samedi 1 décembre 2012

Un sketch.

Souvent, on se demande où les humoristes vont trouver leurs idées de sketch. Pas loin, apparemment. L'observation des gens, le rapport ou les échanges qu'on a avec eux, sont visiblement des sources intarissables.

L'idée nous est venue hier soir avec Joseph de créer notre propre sketch suite au repas dans mon restaurant préféré.

Le responsable: notre serveur. Impayable. Au sens figuré, vu le nombre de maladresses. On espère pour lui pas au sens propre, car il aurait été viré sur le champ, c'est certain, si on avait demandé à parler au responsable au vu de son service (oui, aux Etats-Unis, les contrats, les droits des employés, les préavis, c'est aléatoire selon les professions. La porte, elle est là, et c'est immédiat).

A notre arrivée, comme toujours dans les restaurants ici: le serveur arrive aussitôt que vous êtes assis et prend la commande des boissons. Après ce premier passage (jusque là, il avait tout bon), commande des plats. S'en est suivie une longue attente (anormale aux Etats-Unis). La salade arrive la première, comme toujours ici  ("Soup or salad", et non "super salad" comme j'avais compris une fois). Point de nouvelle de mon verre de vin blanc commandé, attendu, tant espéré. Je regarde les tables des autres: ils ont tous une corbeille de pain. Je me dis qu'il faut peut-être le commander en plus? Je ne dis rien pendant qu'on grignote la salade, pour ne pas passer pour quelqu'un d'impatient pour qui jamais rien ne va (= une Française, en somme). Au bout d'un moment, je  demande à Joseph "t'as vu, les autres ont du pain, tu crois qu'il faut le commander?".

Il appelle le serveur (un jeune homme à qui je n'aurais peut-être même pas donné 18 ans, ou tout juste) et demande si le pain est un supplément à part. Bien sûr que non: cela fait partie des choses disposées immédiatement  sur la table pour vous faire patienter: du pain, du beurre, et des breadsticks (bretzel ou grissini).

Et là, réponse ubuesque, départ de notre scénario de sketch: "oh, you didn't ask for it, that's why" (oh, c'est parce que vous n'avez pas demandé). Plutôt que de s'excuser platement, c'est genre "ah, fallait le dire que vous veniez pour être servi".

On connaissait le sketch à la Bigard: "C'est pour dîner?' - "Non, du con, c'est pour faire un tennis!". Hé bien voilà, maintenant, vous aurez la version inverse: "Ah, vous voulez dîner, en fait, j'ai juste?".

Oubli réparé pour le pain arrivé après l'entrée, donc. C'est bête, j'ai fini ma salade.

Le vin...

Joseph, qui trouve toujours un tas d'excuses aux serveurs, me dit "il pense peut-être que tu veux ton verre avec le plat". J'attends.

(Vous avez déjà vu le sketch de Michel Courtemanche? Vous savez, quand il fait genre tout va bien avec un sourire niais, et après avec sa main, il mime un masque qu'on retire et là! Il bout à l'intérieur, il n'en peut plus. Ben c'était moi en attendant le verre de blanc.)

Bref. Le plat arrive.

Sans mon verre de vin.

Après quelques aller-retours du serveur, je l'interpelle. Deuxième réponse à mille points: "ah oui, le vin... vous ne risquez pas de l'avoir, je ne l'ai pas commandé au bar". Au moins c'est honnête. Mais ... Joseph en est resté baba.

Donc voilà, on peut décliner à l'infini le "you didn't ask for it":

- ben y'a pas de chaises?
- ah, vous avez réservé une table, mais vous n'avez pas demandé les chaises. Vous voulez des chaises? (vous noterez que cette réplique n'est qu'à demi-valable quand je suis avec Joseph).

- je mange avec mes doigts?
- Ah, vous vouliez des couverts? Vous n'avez pas précisé.

Version client, ça marche aussi. On a failli lui faire le coup, au serveur:

- L'addition, il faut que je la paye? C'est-à-dire que vous l'avez apportée mais vous n'avez pas précisé ce que je devais en faire.

- Ah, vous voulez un pourboire? Mais vous ne l'avez pas demandé!

Pour la petite histoire, son pourboire, il l'a eu... Bien obligé...

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