dimanche 2 septembre 2012

Wanted.


Mmmmmmmmmmmmmmmmmmm. 

J'en rêve...

J'ai fait la malheureuse expérience de goûter un croissant au Canada la semaine dernière. Après la première bouchée, j'ai tiré une drôle de tête: soit ils s'étaient trompés de croissant, car les "cheese croissants" étaient juste à côté, soit les croissants étaient bel et bien faits avec du beurre rance. Dans le doute, Joseph goûte. Verdict: "non, rien de surprenant par rapport au goût normal d'un croissant". Errrrrrrrrrr, wait a minute.... tu veux dire qu'un croissant, en Amérique, c'est ÇA? Il acquiesce. Pas étonnant qu'il n'a pas voulu les goûter en France. C'est maintenant que je le comprends. Et il confirme: "je me suis dit que si tous les croissants étaient aussi dégueulasses que ça, ce n'était pas la peine de me forcer à en manger en France". Waouh.

Afin de ne pas rester sur cette expérience (inutile de dire que je n'ai pas réussi à en manger une bouchée supplémentaire. C'était, comment vous le décrire, comme si un croissant industriel de la veille avait été préparé avec du babybel fondu dedans), je décide d'en acheter un autre le lendemain, en pensant que j'étais vraiment mal tombée. Le hasard a fait que l'hôtel servait des mini-croissants au buffet. J'en goûte un.... Toujours ce goût de rance et de franchement plus frais. Déception. Joseph me dit qu'il n'est pas surpris, pour lui c'est un croissant tout ce qu'il y a de plus normal. Je manque de m'étouffer (pas avec le croissant, ça risque pas, je ne l'ai pas terminé).

Je ne peux pas rester sur ma faim... Cette semaine, de retour aux Etats-Unis, je me suis donné pour objectif de trouver un "croissant frais" (oui oui, vous aurez remarqué, il y a des gens qui ont des missions ULTRA importantes dans la vie...). Le papa de Joseph est allé m'en chercher ce matin. Verdict: bien meilleur qu'au Canada, mais franchement sans aucune comparaison avec ceux de nos boulangeries. Je le qualifierais de croissant industriel, type celui que vous achetez à Auchan par dépit ou pour cause de boulangerie fermée. Mou et pas goûtu.

*soupir*

Quant au fromage, là je suis un peu mauvaise langue car les supermarchés ici regorgent de fromages européens, y compris de marques françaises que je ne m'attendais pas du tout à voir (Chavroux, Bridel, Président...). C'est juste que la maisonnée n'en consomme pas et que je ne veux pas leur empester leur frigo avec des fromages qui puent. Ils ont vraiment du mal avec ce concept. Pour eux, si ça sent fort, c'est que ce n'est pas consommable. Alors que pour moi, si ça ne sent rien, ce n'est pas du fromage (évidemment, j'exagère, mais c'est l'idée).

Nos conceptions culinaires et gustatives sont la source de nombreuses micro-incompréhensions qu'il nous faut expliquer pour éviter la crispation. Joseph ne supporte pas quand je dis d'un plat ou d'une préparation que ce n'est pas "du/des vrai(e)s " quelque chose. La mayonnaise sans moutarde (blanche, donc pour eux, avec écrit "Real Mayonnaise" dessus) a été notre premier choc des cultures. De la moutarde dans la mayonnaise, quelle idée, m'avait-il dit, en levant les yeux au ciel! De la mayonnaise sans moutarde, quelle idée, pour moi... Sans compter qu'ici, la mayonnaise ne se consomme pas avec des crevettes, des asperges ou des oeufs durs. Quand j'ai demandé de la mayo pour mes crevettes, le monde s'est arrêté de tourner quelques secondes, le temps que la demande soit comprise. "HUH? Mayo for the shrimps?????". Ben ouais, quoi! Ici, c'est exclusivement avec une sauce base tomate épicée que se consomment les crevettes. La mayo est réservée aux sandwichs ou salades (Macaroni salad, for example).

Autres points de divergences de ces dernières semaines: le goût de la mozzarella, la taille des spaghettis, le chili avec/sans poivrons.

Après avoir tourné le problème dans tous les sens, on en est venu à ma conclusion que nous, Français, sommes conditionnés par les appellations et les mots. En gros, on est psychorigide. Un plat porte un nom, si on change la recette en enlevant un ingrédient phare, ce n'est plus le plat en question, c'est une préparation qui ressemble. J'avoue volontiers être trop à cheval là-dessus, mais en même temps, ces appellations existent pour défendre l'authenticité d'un produit, d'où ma phrase récurrente "c'est pas du vrai qqch". Qui crispe énormément ici, ou à défaut, qui n'a aucun sens, car pour eux, si un produit existe, c'est qu'il est forcément vrai. C'est pas faux.

J'en viens à me demander si la chanson "Comme d'habitude" n'a pas été traduite "My way" suite à un imbroglio culinaire. "Je prépare le chili comme d'habitude?" - "No, I prefer it my way". Le Français est dans la tradition. L'Américain est dans l'arrangement. Explication toute personnelle évidemment.

Je me rends compte que j'aurais dû commencer ce blog l'été dernier, lors de mon premier séjour ici, car c'est à ce moment qu'ont eu lieu beaucoup de petites découvertes culturelles que je ne pense pas forcément à  faire partager ici puisque je les ai maintenant assimilées.

4 commentaires:

  1. A new York, il y a plein de Français installés qui ont créé de vraies boulangeries. Faut que tu en trouves une et que tu essaies, histoire de voir si eux aussi sont dans l'accomodation ! Si c'est le cas, tente le procès, surtt s'ils ne t'ont pas fait signer 4 feuilles pour se préserver ! hihi...

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    1. Et si je devenais la Jean-Pierre Coffe des restaurateurs et gérants de supermarché américains? Vais m'acheter une paire de lunettes ridicules, tiens. Ah non, je vais ressembler à Eva Joly...

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  2. lool

    tu m'a bien fait rire avec ton billet!
    il est vrai , j'aime énormément visualiser les scènes décritee et que ta tête devant un croissant -pour-de-faux, ben je l'ai clairement vue!
    Courage!
    c'est nous qu'on a not' bouffe à l'Unesco!

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    1. Je crois que je vais devoir déposer les droits d'auteur pour la tronche que je fais quand je bous à l'intérieur et que mon regard trahit tout. Cf. la prof d'IUFM qui m'avait captée un jour: "Mle Janot, quelque chose à dire? Je vois que vous n'êtes visiblement pas d'accord et que vous me lancez souvent ce regard de désapprobation. Allez-y, exprimez-vous, je vous écoute". Ben vaut mieux pas, contente-toi de mon regard!!!

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