tout entrecoupé de nombreux silences et vérifications / lectures d'écran et des coups d'oeil discrets sur mon visage. Restons zen. Il tamponne et nous souhaite un excellent séjour. Ouf. Merci m'sieur. A nous l'aventura!

Joseph et son père arrivent peu après notre arrivée. La Patrick connection commence. "Patrick, voici Patrick. Patrick, Patrick". Nos papas s'appellent Patrick tous les deux, et Patrick est le middle name de Joseph. (Patrick est aussi le nom du fils aîné du père de Joseph, dont l'aîné porte le même nom, ainsi que son propre aîné. Vous suivez? Le père de Joseph est donc: A/ grand-père B/ arrière-grand-père C/ arrière-arrière-grand-père?)

Aussitôt arrivés à la maison et une fois l'installation faite, nous partons pour une petite balade sur le bord de mer à Manasquan. Hello l'Océan, tu m'as manqué! Mais pas que l'océan, il est vrai. =)


Un moment Nutella.


New York

Le lendemain, nous sommes allés rejoindre Guillaume et Marie-Laure à Central Park. Pour ceux qui me lisent et qui ont une bonne mémoire, vous vous souvenez que Guillaume et Marie-Laure sont les amis que nous avons vus à Marseille le mois dernier. Ils sont venus passer leur lune de miel dans la grande pomme, voyage initialement prévu fin octobre, mais une certaine Sandy en a décidé autrement et les a contraints à séjourner à Montréal en attendant la poursuite de leur vol vers New York qui n'a jamais pu se faire. Leur séjour à NY correspondant cette fois-ci au nôtre, je ne sais pas quelle excuse nous aurions eue de ne pas les y rencontrer. Nous avions je pense les uns et les autres savouré le moment où l'on s'était dit "RDV à New York!". C'est pas tous les jours qu'on se dit ça!


Le Club des cinq que nous formions a donc arpenté la partie sud de Central Park, avant d'entamer la Cinquième Avenue.

Mon pote Guillaume et sa chère et tendre, Marie-Laure, dans Central Park.

Avec un passage par FAO Schwarz, où j'ai ENFIN pu prendre en photo les statues en Lego que je n'avais pas prises à Noël dernier.

FAO Schwarz, sculpture en Lego.


Magasin de jouets fascinant, pour petits et grands. Le Casse-Noisette de l'entrée est toujours là malgré l'été, et il accueille toujours les gens avec le sourire et une incitation à s'amuser. Nous avons descendu la 5ème jusqu'à Rockefeller Center, où le cocktail chaleur + fatigue nous a quasiment obligés à faire une pause. On est descendu dans le centre commercial qui jouxte l'emplacement de la patinoire (qui devient une terrasse de café en été). A ce propos, je vais sans doute jeter un énorme pavé dans la mare mais après quelques passages par Starbucks, j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi cette enseigne a autant de succès. L'attente est longue, et les cafés n'ont vraiment rien d'exceptionnel. Alors certes, pour beaucoup, USA=Starbucks, mais franchement, quand on est amateur de bon café comme moi, y'a pas de quoi casser des briques.

Tu fais moins le malin, hein, Batman?

Sur Times Square, un mythe tombe: Spiderman a une banane.
(Dans les cheveux de Joseph: le reflet des lumières rouges de Time Square)


Chutes du Niagara

C'est la partie adrénaline de notre séjour. Les chutes sont à environ 7 heures de route de chez nous. Donc autant dire qu'on est content d'arriver le soir pour se poser. Joseph a réservé nos chambres d'hôtel à Niagara Falls, côté canadien, histoire de mettre les pieds au Canada pour Papa. Mais... à une heure et demie de passer la frontière, Joseph se rend compte qu'il a oublié son passeport. Avant 2009, il était possible pour tout Américain de se rendre au Canada avec son seul permis de conduire (l'équivalent de leur pièce d'identité) et de rentrer ensuite chez eux. Mais depuis cette date, tout Américain doit être en possession de son passeport s'il veut rentrer chez lui. Autrement dit, le Canada peut laisser entrer, mais les USA refusent le retour. Intéressant. Joseph se renseigne sur internet (merci les Smartphones quand même!), mais apparemment les nouvelles sont claires: c'est niet. Il réserve donc à l'arrache (re-merci les Smartphones!) deux chambres d'hôtel à Niagara Falls pour le soir côté américain. Dès notre arrivée, nous allons voir les Chutes pour en profiter. Puis pour en avoir vraiment le coeur net, nous décidons d'aller voir un agent des douanes à l'entrée de la passerelle-frontière pour aller au Canada en piéton, traverser le pont, et donc enjamber le Niagara  qui passe en dessous, pour aller profiter des chutes côté canadien.

Pour aller parler à un agent de l'immigration américaine, il faut passer un portail  qui indique "To Canada" (vers le Canada), sauf qu'on ne veut pas traverser le pont avant de s'assurer que Joseph a la possibilité de revenir ensuite aux USA. Nous entrons dans le bâtiment et attendons notre tour.

Next please! C'est à nous.

Et là, la blague, première question de l'agent des douanes américains: "Passport, please". Alors, comment te dire, mec, on n'est pas sorti des USA et on n'est pas encore au Canada, on veut juste savoir si... ben oui mais non! Dès lors que tu passes le portail, tu es considéré comme quittant les Etats-Unis. Ah ouais d'accord. Surtout, ne pas rire. Vous pouvez vous imaginer à quel point j'étais tendue, moi qui étais tellement contente d'avoir passé sans trop d'encombres la douane à Newark, me voilà trois jours après à nouveau en train de devoir expliquer pourquoi je viens aux Etats-Unis alors que je ne les ai pas quittés depuis mon arrivée. Restons zen. On dirait un sketch, mais le genre de sketch où tu ris APRES que le truc t'est arrivé. L'agent interroge Joseph et lui confirme qu'en l'absence de passeport, seul un extrait de naissance qui complétera son permis de conduire l'autorisera à rentrer de nouveau aux USA. Le cas particulier de Joseph a détourné l'agent des questions qu'il aurait pu nous poser. Il n'empêche que nos passeports sont scannés et vérifiés comme une nouvelle entrée sur le territoire. Si papa et moi souhaitons aller au Canada en piéton, il faudra le faire sans Joseph, ce qui ne m'arrange pas, car la présence de Joseph est un adjuvant important de mon propre passage aux douanes. Je me souviens l'an dernier, au retour du Canada, la seule question posée à la frontière que nous passions en voiture était "et elle, c'est qui?" - "my girlfriend" -"OK". Et hop, bon retour aux States les gars.

Nous allons à l'hôtel, allons dîner dans le bar le plus bruyant de tout l'est américain je pense, puis nous raccompagnons Joseph à l'hôtel avant d'entamer notre balade digestive au Canada. Petit pincement au moment où nous repassons le portail, en espérant pouvoir rentrer le soir! Nous traversons ce fameux pont-frontière. Il est déjà minuit passé, il fait une nuit noire et je suis surprise par le manque d'animation et de lumière. L'an dernier, les Chutes étaient illuminées et les foules nombreuses côté canadien pour les admirer. Là, pas un bruit, et beaucoup d'obscurité. Bon, maintenant qu'on est au milieu du pont, on ne va quand même pas rebrousser chemin. Nous dépassons le drapeau canadien, continuons jusqu'au bâtiment de l'immigration, et sommes accueillis par un douanier canadien  fort sympathique, qui s'est efforcé de nous poser quelques questions pour le principe. "Euh... Vous restez combien de temps au Canada? " - "Environ une heure" - "Euh... Vous habitez où? Euh... Vous repartez quand en France?... Euh... C'est bon, vous pouvez y aller". Le tout en anglais. Nous longeons les chutes, que l'on devine majestueuses mais à ma grande déception, je les croyais illuminées et ce n'est pas le cas. Sans doute le sont-elles jusqu'à une certaine heure. Les promeneurs noctambules que nous sommes n'en auront pas profité. Mais, il y a pire balade digestive quand même, qu'une marche en bordure d'un site majestueux et de surcroît au Canada. Nous continuons notre balade dans une chaleur lourde pour l'heure (il devait faire 25 degrés à une heure du matin), et retournons vers les USA, fatigués par notre longue journée et nos émotions.

Arrivés au bâtiment côté américain, mauvaise surprise: au moins 20 personnes attendent. Bonne nouvelle: ce sont des passagers d'un bus qui attendent dans une autre file. Nous passons rapidement. Oops, l'agent n'a pas l'air aussi commode que celui de cet après-midi. A peine nos passeports en main, il soupire en voyant qu'on est français. Ça comment fort. Scan des passeports, lecture d'écran, silence... Puis une question: "Vous avez acheté quelque chose au Canada?" - "Non". Silence. Il rend les passeports. "C'est bon."

*soupir de soulagement*

L'entrée aux USA la plus rapide de tous les temps pour moi.

Nous voilà de retour, on va pouvoir aller dormir en Amérique!

Niagara Falls côté canadien.

La même, la nuit.

Le lendemain, nous avons passé notre journée "touristes à Niagara". Ça fait deux fois que je les vois, deux fois que je suis toujours autant époustouflée par la force, la majesté et la dimension de ces chutes. 

Au fond, la plateforme d'observation et l'ascenseur qui descend au bateau.


=)

Lumière naturelle, j'étais contente d'arriver au bon moment en début de soirée. Dans le fond: le panache de gouttellettes des chutes canadiennes, dites en fer à cheval.




Nous avons commencé par une balade le long du Niagara, sur le dessus des chutes. Un flot et un débit impressionnants, c'est vertigineux et on imagine à quel point le site est dangereux. Nous allons surplomber les chutes en fer à cheval et prendre, comme tout bon visiteur qui se respecte, notre douche de mist. Le mist, c'est cette brume de gouttelettes d'eau vaporisées par la chute de l'eau qui forme un panache haut de plusieurs dizaines de mètres (voir avant-dernière photo). Rafraîchissant, mais on est trempé! Heureusement, le soleil tape et nous séchons vite. Pas pour bien longtemps, étant donné que nous allons prendre le bateau The Maid of the Mist qui nous emmène au pied des Chutes. Souvenez-vous, l'an dernier, je vous avais déjà raconté que l'on vous fournit le poncho en plastique bleu pour la balade en bateau, et on comprend pourquoi puisque une fois au pied des chutes, c'est comme si vous vous trouviez sous une averse violente. Vous êtes littéralement douchés.

Le plastique, c'est fantastique. Ça donne l'air con mais ça maintient au sec.

Sensations garanties.

Buffalo. 

Notre périple à Niagara aura été court mais intense. Nous prenons le chemin du retour après un déjeuner à TGI Friday à Nigara Falls. Nous décidons, par curiosité, de faire notre retour par Buffalo, cité en bordure du Lac Erie et de la rivière Niagara, célèbre pour avoir inventé les non moins fameuses Buffalo wings. Ce fut néanmoins une très mauvaise idée, car à défaut d'avoir trouvé le centre ville attractif, nous cherchons à nous rendre dans le Burger King que nous indique le GPS de Joseph pour une pause pipi. Au détour d'un virage, nous nous retrouvons sur les voies de traversée du pont vers le Canada. Sketch numéro deux. Nous voilà embourbés dans une file de voitures gigantesque en partance pour le Canada, avec l'impossibilité de faire demi-tour. Crévindiou. Dis-moi pas qu'c'est pas possib'. Nous faisons un demi-tour illégal avant la frontière canadienne pour retourner vers la file US.

Poussée de stress maximale pour tous les trois... Joseph va-t-il pouvoir rentrer aux USA? Nos passeports à papa et moi ne vont-ils pas bloquer suite aux deux passages-éclair d'hier Usa-Canada? Et surtout, SURTOUT, comment va réagir l'agent d'immigration américain au postulat suivant: on s'est retrouvé dans la mauvaise file en voulant aller faire pipi au Burger King au bout de la rue. On a envie de rire, mais en fait, non. C'est pas le moment. Pas du tout. L'envie pressante le devient encore plus à mesure que le stress monte. Vite, vite, pourvu qu'on passe...

C'est notre tour. Je suis au volant. Le douanier commence. "Raison de votre venue aux Etats-Unis?". Allez Christelle, explique au monsieur que tu voulais aller au Burger King pour faire pipi et que tu t'es retrouvée au Canada "sans faire esspré"... C'est la vérité, tant pis, je dis. Il me regarde, dubitatif et sans doute au fond de lui-même amusé... "Vous vous êtes trompés de file... Hmm". Et là, mitraillette de questions agressives. Surtout, que fait un Américain à l'arrière du véhicule avec deux français à l'avant?  A qui appartient la voiture? "Ouvrez la porte arrière s'il vous plaît". Va expliquer au douanier que la porte ne s'ouvre que de l'intérieur car le bouton électrique ne marche plus, mais que ton boyfriend américain à l'arrière n'a pas l'usage de ses jambes et qu'il se trouve de l'autre côté du véhicule. Je me retourne pour essayer de l'ouvrir. En me retournant, sans faire gaffe, j'enlève mon pied du frein (voiture automatique) et la voiture commence à avancer, en même temps que sans faire gaffe, mon coude appuie sur le klaxon. Le mec me dit, mi-agacé, mi-sarcastique "ben pourquoi vous me klaxonnez, maintenant?". Vas-y c'est ça, rajoutes-en. Au bout de quelques secondes de lutte avec la porte, Joseph se détache, rampe (le milieu du monospace est vide à l'arrière pour laisser entrer le fauteuil) et va ouvrir la porte comme il peut. Début de son interrogatoire... Les mêmes questions que pour nous, avec en prime le couteau dans la plaie: "mais votre permis de conduire, c'est pas un passeport. Vous faites comment maintenant pour rentrer?" Joseph ré-explique l'histoire. Burger King, pipi, GPS, mauvaise file, tout ça... Le douanier est tout speed. La situation ne lui plaît pas. Il répète, désabusé: "donc vous vous êtes trompés de file, c'est bien ça?". - "Oui". Voyant l'expression de détresse de Joseph, il nous rend les papiers en soupirant, et dit à Joseph: "Vous avez de la chance, votre passeport apparaît à l'écran avec votre photo quand on scanne votre permis de conduire. Allez... allez-y. Et ne vous trompez plus de chemin cette fois-ci."

*soupir de soulagement 2*

Je pense que quelque part, dans un bêtisier des douanes américaines, apparaîtra désormais la phrase suivante: "Excuse la plus naze pour rentrer aux USA: a voulu faire pipi au Burger King et s'est trompé de voie".

Que voulez-vous, on a tous son quart d'heure de gloire une fois dans sa vie...

A venir: Philadelphie et Atlantic City.


NB: aucune mention sur l'accessibilité des sites nécessaire dans cet article puisque TOUT est accessible ici et sans exception: les bateaux, les magasins, les restaurants, les toilettes, les trottoirs, les trains, les bus...

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