dimanche 30 décembre 2012

La Bûche.

Pour la plupart d'entre vous, ce post paraîtra sans doute insipide car très descriptif. Me concernant, j'ai ressenti le besoin de consigner par écrit quelques détails et anecdotes que j'ai vus ou entendus jeudi soir, et plutôt que de les mettre dans un "dossier" que je ne lirai jamais, je les partage sur mon blog.

Le titre de ce post fait référence au film de Danièle Thompson. Les histoires de famille à Noël... il y en a partout, et bien sûr aussi de ce côté-ci de l'Atlantique. Je ne vais pas rentrer dans des détails qui somme toute ne regardent que ma belle-famille (souvenez-vous l'intitulé de ce blog: "tout vous raconter... ou presque" ;-)), mais plutôt vous raconter la soirée que nous avons passée jeudi soir, une incroyable chance pour moi d'être en immersion totale dans une famille américaine avec son histoire et ses histoires, au moment de Noël, autour d'un repas dans une maison bien cosy et en bonne compagnie.

Nous devions nous rendre mercredi soir chez la tante de Joseph, Betty, qui habite à une heure et demie de route de Manasquan, dans le nord du New Jersey, pour fêter la suite de Noël en famille. Nous avons annulé car les conditions météorologiques annonçaient une tempête avec vents violents, verglas et chutes de neige. Nous n'avons pour notre part eu que les vents (très forts, les branches ont encore valsé et certaines villes côtières ont à nouveau été inondées dans certains quartiers); mais le nord du New Jersey a bel et bien eu son lot de conditions hivernales mercredi soir, qui se sont améliorées le lendemain.

Nous voilà donc en route pour Ridgewood, NJ, à 40 km au nord de New York City. Sans les parents de Joseph, qui  ont décliné l'invitation cordiale de la soeur d'Ada. Je passe sur les discussions pour les convaincre: c'est une fête de famille, il serait bon que tout le monde soit présent... Rien n'y a fait. C'est donc accompagnés de Christy et de son mari Simon que Joseph et moi allons dîner chez sa tante, Betty, adjointe au maire de la commune et présidente du Rotary local, et son mari, Quentin II, ancien maire de la ville et ingénieur-chef de projet.

Quentin, deuxième du nom, est le fils de Quentin, premier du nom. Quentin I, ou "Big Quentin", comme tout le monde l'appelle, est un jeune centenaire plein d'énergie. Ancien ingénieur, retraité depuis longtemps, il vit seul, joue au bridge, au golf et au bowling. Je précise: il y joue régulièrement.  D'après un article de journal qui lui était consacré pour ses 100 ans, son score moyen au bowling n'est jamais inférieur à son âge. Il est arrivé pimpant, élégant, le sourire aux lèvres. Et seul. Il conduit lui-même sa voiture; personne ne le véhicule. La grande classe. Et il a toute sa tête: il participe aux conversations avec humour et à propos. Un grand monsieur, en somme. J'ai ressenti comme un privilège de l'avoir rencontré ce soir. Rencontrer un centenaire, c'est déjà côtoyer l'histoire, mais un centenaire américain, c'est jubilatoire! Il a connu la Prohibition, la Dépression, Roosevelt, ...

Pat, mon beau-père qui a 80 ans, me racontait qu'il discutait l'an dernier avec Big Quentin de quelques problèmes de santé (arthrose, douleurs...). Quentin lui a dit: "oui, j'ai mal au bras, quelquefois quand je joue au golf [il avait 99 ans au moment de la discussion]. Je suis allé voir plusieurs médecins, mais aucun n'a su trouver la cause." Pat lui a alors demandé: " Et donc?" . Quentin lui a répondu: "J'ai arrêté de consulter, les douleurs sont parties toutes seules. Ça doit être l'âge". C'est pas beau, ça?

Parmi les trois cousin/e/s de Joseph qui devaient être là ce soir, seule Whitney était des nôtres. Whitney est doctorante en biologie, spécialisée en ornithologie. Ce qui la rapproche de la soeur de Joseph, docteur en biologie marine depuis cette année, spécialisée dans les escargots marins. (Comme dirait Joseph: "franchement, être docteur ès un truc qui n'intéresse personne, ça sert à quoi? Mais chut, ne lui dis pas" :-p). Whitney soutient sa thèse de doctorat en février prochain et a demandé à sa cousine, Docteur Christy Visaggi, donc, de venir y faire une mini-conférence. Julia, l'autre cousine, travaillait le jour du repas. Et Quentin III, surnommé "Q." pour le dissocier de Big Quentin et Quentin II, père, quant à lui, n'était pas disponible non plus. Il est avocat d'affaires à Manhattan, spécialisé en droit bancaire dans le cabinet d'avocats Shearman &Sterling, et est marié à Caroline (... professeur dans l'éducation spécialisée - le monde est petit!- à New York).

Enfin, oncle Buddy et son petit-fils Jake étaient aussi de la partie. Leur histoire n'est pas rose. Bud était marié à Vanda, la tante de Joseph décédée le jour où Joseph a pris l'avion pour la France en septembre dernier. C'est donc le premier Noël de Bud sans sa femme. Ils avaient deux fils: Ben et Tim. Tous deux sont décédés. Bud, Vanda et l'un de leur fils avaient emmené Joseph en croisière en Méditerranée à l'automne 2010. Joseph avait ainsi pu savourer sa première tournée européenne et se rendre notamment à Sorrento, ville proche du village de Sant'Agnello où le père de Joseph a ses racines familiales. C'est donc avec un peu de tristesse que Joseph a revu son oncle Bud, qu'il n'avait pas revu depuis cette croisière, à son grand regret.

Je n'oublie pas non plus Rocket parmi les invités, un magnifique croisé Pointer et Labrador noir et blanc, qui était très câlin et qui a su se faire apprécier de tous au cours de la soirée. Les caresses, les câlins, et en échange il est venu quémander du poulet pendant le repas auprès de tous. (NB : Je veux un pointerlab).

La soirée a été très cordiale. Nous avons pu apprécier de manger ensemble autour d'une table et rire autour de quelques anecdotes. Oncle Bud m'a beaucoup raconté ses voyages en France et en Europe, qu'il  a parcourues plusieurs fois dans sa vie avec Vanda. La vallée de la Loire, Strasbourg, la Bourgogne... Enfin quelqu'un qui ne me demande pas "Ah? Tu n'habites pas Paris?"!

Un repas de fête de famille chez des Américains prend souvent l'aspect d'un buffet chaud semi-improvisé. Des pilons de poulet panés et grillés, un gratin de pommes de terre à l'edam ou au cheddar fondu (référence aux origines hollandaises de Betty, Bud, et d'Ada), de la salade, un gâteau de Jelly/Jell-o VERT (je suis courageuse mais pas téméraire, je n'ai pas osé goûter, les autres ont pris ça en accompagnement des plats, mais j'ai réellement trouvé l'aspect écoeurant), des champignons farcis préparés par Pat, de l'Edam, du vin (bu indifféremment rouge/blanc, avant/pendant/après le repas), et en dessert un gâteau appelé Devil's cake (nom courant du gâteau au chocolat à plusieurs couches), mais celui-ci était recouvert d'une crème à la menthe et ça ressemblait exactement à ÇA:



J'ai goûté, pour être polie. J'ai appris avec Joseph à utiliser les white lies, très courants en Amérique. Moi qui suis franche du collier pour tout et avec tout le monde, j'ai du mal à m'y faire, mais ça rentre. Les white lies sont des petits mensonges de circonstance pour ne pas blesser les hôtes ou quiconque, en fait. Exemple, dire "Mmmmh, it's delllllllllllllllicious!" avec le sourire même quand vous trouvez ça dégueu. Ça fait partie du savoir-vivre américain. Moi quand j'aime pas, je le dis. C'est encore un coup à se retrouver avec du gâteau à la menthe à toutes les fêtes de famille, c't'histoire...

Ce post devait normalement être agrémenté de photos de famille prises ce soir-là par Betty. Mais à ce jour, elle ne les a toujours pas envoyées. Je ne retarde donc pas la publication du billet qui serait complètement hors période après les fêtes.

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