samedi 20 octobre 2012

Balade du jour, bonjour.

Voulant profiter du soleil et des températures clémentes de cette fin octobre, nous sortons du domicile pour sillonner le pâté de maison et partir en quête de photos à prendre.

Dans la rue d'à côté, mon oeil est attiré par la palette de couleurs des arbres devant moi. Je m'arrête sur le côté de la route, choisis mon point de vue: un arbre aux feuilles rouges, avec un drapeau américain devant, et dans le fond, de l'autre côté de la rue, d'autres arbres aux nuances rouges, orange, jaunes et vertes illuminés par le soleil. Le temps de ranger mon appareil, un homme surgit de la maison à l'arbre rouge et au drapeau. Il est petit, gros, habillé en tenue du dimanche casual. Tout en avançant, il dit bien fort:

"Hey. Hey hey. Is that the new photographer from the neswpaper?".

OK.

Il est intrigué (énervé?) que j'aie pris une photo de son arbre et de son drapeau. Il traverse la rue, se présente à nous. S'ensuit un échange très... américain? Je ne sais pas comment le qualifier. J'aurais dû l'enregistrer et le vendre à un journaliste ou à un sociologue français.

Je vous mets son déluge de questions en français, histoire que tout le monde le comprenne. C'est essentiellement à Joseph qu'il s'adressait.

- Vous habitez ici?
- C'est quoi votre nom?
- Qu'est-ce que vous faites ici?
- Comment ça se fait qu'on ne s'est jamais rencontré avant?
- Vous êtes mariés? Vous avez l'intention de vous marier?
- Vous êtes chrétien? Moi je suis chrétien. Dieu est la lumière de ma vie. Je suis quelqu'un de droit, je suis marié, depuis 47 ans, j'ai 14 petits enfants.
- Vous faites quoi dans la vie?
- Comment vous gagnez votre vie?
- Vous gagnez bien votre vie?
- Vous conduisez?
- Ça vous dirait de travailler pour moi? Je peux vous faire gagner beaucoup, beaucoup d'argent. Des millions. Je recherche des gens.
- C'est quoi votre handicap? C'est arrivé comment? Et quand? Ah... Je suis sûr que vous trouvez ça injuste et  vous vous demandez comment un Dieu aimant peut laisser faire ça à des enfants si jeunes.

(Je précise que Joseph n'avait pas vraiment le temps de répondre entre chaque question. George- c'était son nom- s'ennuyait visiblement avec mémère à la maison et il a trouvé de quoi occuper son début d'après-midi).

A moi:

- Vous êtes sa mère? (------>>>>>  0_o   <<<<<<<-------)
- Vous aimez mon drapeau américain?
- Vous êtes là pour combien temps?

J'avais envie de lui demander si son Dieu si aimant et si parfait pourrait me filer un visa.

Il nous a développé toute sa stratégie de carrière et d'entreprise, comment il est devenu "christian" après la guerre du Vietnam, comment il était devenu riche et très demandé en business, en traversant le pays.

Celui-là, s'il ne vote pas pour Romney, franchement, c'est qu'y a un truc qui m'a échappé. J'étais même surprise qu'il ne demande pas à Joseph pour qui il votait.

On a eu un peu de mal à s'en dépatouiller, du George, qui  a insisté pour qu'on fasse appel à ses services si on voulait gagner beaucoup d'argent. Et d'ajouter: "vous savez, j'ai tout intérêt à ce que vous en gagniez, puisque c'est moi qui chaperonne ceux que je lance et que je gagne aussi de l'argent sur vos gains". Au moins, c'est clair. Il a rappelé deux fois que la porte était ouverte si on voulait en savoir plus.

OK George. Tu nous soûles, là.

Le reste de  notre balade s'est faite sur le thème de la religion. Je faisais remarquer à Joseph que l'échange que nous venions d'avoir rentrait pile poil dans le cliché du "In God We Trust" que nous avons en France. Ce à quoi Joseph m'a fait remarquer que cette mention n'a de fait été adoptée qu'en 1956. La raison en était qu'il fallait à tout prix se démarquer du communisme, courant qui promeut l'athéisme, à la différence des démocraties occidentales qui se revendiquaient leurs héritage chrétien. Je pensais vraiment que cette devise datait de la fondation des Etats-Unis. Il précise surtout que leur Constitution mentionne la liberté de religion, comme chez nous, ce qui signifie que les gens devraient en principe, comme chez nous, avoir le réflexe républicain de passer sous silence leur appartenance religieuse en public. Mais c'est loin d'être le cas.

Et cela me choque, car bien que je sache cela, je suis souvent décontenancée quand un inconnu me demande quelle est ma religion, car souvent le sous-entendu est: "j'espère bien que tu es chrétienne et donc dans le droit chemin, sinon, ma pauvre, je te propose de te le montrer." J'ai mal à mon cartésianisme, à mon agnosticisme et à ma laïcité.

Ne plus jamais tourner à droite au bout de la rue quand on est à pied... Leçon du jour.

4 commentaires:

  1. Vous êtes sa mère? (------>>>>> 0_o <<<<<<<-------)

    LOOOOOLLL

    faut que tu fasses quelque chose là!


    comment, pas intéressée par du business pyramidal?^^

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  2. La vallée de manasquan lol y en a partout des clients lol ;))

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